Assurance soins de longue durée : explosion de la demande en vue

Par David Santerre | 1 octobre 2010 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
5 minutes de lecture

L’explosion à prévoir de la terrible maladie d’Alzheimer dans les prochaines décennies créera inévitablement chez vos clients un besoin accru de produits d’assurance soins de longue durée.

C’est du moins ce qu’affirme le réassureur La Munich, qui a tenu son deuxième congrès sur l’assurance soins de longue durée le 30 septembre dernier à Montréal.

Citant un récent sondage commandé par l’Association médicale canadienne, La Munich rappelle que quatre Canadiens sur cinq croient que le vieillissement de la population et la pression que cela exercera sur le système de santé se répercuteront négativement sur le niveau de services de santé pour les aînés.

72 % des répondants ont indiqué qu’ils ne croyaient pas qu’ils auraient suffisamment de ressource pour se maintenir en santé advenant une telle réduction du niveau de soins de santé offert par l’État, et conséquemment, 40 % se sont dit prêts à acheter de l’assurance privée pour palier cette dégradation.

Plusieurs troubles liés au vieillissement peuvent rendre vos clients admissibles à des prestations d’assurance soins de longue durée. Par exemple, quand les gens perdent la capacité d’effectuer certaines activités quotidiennes jugées nécessaires à la vie, comme se laver, s’habiller, s’alimenter, se déplacer, gérer sa continence et utiliser les salles de bain seules.

Mais la condition la plus terrible ouvrant la porte à ces prestations, c’est la déficience cognitive.

On entend par là ces terribles mots que jamais nous ne voudrions prononcer au sujet d’un proche, démence, ou maladie d’Alzheimer.

Selon La Munich, les produits d’assurance soins de longue durée, qui existent depuis les années 1990, sont méconnus par les conseillers d’abord, et par voie de conséquence, par le public.

Et pour que les courtiers puissent eux même bien sensibiliser leurs clients à l’importance de l’assurance soins de longue durée, La Munich estime qu’il est important qu’ils comprennent bien eux même les réalités de la maladie d’Alzheimer, de ceux qui en souffrent mais aussi des aidants naturels.

C’est à ce propos que l’on a invité comme conférencier le Dr Tim Meagher, directeur médical de La Munich et directeur exécutif associé aux affaires médicales du Centre universitaire de santé McGill.

Il a expliqué que la maladie d’Alzheimer représentait un défi de taille pour notre société vieillissante.

« Ce qu’on entend par démence, c’est la dissension au niveau cognitif, l’aphasie ou la difficulté à parler, la difficulté à faire des mouvements normaux, agnosie, des problèmes de fonctions effectives ou les choses qu’on fait tous les jours. Bref, quand la routine quotidienne est atteinte », explique le Dr Meagher.

C’est une maladie du monde industrialisé qui n’existait pas dans le passé, et pour laquelle toutes sortes de théories plus ou moins farfelues ont été avancées pour en expliquer la recrudescence. On a parlé de la gourmandise, de la paresse, et même de la préparation de la viande, a raconté le Dr Meagher.

Mais selon lui, une seule raison explique l’explosion de la maladie d’Alzheimer. « C’est assez simple. Grâce à notre système de santé publique et à notre niveau de vie, nous vivons plus longtemps qu’avant. Il n’est pas inhabituel de se rendre jusqu’à 80 ou 90 ans. Nous avons de plus en plus de centenaire. La maladie d’Alzheimer survient avec l’âge, autour de 80 ans généralement. La seule explication donc, c’est la démographie », explique-t-il.

Mais la maladie peut tout de même se présenter plus tôt.

« Les gens les plus à risque de démence sont ceux qui ont plus de 65 ans. Mais ça peut même commencer à partir de 45 ans. Les personnes qui se retrouvent entre 50 et 75 ans dans les maisons de soin longues durées y sont surtout pour cause de démence », poursuit le médecin.

Ainsi, un pour cent des canadiens âgés entre 60 et 65 ans en souffrirait. Au delà de cet âge, c’est une personne sur 11.

Les causes facteurs de risqué connus sont l’histoire familiale. Les risques d’en souffrir sont de presque une sur trois si un proche parent a reçu un diagnostic de démence. Les risques sont décuplés si ce proche en a souffert jeune. Il y a aussi les diabétiques, ceux qui souffrent d’un taux de cholestérol élevé et les fumeurs dont le niveau de risque est aussi plus élevé.

Il semblerait qu’un haut niveau d’éducation, à l’inverse, protège contre les effets de la démence.

« On peut différer le jour où on va développer les problèmes de démence. Il faut faire travailler ses méninges pour ça. Mais personne n’est à l’abri », déplore le Dr Meagher. Ce sont les proches de ces gens qui voient le plus leur vie chamboulée quand la terrible maladie frappe.

« C’est tout un fardeau. En 2008, 231 millions heures de soin ont été prodiguées au Canada par les familles de gens souffrant d’Alzheimer. On prévoir que ce sera 750 millions en 2038. »

Les pourvoyeurs de soins sont en premier lieu les conjoints, ce qui n’est pas idéal parce qu’ils sont eux aussi âgés, en général, puis viennent les filles, qui souvent ont un boulot, des enfants et une vie chargée, puis les belles-filles.

« Les fils eux, ils s’occupent de l’aspect financier qu’impliquent ces soins », blague, à moitié, Tim Meagher.

Un problème qui pourrait justement être atténué par une bonne couverture en soins de longue durée, croit La Munich.

David Santerre