AMF : les cinq priorités de Mario Albert

Par Anaïs Chabot | 18 mai 2011 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Mario Albert, président-directeur général de l'Autorité des marchés financiers

Le nouveau président-directeur général de l’Autorité des marchés financiers (AMF), Mario Albert, a énoncé les objectifs qu’il s’est fixés pour son mandat lors d’une allocution prononcée le 18 mai au Cercle de la finance internationale de Montréal. Conseiller.ca a assisté à l’événement, au cours duquel le successeur de Jean St-Gelais prenait la parole devant les médias pour l’une des premières fois depuis sa nomination.

Devant une salle comble réunie au Mount Stephen Club, Mario Albert a d’abord tenu à faire le point sur l’évolution de l’AMF depuis sa création de celui-ci, en 2004. Pour lui, la fusion de cinq organismes en vue d’en faire un guichet unique était un projet ambitieux, mais « l’Autorité a largement atteint les objectifs fixés au départ », estime-t-il.

Mario Albert se fixe cinq objectifs à atteindre d’ici la fin de son mandat en 2016, tous dans le but de consolider encore plus le régulateur financier.

1- Faire « la vie dure aux fraudeurs » Tout d’abord, il souhaite poursuivre les efforts de répréhension des fraudes et des scandales financiers. Il veut amener l’AMF à développer une expertise encore plus grande, à améliorer les équipes spécialisées qui sont déjà en place, à augmenter les effectifs, etc. Selon M. Albert, le Québec se démarque du reste du Canada en ce qui concerne les actions prises contre les fraudeurs. Cependant, cette priorité amène un défi important, celui d’engager plus de procureurs afin que tous les cas soient amenés devant les tribunaux, ce qui n’est pas le cas présentement. La complexité des marchés financiers complique également les choses, puisque l’AMF devra mettre en place de nouvelles équipes d’observation, notamment pour tout ce qui concerne les fraudes internet. En bref, l’AMF va « continuer à faire la vie dure aux fraudeurs ».

2- Éducation financière : toucher plus de gens Pour Mario Albert, « un investisseur bien informé devient un peu un allié pour l’AMF ». Il a affirmé que, selon un sondage commandé par l’AMF, 80 % des Québécois avaient affirmé qu’ils ne risquaient pas une fraude financière, alors que 50 % estimaient qu’un rendement de 2 % par mois (27 % par année) était réaliste. Le défi pour l’AMF est donc de stimuler l’intérêt du public pour la chose financière. « Les gens prennent au moins deux semaines pour magasiner une auto. Mais ils pensent qu’en deux heures, un 28 février, ils peuvent régler tout ce qui touche leurs investissements! », a illustré le nouveau PDG de l’AMF. Pour lui, l’Autorité doit donc rejoindre plus de gens, en organisant notamment des activités à plus grande échelle.

L’Autorité va donc continuer dans la même voie que celle privilégiée au cours des derniers mois, soit notamment de continuer à diffuser des publicités à la télévision et de mener à bien des projets dans les médias traditionnels (comme cela a été fait avec Gesca et Argent). Mais Mario Albert ne nie pas l’importance des médias sociaux et, selon lui, l’AMF doit mettre au point une stratégie afin de bien les utiliser. Il veut également créer des partenariats avec l’industrie, afin que l’AMF puisse faire passer son message éducatif quand les gens sont en situation d’achat.

3- Un régulateur encore plus intégré Mario Albert affirme que la récente crise financière a mis en relief le niveau d’intégration des différents secteurs de l’industrie des secteurs financiers, comme par exemple les valeurs mobilières et l’assurance. Pour lui, le fait que l’AMF mette en place des mesures intégrées constitue un avantage. « C’est un atout important, sur lequel il faut construire, affirme-t-il. Il faut aller encore plus loin. »

4- Collaborer davantage avec l’industrie Le PDG de l’AMF souhaite travailler davantage avec l’industrie des services financiers. Parce que, selon Mario Albert, si l’AMF veut encore mieux communiquer avec l’industrie, elle doit mieux l’écouter afin de la comprendre. Il veut donc nouer davantage de relations. Il ne craint pas que cela ouvre la voie à de potentiels conflits d’intérêt, étant donné l’existence du code d’éthique auquel sont soumis les employés de l’Autorité .

5- Une organisation « forte et agile » Le nouveau PDG de l’AMF souhaite notamment accroître l’expertise des équipes en place et régler le problème de pénurie de main-d’œuvre que vit l’organisme et qui touche certains secteurs de l’organisme (actuariat, produits dérivés et plaintes).

Nommé le 16 février dernier à la tête de l’AMF, Mario Albert travaille au sein de l’organisme depuis 2007. Il a d’abord été surintendant de la distribution, puis responsable des communications et des activités de recherche et de vigie. Il était, depuis 2010, responsable des services d’assistance à la clientèle. Cet économiste de formation était, avant son entrée à l’AMF, sous-ministre adjoint à la politique budgétaire et à l’économique au ministère des Finances du Québec.

Anaïs Chabot