Bénéfique, le régime supplémentaire du RRQ

Par Émile Blondin, collaboration spéciale | 11 janvier 2021 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Des bras d'hommes et de femmes d'affaire, le pouce en l'air.
bien, bravo, super

Depuis 2019, les Québécois peuvent cotiser davantage au Régime de rentes du Québec (RRQ) grâce à la bonification des taux de cotisation. Les jeunes travailleurs ont tout intérêt à en profiter puisque le retour du balancier pourrait être très fructueux.

Le Régime de rentes du Québec est un régime auquel l’employeur et le travailleur cotisent à parts égales. On parle ici de 5,70 % pour les salariés ou de 11,40 % pour les travailleurs autonomes. Ce pourcentage est retenu sur les revenus des travailleurs jusqu’à concurrence du maximum des gains admissibles (MGA) qui est de 58 700 $ en 2020. Donc, que le salarié gagne 90 000 $ ou 58 700 $, le montant versé au RRQ sera le même, soit 3 146 $. Ce calcul prend compte de l’exemption de 3 500 $ qui n’est pas touchée par le 5,70 %. Lors de la retraite, le montant de la rente qui sera reçu correspond à 25 % du MGA moyen. L’objectif du RRQ est de couvrir lors de la retraite 25 % du revenu si la rente est demandée à l’âge de 65 ans.

Toutefois, le régime supplémentaire propose de bonifier les taux de cotisations, ce qui aura une incidence importante sur le retrait des rentes à la retraite. Ce régime supplémentaire comporte deux phases.

La première phase consiste à faire augmenter le taux de cotisation du salaire sous le MGA jusqu’à ce qu’il atteigne le seuil de 1 % en 2023. Par la suite, un taux de cotisation de 4 % sera ajouté pour les 2 années suivantes pour la portion se situant entre le MGA et le nouveau plafond, que l’on nommera Maximum supplémentaire des gains admissibles (MSGA).

La deuxième phase permet d’augmenter graduellement le 25 % de remplacement du revenu jusqu’à 33,33 %. Une personne qui commence à cotiser dès maintenant et qui a un salaire supérieur au MGA pourra cotiser davantage, recevoir des prestations en proportion de sa cotisation et ainsi bénéficier du taux de remplacement de 33,33 %.

À première vue, ce n’est pas tous les travailleurs qui se réjouissent de l’augmentation des cotisations au RRQ. Toutefois, les jeunes travailleurs devraient voir cela comme une excellente occasion de stimuler l’épargne et du coup, les revenus à la retraite.

On compte un nombre trop important de personnes qui ne bénéficient pas des régimes complémentaires de retraite et c’est un facteur qui a amené le RRQ à effectuer ces changements. Ces cotisations représentent donc de l’épargne forcée supplémentaire. Il s’agit du meilleur moyen de mettre de l’argent de côté pour les personnes moins disciplinées financièrement. De plus, le régime supplémentaire va permettre de bonifier la rente du conjoint survivant ainsi que la rente d’invalidité.

Les personnes qui prennent actuellement leur retraite ne pourront malheureusement pas tirer avantage du régime bonifié pour la simple raison qu’elles n’y ont pas participé.

Pour celles qui sont déjà sur le marché du travail depuis quelques années et qui comptent prendre leur retraite plus tard, elles pourront profiter du nouveau régime en fonction du prorata des cotisations qu’elles auront versées dans la période entre 2019 et leur retraite.

Les grands gagnants seront les jeunes travailleurs qui amorcent leur vie active. Ces derniers pourront profiter de l’entièreté des bonifications s’ils cotisent pendant au moins 40 ans. On parle ici d’une augmentation de près de 50 % de la prestation de retraite maximale du régime, ce qui est énorme.

Il est aussi important de comprendre que ce régime sera beaucoup plus rentable que le régime de base. En effet, chaque dollar qui sera déposé dans le régime supplémentaire permettra un jour d’en retirer davantage que ce qui nous est proposé aujourd’hui.

Toutefois, certains diront que les grands perdants de cette bonification sont les travailleurs autonomes. Comme mentionné ci-haut, ces derniers sont responsables de verser eux-mêmes la cotisation de la partie employeur. Une telle augmentation des cotisations peut sembler élevée au fil des années.

De plus, contrairement à beaucoup de salariés qui voient leur employeur participer à 50 % au régime, un travailleur autonome se doit de verser la participation de l’employeur ainsi que celle de l’employée du RRQ, ce qui lui enlève un pouvoir d’épargner et de cotiser à son CELI ou REER.

Ce texte a été publié dans le cadre de la série Place à la relève!, qui met en valeur les trois meilleurs travaux universitaires d’étudiants du cours « Planification de retraite : aspects financiers », donné dans le cadre du certificat en planification financière de l’Université du Québec à Trois-Rivières. Émile Blondin est finissant au baccalauréat en administration des affaires, profil Planification financière.

Émile Blondin, collaboration spéciale