À quoi ressemblera le monde de l’assurance de demain?

Par La rédaction | 13 septembre 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Près d’un assureur sur deux dans le monde a déjà noué un partenariat avec une InsurTech, mais la majorité des professionnels du secteur estime que ces dernières constituent une menace pour leur prospérité, selon une étude publiée en juillet par PwC.

Ils sont 56 % des assureurs de la planète à juger que la version assurance des FinTech risque de leur faire perdre 20 % de leur chiffre d’affaires, assure le rapport Global InsurTech Report: Insurance’s new normal, driving innovation with InsurTech (en anglais seulement), tandis que 20 % d’entre eux croient même que cette perte potentielle pourrait représenter jusqu’à 40 % de ce montant.

Face à ce phénomène, le secteur ne reste pas les bras croisés, puisque 45 % des compagnies d’assurance mondiales affirment avoir déjà noué un partenariat avec une InsurTech, comparativement à 28 % l’an dernier. Un résultat qui, selon PwC, « démontre une accélération de la transformation digitale » en cours au sein de l’industrie à l’heure où 94 % de ses acteurs reconnaissent que « l’engagement client et une meilleure connaissance des risques sont aujourd’hui les tendances les plus importantes en matière d’innovation ».

LES ASSUREURS TRADITIONNELS SE TRANSFORMENT

Plus de la moitié (52 %) des assureurs croient cependant que l’innovation doit devenir un élément central de leur stratégie, montre l’enquête, même s’ils identifient celle-ci comme étant une menace. Dans ce contexte, poursuit la firme, « ils perçoivent et comprennent désormais mieux les avantages que les activités des InsurTech peuvent apporter à leur secteur », notamment en matière de développement de produits et de services, d’augmentation de la base de données clients et d’optimisation des capacités analytiques.

« De plus en plus, les compagnies d’assurance sont en train de réaliser le potentiel que recèlent les InsurTech. Si les assureurs peuvent utiliser l’IA et le data analytics pour aider leurs clients à éviter les sinistres, tout en proposant les services réactifs qu’ils attendent d’autres secteurs, ils seront à même de transformer l’image de l’assurance auprès des clients », relève Pauline Adam-Kalfon, directrice du secteur de l’assurance chez PwC.

En outre, l’étude souligne que les assureurs qui s’associent souvent avec des acteurs innovants semblent « plus actifs que ceux du secteur des services financiers » et « davantage en position de surveillance et de réponse aux FinTech ». Toutefois, 63 % des professionnels interrogés se disent préoccupés par la question de la réglementation et de la protection des données personnelles quand ils collaborent avec des start-up.

ET SE DEMANDENT COMMENT IMPLIQUER LEURS CLIENTS

« Il ne fait aucun doute que les assureurs sont aujourd’hui préoccupés par les nouveaux acteurs du secteur qui menacent une part de leur chiffre d’affaires. De plus, la réglementation et la culture d’entreprise constituent toujours des freins pour certains quand il est question de s’associer avec des acteurs innovants », commente Pauline Adam-Kalfon.

Bien que seuls 16 % et 25 % des assurés utilisent des applications mobiles ou des sites web pour interagir avec leur assureur, le secteur s’interroge quant à la meilleure façon d’impliquer les clients tout en leur proposant des produits qu’ils désirent et qui répondent à leurs besoins réels, note PwC. Quelque 84 % des compagnies sondées prévoient ainsi que l’analyse de données sera le principal domaine de leur activité à bénéficier d’investissements d’ici à la fin de 2018, tandis que 58 % d’entre elles pensent investir dans la technologie mobile.

Le succès des investissements technologiques et de l’association avec les InsurTech dépend néanmoins d’un élément clé, souligne le cabinet de conseil, à savoir « la transition vers un modèle davantage axé sur la prévention », c’est-à-dire aider les clients à éviter les accidents, ainsi que sur « la possibilité de souscrire des polices d’assurance à la demande et à la carte ».

LES BÉNÉFICES DE L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE

Si l’on en croit PwC, l’émergence de technologies de data analytics devrait également permettre aux assureurs de se concentrer sur les opportunités offertes par l’Internet des objets (IoT). En effet, explique la firme, l’intelligence artificielle « libérera du temps pour les professionnels expérimentés qui pourront ainsi travailler sur des décisions plus complexes, nécessitant une réflexion en profondeur ». Un avantage indéniable quand on sait que 87 % des assureurs déclarent avoir des difficultés à recruter et à fidéliser des talents dotés des compétences adéquates pour innover.

Dans ce contexte, les assureurs cherchent aujourd’hui « à acquérir des start-up, à s’associer avec des partenaires innovants et à encourager les projets d’open innovation auprès de leurs collaborateurs afin d’attirer les talents de demain », note l’étude. « Toutefois, qu’il s’agisse de s’associer avec des start-up ou d’en faire l’acquisition, ou encore d’encourager l’innovation en interne, les compagnies d’assurance doivent trouver un moyen d’intégrer les avantages des InsurTech à leur pratique quotidienne », insiste Pauline Adam-Kalfon.

L’étude de PwC aborde par ailleurs la question de la blockchain, qui « représente de nombreux avantages pour les assureurs ». En effet, détaille le document, cette technologie fournit l’occasion d’« automatiser les processus de déclaration des sinistres, de réaliser des économies et de proposer des avantages aux consommateurs », en plus de « rationaliser les données et de conférer davantage de visibilité et de contrôles aux souscriptions ». En outre, la blockchain permet de « regrouper et répartir les risques ou les pertes liées aux catastrophes, permettant ainsi un contrôle, une compréhension et une transparence des expositions et des processus de déclaration de sinistres accrus ».

LA BLOCKCHAIN, TENDANCE LOURDE EN INNOVATION

Signe que les professionnels de l’assurance ont bien saisi l’intérêt de la blockchain, la moitié d’entre eux (50 %) la considèrent désormais comme une tendance lourde en matière d’innovation, alors qu’ils étaient seulement 17 % l’an dernier à penser cela. Autre indice qui ne trompe pas, 81% d’entre eux se disent maintenant familiarisés avec cette technologie et s’attendent à une adoption massive dans l’ensemble du secteur. Cependant, alors que la totalité des assureurs prévoient l’intégrer dans leur système de production d’ici à 2021, seuls 8 % y investiront cette année. « Le rythme d’investissement devra donc s’accélérer considérablement pour atteindre l’objectif de 100 % prévu dans cinq ans », note PwC.

« Nous sommes ravis de constater que les assureurs augmentent leurs investissements en faveur de la blockchain et qu’ils manifestent un intérêt à s’associer avec des start-up afin de tirer le meilleur parti de ces potentialités », conclut Marie-Line Ricard, associée PwC France et Afrique francophone et responsable du Blockchain Lab.

La rédaction