5 questions sur l’open banking

Par La rédaction | 25 octobre 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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questions, decision making or uncertainty concept – a pile of colorful crumpled sticky notes with question marks

La plupart des grandes institutions financières mondiales se disent prêtes à investir dans l’open banking au cours des trois prochaines années, révèle un récent sondage d’Accenture. Conseiller s’est entretenu à ce sujet avec Patrick Raimondi, directeur général, Services financiers, de la firme.

Terme récent, l’open banking désigne le fait de « permettre à des acteurs tiers de se connecter aux services d’une banque de façon simple et standardisée afin de développer leurs propres applications », selon la définition du cabinet de conseil français OCTO Technology.

Afin de comprendre en quoi cette nouvelle approche est intéressante pour le secteur du conseil en produits et services financiers, Conseiller a posé cinq questions à Patrick Raimondi, directeur général, Services financiers, d’Accenture Stratégie.

Conseiller : En quoi l’open banking est-il intéressant pour les institutions financières?

Patrick Raimondi : En amont, ce système permet à des particuliers d’autoriser l’accès à leurs données financières à des tiers non bancaires, comme des sociétés de technologie financière et d’autres entreprises technologiques, qui peuvent ainsi rehausser l’expérience bancaire de leurs clients. Également applicable en aval, il donne aux banques l’occasion d’offrir des produits financiers prêts à l’emploi à des tiers, notamment des détaillants et des sociétés de technologie financière, dans le but d’attirer de nouveaux clients. L’open banking en amont, qui prévaut actuellement sur le continent européen, est encadré par des réglementations, en particulier la deuxième Directive européenne sur les services de paiement (DSP2).

En Amérique du Nord, l’open banking n’est en revanche pas réglementé, c’est-à-dire que les banques sont libres de l’instaurer ou non, en plus d’avoir carte blanche quant au moment et à la manière de le faire. Sur la base d’une récente enquête qu’elle a menée, Accenture s’attend à ce qu’un grand nombre d’établissements bancaires adoptent ce système afin de mieux se démarquer, non seulement des sociétés de technologie financière, mais aussi d’autres institutions financières qui ont su investir dans la révolution numérique. Aujourd’hui, le Canada est un lieu particulièrement propice à l’open banking. En effet, les autorités réglementaires du pays ont clairement indiqué qu’elles sont attentives à ce qui se passe en Europe et qu’elles envisagent sérieusement d’instaurer des réglementations comparables à celles en vigueur sur le Vieux Continent.

C : Comment l’open banking permet-il de concurrencer les sociétés de technologie financière?

PR : Il peut contribuer à améliorer l’expérience bancaire des consommateurs grâce à l’intégration de renseignements et de services provenant de tiers. Des études montrent que les services bancaires ne manqueront pas d’évoluer au même titre que les applications iPhone, qui ont facilement incorporé les liens Google Maps et l’accès par identification digitale.

Nous savons aussi que la concurrence est appelée à s’intensifier dans l’environnement bancaire, les entités non bancaires cherchant à investir un secteur autrefois fermé et intégré verticalement du point de vue des chaînes de valeur. Dans ces conditions, le « jardin clos » des banques ne peut que s’ouvrir, ce qui fera émerger beaucoup d’occasions d’affaires, mais générera également de nouvelles menaces. Tout le monde a les yeux rivés sur la concurrence qui existe entre les différentes sociétés de technologie financière, mais la rivalité la plus sérieuse pourrait bien opposer les grands noms de la technologie, comme les GAFA [Google, Apple, Facebook et Amazon], qui disposent déjà de plateformes et de modèles d’engagement client auxquels il suffit d’ajouter des services financiers.

Notre enquête a montré que 63 % des banques d’Amérique du Nord considèrent l’open banking comme un moyen essentiel de tenir tête aux nouveaux concurrents, en particulier les sociétés de technologie financière et les géants du secteur de la technologie. À leurs yeux, ce nouveau concept les aidera à « rester dans le coup » et à ne pas se laisser distancer par la concurrence. Les dirigeants de banques que nous avons interrogés ont aussi indiqué qu’ils comptent investir dans des projets liés à l’open banking principalement pour réduire leurs coûts et faciliter l’accès client aux produits et services financiers qu’ils proposent.

C : N’y a-t-il pas de risques en matière de cybersécurité et de confidentialité des données des clients?

PR : La plupart des dirigeants sondés par Accenture s’entendent pour dire que l’open banking ressemble davantage à une belle occasion qu’à une menace. Ils sont toutefois 50 % à s’inquiéter en effet d’un risque accru en matière de fraude et de cybersécurité. Les banquiers européens se disent particulièrement préoccupés par cet aspect de la question, et plus de 60 % d’entre eux pensent même que l’open banking fragilisera la protection des données. Ce nouveau concept se trouve donc à mi-chemin entre risques et occasions. Mais en procédant à une mise en place adéquate, les banques pourront en tirer parti pour prospérer, maintenir leur bassin de clientèle et préserver leur marque.

C : De quelle façon les données sont-elles protégées?

PR : L’échange de données entre une banque et un tiers est préservé au moyen d’interfaces de programmation d’applications (API). Il s’agit de codes informatiques protégés, grâce auxquels des sociétés de technologie financière peuvent combiner leurs services avec ceux d’une institution financière. Aujourd’hui, les API ouvertes sont partout, puisqu’on les retrouve du bouton PayPal d’un site Web à l’application de localisation permettant d’appeler une pizzeria sans en chercher le numéro.

L’Open Banking Standard, qui est un projet de normalisation, doit s’enchâsser dans toute une série d’exigences juridiques et réglementaires, notamment la loi britannique sur la protection des données (Data Protection Act), la loi sur la concurrence américaine, le droit de propriété intellectuelle et la Directive européenne sur les services de paiement.

C : Quels types de données sont partagées? Avec qui et comment?

L’open banking permet à un consommateur d’autoriser l’accès sécurisé à ses données financières auprès d’une institution bancaire ou d’un tiers en vue de faciliter le transfert de fonds, la comparaison de produits ou encore la gestion de son compte, et ce, sans aucune intervention de la banque. La recommandation générale sur l’Open Banking Standard stipule que les données destinées à des tiers, notamment l’information sur les produits, les services et les opérations client, doivent être transmises par l’intermédiaire d’API, dans un cadre sécurisé et contrôlé.

Par « tiers », on désigne notamment un détaillant, une société de technologie financière ou une autre banque. Par exemple, dans la foulée d’un achat auprès d’un cyberdétaillant, l’open banking et une quelconque API pourraient permettre à un particulier de vérifier le solde de sa carte ou de son compte bancaire à même le site du détaillant, sans avoir à le quitter pour ouvrir une session dans une application bancaire traditionnelle.

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