Actionnaires, activistes et en quête de dividendes

Par La rédaction | 4 juillet 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Après s’être attaqué à certaines grandes sociétés américaines telles que Apple, Pepsi ou Yahoo!, des groupes d’actionnaires activistes en quête de gros dividendes jettent maintenant leur dévolu sur le Vieux Continent, rapporte l’Agence France-Presse.

« Aucune entreprise n’est à l’abri de cet activisme », estime Gregory Taxin, directeur du cabinet de conseil Spotlight Advisory, cité par l’AFP. De son côté, l’avocat d’affaires David Katz, de chez Wachtell, Lipton, Rosen Katz, juge que ces « trublions » sont intéressés par les « compagnies qui ont beaucoup de cash mais ne l’ont pas reversé aux actionnaires ».

Selon l’agence de presse, la dernière cible visée par ces « investisseurs aux poches pleines qui disent vouloir redonner le pouvoir aux actionnaires par rapport aux dirigeants d’entreprises » serait la firme Nestlé. La preuve? La semaine dernière, le milliardaire américain Daniel Loeb a révélé qu’il détenait l’équivalent de 3,5 milliards de dollars d’actions du géant de l’agroalimentaire et l’a invité à vendre sa participation dans L’Oréal afin de stimuler son cours en Bourse ainsi que la rémunération des actionnaires.

EN QUÊTE DE RENDEMENTS RAPIDES

D’autres activistes américains figurent également dans le capital de multinationales, relève l’AFP. C’est par exemple le cas de Nelson Peltz, qui détient, par l’entremise de son fonds d’investissement, une participation dans le producteur français de produits laitiers Danone, ou encore de Paul Singer, qui possède des parts dans le groupe sud-coréen Samsung et la minière australo-britannique BHP Billiton grâce à son fonds Elliott Management,.

Et tous recherchent la même chose, c’est-à-dire des rendements « rapides en exigeant des directions des entreprises des économies, des cessions d’actifs ou des programmes de rachats d’actions », explique l’agence de presse. Celle-ci ajoute que lorsqu’ils n’obtiennent pas satisfaction, ces investisseurs activistes ont l’habitude « d’engager des bras de fer très médiatisés qu’ils finissent souvent par remporter ».

Près de 3 000 campagnes d’activistes ont ainsi été recensées aux États-Unis depuis 2010, dont 645 pour la seule année 2016, et ce, dans la plupart des secteurs de l’économie, détaille le cabinet FTI Consulting, cité par l’AFP. Toutefois, comme « le marché américain est devenu saturé, cela incite certains activistes à chercher des occasions ailleurs », constate Andrew Freedman, codirecteur du groupe chargé de conseiller ce type d’investisseurs au sein du cabinet d’avocats new-yorkais Olshan Frome Wolosky.

L’EUROPE EST UN BON TERRAIN DE CHASSE POUR EUX

Une autre raison qui les attire est que le Vieux Continent est en général un bon « terrain de chasse », puisque nombre de grands groupes qui y sont établis ne disposent pas des moyens de dissuader efficacement les prédateurs potentiels, selon Dan Zacchei, l’un des responsables de la firme Sloane Company, spécialisée dans ce domaine. « Beaucoup d’entreprises européennes ont des mesures de défense fragiles et peuvent de facto être favorables aux activistes », soutient-il.

Ceux-ci « souhaitent agir en coulisses, mais n’excluent pas de porter les différends sur la place publique si une entreprise ne veut pas discuter ou examiner les changements qui lui sont préconisés », détaille Andrew Freedman, repris par l’AFP. À la différence de ce qui s’est passé aux États-Unis, ces investisseurs aux poches bien remplies risquent cependant de devoir affronter certains écueils sur le sol européen, prévoit pour sa part Dan Zacchei, qui pense que « le plus difficile pour eux sera la communication, notamment quand il s’agira de gagner la confiance des fonds de pension locaux ».

La rédaction