Après les fonds et indices islamiques, les chrétiens

Par Ronald McKenzie | 3 mai 2010 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Photo : samuraitop / 123RF

Les questions d’éthique et de religion occupent de plus en plus la sphère publique. Au cours des dernières années, la presse financière a souvent traité de la création de fonds ou d’indices islamiques. En Europe, la firme Stoxx vient de lancer le Stoxx Europe Christian Index. Cet indice boursier, basé sur les valeurs chrétiennes, permettra aux investisseurs de foi chrétienne de faire des placements en ayant l’esprit en paix.

Présenté comme une première en Europe, le Stoxx Europe Christian Index regroupe 533 sociétés européennes qui respectent les doctrines morales et sociales du christianisme. Pour en faire partie, les entreprises ne doivent pas tirer leurs revenus des activités des industries de la pornographie, du tabac, de l’alcool, des jeux de hasard, de l’armement et de la contraception.

À cette liste, il faut ajouter des critères de protection de l’environnement. Un comité indépendant, formé d’experts, de représentants de la communauté chrétienne et du Vatican, est chargé de séparer le bon grain de l’ivraie.

Parmi les entreprises qui composent le Stoxx Europe Christian Index, on retrouve BP, HSBC, Nestlé, Royal Dutch Shell, Sanofi-Aventis, BNP Paribas et France Télécom.

Stoxx a indiqué que l’indice, lancé officiellement le lundi 27 avril en Suisse, a été créé pour répondre à la pression croissante exercée par certains investisseurs.

Si cet indice est une première en Europe, le concept n’est pas neuf. En 1998, le FTSE KLD Catholic Values 400 Index, « indice catholique », était créé pour les sociétés américaines, alors que son pendant islamique voyait le jour en 1999.

Au Canada, la Bourse de Toronto a présenté en mai dernier l’indice S&P/TSX 60 Shariah. Cet indice offre un portefeuille comparable au S&P/TSX 60 « tout en respectant des critères précis de sélection en fonction de la loi islamique », peut-on lire dans le communiqué de Standard & Poor’s annonçant la venue du nouvel indice.

Le S&P/TSX 60 Shariah exclut donc les sociétés proposant des produits et services qui contreviennent à la loi islamique. Les titres de sociétés dont les activités sont liées à l’alcool, au divertissement, aux services financiers, aux produits du porc et au tabac sont ainsi exclus de l’indice. Parmi les 25 compagnies qu’on y trouve figurent EnCana, Research In Motion, Potash Corp, Barrick Gold, Suncor Energy et Petro-Canada.

Notons que quelques fonds communs éthiques canadiens proposent une philosophie de placement qui s’approche des préceptes chrétiens. L’un des plus connus, ISR Summa Investors, investit dans des sociétés canadiennes qui ont adopté des normes et des pratiques progressistes à l’égard de l’environnement, des droits de la personne et d’autres questions sociales. De plus, ces entreprises ne doivent pas tirer le gros de leurs revenus du commerce de l’alcool, du tabac, des jeux de hasard, de la pornographie ou des systèmes d’armes stratégiques.

Ronald McKenzie