Banque ou coopérative : Desjardins ne veut pas refaire le débat

Par La rédaction | 4 mars 2016 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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La présidente du Mouvement Desjardins, Monique F. Leroux.

« L’âme de Desjardins est désormais celle d’une banque », estime un représentant des membres de la caisse de Saint-Ambroise-de-Kildare, dans une tribune publiée hier par Le Devoir. L’institution financière estime de son côté que le débat est clos.

Signée par Marc-André Houle, la lettre d’opinion utilise le cas de cette petite localité de la région de Lanaudière, où les membres de la caisse ont mené « une lutte au cours des derniers mois afin de protéger et conserver leurs services », pour critiquer le mode de fonctionnement du Mouvement.

« Ce dossier date de plusieurs mois, il n’y a là rien de nouveau et nous n’avons pas l’intention d’entrer dans cette polémique », répond André Chapleau, conseiller stratégique en relations de presse au sein du Mouvement.

Marc-André Houle affirme néanmoins que les événements qui se sont déroulés à la caisse de Kildare en août dernier ont entaché une assemblée générale extraordinaire des membres de six localités regroupés au sein de la caisse. « Nous, membres de la caisse de Kildare, (…) sommes bien placés pour témoigner de la manière dont fonctionne la démocratie chez Desjardins, principe supposément cardinal de l’institution », écrit-il.

« UN EXERCICE TRÈS FRUSTRANT »

Cette assemblée, qui devait procéder à un vote sur la destitution de l’ensemble du conseil d’administration, favorable à la fermeture de deux centres de services décidée par la direction locale du Mouvement, aurait en effet été entravée par « diverses manœuvres ».

Ainsi, dénonce Marc-André Houle, « tout au long du processus, le conseil d’administration en place a pu compter sur l’appui ainsi que sur les ressources de la direction de la caisse de Kildare, en plus de l’appui et des ressources de la haute direction de Desjardins ».

En outre, « les employés du siège social de la caisse ont notamment été mobilisés pendant leurs heures de travail afin de faire campagne en faveur du CA auprès des épargnants » et « lors de l’assemblée, les règles dites de régie interne, garantes de la démocratie de Desjardins, ont avantagé les membres du conseil en place ».

Au total, résume le représentant des membres, « tout cet exercice fut donc très frustrant du point de vue de la démocratie » et « le CA, la direction et les employés de Desjardins Kildare ont utilisé tous les moyens possibles pour arriver à leurs fins ». Son opinion? Dans cette affaire, le Mouvement « a agi comme le font les pires citoyens corporatifs ».

ALBAN D’AMOURS C. CLAUDE BÉLAND

Et contrairement à ce que proclame un ancien président de l’institution financière, Alban D’Amours, dans une récente lettre ouverte publiée dans la presse, il est faux de prétendre que « l’âme de Desjardins est toujours vivante », poursuit Marc-André Houle.

Dans ce document, l’ex-dirigeant écrivait notamment : « Les caractéristiques du modèle [coopératif] n’ont pas changé. Il se distingue toujours du modèle d’affaires des banques à charte par son modèle de propriété collective, sa gouvernance démocratique et sa logique d’affaires qui en est une de service et inscrite dans une proximité attentive aux besoins des membres et à l’accessibilité aux services financiers. »

Or, Marc-André Houle ne voit dans cette missive qu’« une réponse directe à un autre ancien dirigeant de Desjardins, Claude Béland, qui critique (…) les transformations qui ont cours au sein de la coopérative et affirme (…) que Desjardins a perdu son âme, notamment en ce qui concerne le fonctionnement de l’institution (qui, à son avis, se fait de plus en plus sur le mode des banques) et le traitement qui est réservé au simple épargnant en regard du respect des principes d’équité et d’égalité ».

DES DÉCISIONS « MALHEUREUSEMENT NÉCESSAIRES »

« Claude Béland et Alban D’Amours ont émis des opinions, nous avons déjà répondu à ces critiques dans le passé. On ne veut pas entretenir ce débat inutilement. Desjardins est ce qu’il est. Desjardins s’adapte aux nouvelles habitudes de consommation de ses membres, comme cela se fait dans l’ensemble de l’industrie », soutient André Chapleau.

« Nous n’échappons pas à la tendance, justifie le porte-parole. Et aujourd’hui, nous constatons que l’immense majorité de nos transactions se font par voie électronique. Les fermetures de caisses sont des décisions qui sont prises localement par des gens qui procèdent à des analyses rigoureuses de la fréquentation de leurs points de services et qui prennent des décisions certes difficiles, mais parfois malheureusement nécessaires. »

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