Applications mobiles : un paradis pour les escrocs

Par Didier Bert | 2 mars 2023 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Le monde des applications mobiles est un fantastique terrain de jeu pour les arnaqueurs, dont les pratiques se sont raffinées pour duper les investisseurs.

Les faux conseillers en services financiers ne viennent plus frapper à la porte des particuliers pour leur vendre de faux placements. Les escrocs appâtent désormais les consommateurs dans leurs propres téléphones, en utilisant des applications mobiles qui facilitent comme jamais la relation directe entre le prédateur financier et sa victime.

Certains prédateurs financiers utilisent les applications mobiles pour manipuler les investisseurs, rapporte Investment News, en citant le cas de Steven M.Gallagher, un escroc américain reconnu coupable de fraude boursière.

Cet utilisateur de Twitter avait envoyé des milliers de tweets pour encourager les investisseurs à acheter des actions… qu’il avait lui-même acquis peu de temps avant ses publications. Il avait ainsi provoqué des achats massifs de ces actions, poussant leur prix à la hausse, ce qui lui avait permis de revende ses propres actions au prix fort.

Ce genre de fraudes est une menace réelle sur les réseaux sociaux les plus utilisés, comme Twitter, Instagram et TikTok. D’abord, le nombre de cibles potentielles y est plus élevé. Mais aussi, ces réseaux sociaux sont très utilisés par les jeunes investisseurs, qui sont plus enclins à se passer des conseils financiers sur une base traditionnelle, telle que la rencontre physique avec un conseiller. Enfin, la surveillance de telles pratiques est plus ardue pour les régulateurs.

Cette difficulté à surveiller les pratiques frauduleuses explique aussi le nombre grandissant de fausses représentations. Dans le passé, le faux conseiller qui venait frapper à la porte de particuliers pouvait présenter une fausse carte d’affaires.

Aujourd’hui, le prédateur financier a un site Internet ressemblant à ceux d’institutions financières ou de cabinets de services financiers qui sont dûment enregistrés auprès des régulateurs. L’escroc prétend sur son site qu’il est lui aussi enregistré : quelle proportion d’investisseurs ira vérifier l’inscription, alors qu’on les invite à se dépêcher d’engranger des rendements fabuleux – mais illusoires.

Au fond, quelle que soit l’arnaque, l’enjeu est celui de l’adéquation entre les besoins de l’investisseur et la proposition de placement. Par définition, l’escroc n’a aucune considération pour les objectifs financiers de sa cible, ni pour sa tolérance au risque : le prédateur stimule à outrance l’appât du gain, en offrant une réponse d’apparence prometteuse.

Et, comme dans le passé, lorsqu’un faux conseiller financier venait toquer à la porte, de telles propositions doivent encore et toujours être analysées au travers de ce filtre : si c’est trop beau pour être vrai, c’est que ce n’est pas vrai.

Didier Bert

Didier Bert est journaliste indépendant. Il collabore à plusieurs médias sur les thèmes de l’économie, des finances et du droit.