Actions canadiennes : rendement et précaution en 2011

Par Vikram Barhat | 11 janvier 2011 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Nous revoilà revenus à la saison où les spécialistes en placements y vont chacun de leur revue de l’année passée et de leurs pronostics pour la nouvelle. En substance, voici comment ils appréhendent 2011 en ce qui concerne les actions canadiennes.

Les gestionnaires de placements sont confiants à l’égard des perspectives des actions en 2011. Toutefois, leurs projections de vigoureux rendements sont assorties d’un bémol.

« Toute prévision s’appuie sur le passé, déclare Tim Caulfield, vice-président et directeur de la recherche sur les actions, Gestion de placements Bissett. Les deux dernières années étaient marquées par une extrême volatilité, mais les marchés boursiers ont nettement repris le dessus depuis mars 2009. »

Entre son sommet et son plancher, le marché boursier a perdu environ la moitié de sa valeur. Avec la reprise, il se trouve aujourd’hui pratiquement au même niveau que son sommet précédent, en 2008.

M. Caulfield admet que la plupart des titres sont actuellement, à peu de chose près, cotés à leur juste valeur. Mais il envisage avec optimisme un profil de rendement plus proche de la norme. « Si les gains potentiels ont été largement écrémés par la vigoureuse reprise du marché, nous entrevoyons malgré tout des perspectives de rendements honnêtes pour l’avenir », dit-il.

Étant donnée la corrélation entre les marchés canadien et américain, certains experts établissent leurs projections sur les actions canadiennes en fonction de la situation outre-frontière. Britt Doherty, directeur principal de portefeuille, Gestion d’actifs Scotia, a les yeux rivés sur les tendances courantes aux États-Unis.

« Si la Réserve fédérale maintient de faibles taux d’intérêt afin de stimuler la croissance économique [des États-Unis] et y parvient, à un moment donné, en 2011, le marché obligataire sera inévitablement déserté, affirme-t-il. Si cette tendance se précise, nous pourrions assister à un exode des capitaux obligataires au profit du marché boursier. »

Il n’est pas étonnant que M. Doherty privilégie les secteurs sensibles au cycle économique plutôt que ceux sensibles aux taux d’intérêt. « J’accorde une surpondération aux titres des secteurs de l’énergie, des matériaux de base, des produits industriels et des technologies. En revanche, les services publics, les télécommunications et les soins de santé, davantage tributaires des taux d’intérêt, sont sous-représentés, explique-t-il. Cette position est probablement plus avantageuse à ce stade du cycle puisqu’il reste en principe quelques années de manœuvre pour permettre une amélioration de la croissance et des bénéfices. »

Caterina Prato, vice-présidente et portefeuilliste à Placements AGF, affirme qu’une hausse des taux d’intérêt au cour de l’année qui vient est susceptible de déclencher un changement d’orientation où les investisseurs se tourneront vers les actions au détriment des obligations. « Si le gouvernement continue à engager des dépenses (en 2011), il serait naturel d’assister à une augmentation des taux, déclare Mme Prato. On pourrait alors en déduire que les actions seraient préférables aux obligations. Dans un tel contexte, nous envisageons d’excellentes occasions pour les fonds. »

Cet optimisme prudent se retrouve également dans la dernière édition des Perspectives des gestionnaires de placements, publiée par Investissements Russell, où 77 % des gestionnaires de placement reconnaissent un excellent potentiel aux actions canadiennes.

« Bien que le Canada ne soit pas à l’abri des difficultés économiques — particulièrement si la reprise aux États-Unis continue d’accuser un retard —, nos solides ressources représentent manifestement un actif précieux avec la remise en marche de l’économie mondiale », déclare Sadiq S. Adatia, chef des placements xhez Investissements Russell Canada.

Si le raffermissement du marché boursier canadien est indéniable, certains risques persistent. M. Adatia met en garde contre les écueils qui pourraient surgir. « La crise budgétaire en Grèce ne fait plus les manchettes, et les gestionnaires de placements pensent peut-être que l’absence de nouvelles est une bonne nouvelle. Toutefois, nous croyons que toute l’ampleur de la crise n’a pas encore été dévoilée et nous prévoyons que les marchés européens connaîtront d’autres reculs, comme en témoignent les récentes nouvelles négatives pour les banques d’Irlande. »

Les événements comme la crise européenne sont aggravés par les fluctuations des devises qui en découlent. Selon Mme Prato, la conjugaison de ces facteurs peut provoquer de la volatilité et faire douter de la pertinence d’investir ou non.

M. Caulfield, qui mise particulièrement sur le potentiel de rendement normalisé à long terme du marché, abonde tout à fait dans ce sens. « La possibilité de catastrophes et de bouleversements existera toujours, ajoute-t-il. Ce ne sont pas les exemples qui manquent depuis une dizaine d’années. Que ce soit aux États-Unis ou en Europe, nous sommes confrontés à des problèmes fondamentaux qu’il faut régler, et cela prendra un certain temps. »

Tout compte fait, la perception générale est que le marché boursier canadien a résisté à la pire tourmente de son histoire. Si l’on en juge par la conjoncture actuelle, il semble prêt à prendre son envol, mais il vaut mieux bien vérifier où l’on met les pieds avant d’avancer.

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Vikram Barhat