Aequitas veut décourager le courtage à haute vitesse

Par Rémi Maillard | 2 juillet 2014 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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La Bourse Aequitas, un projet de nouveau marché d’actions canadien appuyé par plusieurs sociétés de premier plan au pays, prévoit lancer quatre portefeuilles de négociation, rapporte La Presse canadienne.

Baptisé Neo, l’un d’eux comprendra un « ralentisseur » et d’importants frais pour décourager les stratégies de courtage à haute vitesse (CHV), tandis que les trois autres se concentreront sur divers aspects du courtage, avec des frais variables.

Aequitas a été créée en juin 2013 par la Banque Royale, le géant des télécommunications BCE, Barclays, le gestionnaire canadien de fonds de retraite Investissements PSP et un certain nombre de maisons de courtage canadiennes et internationales.

L’objectif affiché est d’en faire une concurrente à la Bourse de Toronto et aux autres marchés détenus par le Groupe TMX.

Délais aléatoires et frais de transaction élevés

Dans un document déposé à la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario (CVMO), Aequitas indique que son portefeuille Neo imposera des délais aléatoires et des « frais de transactions non économiques » pour décourager le CHV.

Certains observateurs du monde de la finance ont dénoncé cette pratique qui générerait une volatilité artificielle sur les marchés parce qu’elle utilise des ordinateurs pour adopter certains comportements, comme le courtage exploratoire, dans lequel de petits ordres sont effectués pour voir où les gros joueurs vont s’engager.

Aequitas fait valoir que les investisseurs traditionnels sont désavantagés par les marchés qui offrent leurs services aux courtiers à haute vitesse afin de générer des revenus.

D’après la société, la Bourse Neo Aequitas vise à décourager cette stratégie « prédatrice » en privilégiant des interventions ajustées et ciblées, plutôt qu’une approche de type « taille unique pour tous ».

Elle dit espérer que sa proposition de technologie et de structure de marché améliorera la qualité du marché en le rééquilibrant à la faveur des investisseurs à long terme et autres.

« Valoriser plutôt que discriminer et tromper »

La nouvelle Bourse entend créer un carnet d’ordres « hybride » pour que certains prix offerts ou demandés ne soient pas rendus publics, tandis que l’accès aux échanges pourrait être restreint dans certains cas.

Cette méthode irait cependant à l’encontre des règles de la CVMO, qui fait valoir que les marchés doivent être transparents et offrir un juste accès aux opérations.

Pour sa défense, Aequitas affirme que sa structure vise à empêcher les « pratiques prédatrices » et non à établir un accès inégal aux investisseurs.

Si elle obtient toutes les approbations réglementaires requises, la nouvelle entité pourrait être opérationnelle dès la fin de l’année.

« Nous construisons la Bourse de l’avenir en utilisant un nouveau plan audacieux qui offre une approche pleine de bon sens vis-à-vis du courtage et de la levée de capitaux », assure Joe Schmitt, président et chef de la direction d’Aequitas Innovations.

Elle utilisera la technologie « pour valoriser et libérer plutôt que pour discriminer et tromper » et récompensera « ceux qui investissent en fonction de stratégies saines plutôt que ceux qui exploitent les failles structurelles », conclut-il.

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Rémi Maillard

Journaliste multimédia. Santé, environnement, société, finances personnelles. Également intéressé par les affaires publiques, les relations internationales, la culture… Passionné de cyclisme.