Affaire Kerviel : un nouveau témoignage change la donne

Par La rédaction | 20 mai 2015 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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L’affaire Jérôme Kerviel est en train de se transformer en un scandale impliquant directement la Société Générale, voire en une « affaire d’État », rapportent plusieurs médias français.

C’est le témoignage de la policière chargée de piloter ce dossier particulièrement critique à la brigade financière qui est à l’origine de cette tempête.

Interrogée le 9 avril dernier par un juge d’instruction du pôle financier sur les dysfonctionnements qu’elle avait constatés lors de ses enquêtes menées entre 2008 et 2012, la commandante Nathalie Le Roy lui a fait des révélations qui pourraient forcer la justice française à rouvrir l’enquête.

« Son activité était connue »

Lors de son audition, celle-ci lui a en effet déclaré que les patrons de Jérôme Kerviel à la Société Générale étaient au courant des agissements du courtier. Publié dimanche par le site Médiapart (payant), le procès-verbal de la fonctionnaire de police est sans équivoque. Elle y affirme notamment que « la hiérarchie de Jérôme Kerviel ne pouvait ignorer les positions prises par ce dernier ».

Elle précise aussi que la direction a été alertée, entre autres, par un courriel « avec une tête de mort pour attirer son attention ».

Ce témoignage remet en cause les accusations de Société Générale, qui a toujours soutenu que son ex-employé avait agi seul et que ses supérieurs ignoraient tout de ses placements à hauts risques (qui ont rapporté 1,4 milliard d’euros à la banque en 2007, avant de lui occasionner une perte de 6,3 milliards l’année suivante).

La banque épargnée… pour l’instant

Jusqu’à présent, souligne Libération, la justice pénale française s’est refusée à incriminer l’institution financière et seule la Commission bancaire, chargée d’assurer la discipline dans le secteur, l’a condamnée à une amende de quatre millions d’euros (5,5 millions de dollars) pour la qualité insuffisante de ses contrôles internes.

Pour mémoire, Jérôme Kerviel a été définitivement condamné en 2014 à une peine de trois ans de prison ferme (dont il a purgé six mois, avant d’être libéré avec l’obligation de porter un bracelet électronique).

En revanche, les dommages et intérêts de 4,9 milliards d’euros (6,7 milliards de dollars) obtenus par la Société Générale en première instance puis en appel ont été annulés par la Cour de cassation pour cause de « fautes », en l’occurrence un défaut de vigilance de son employeur, rappelle Libération.

La « fin de l’affaire Kerviel »?

Dans une entrevue accordée à l’hebdomadaire L’Express, Jérôme Kerviel a estimé que « non seulement ce témoignage fait sauter la banque en démasquant sa version officielle, mais il provient de la personne la plus au fait de l’affaire ».

Pour l’ex-courtier, la déclaration de Nathalie Le Roy, « qui connaît le dossier comme personne », met « fin à l’affaire Kerviel » et signe « le début de l’affaire Société Générale ». La rédaction vous recommande :

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