Bientôt une cryptomine à Matane?

Par La rédaction | 26 février 2018 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Pas moins de cinq investisseurs anonymes envisageraient d’installer une mine de bitcoins dans une ancienne cartonnerie de Matane, fermée depuis 2012.

Deux des entrepreneurs auraient même déjà visité la ville, ainsi que l’ancienne usine RockTenn, dans laquelle ils envisagent d’installer des centaines d’ordinateurs conçus spécialement pour miner des cryptodevises, rapporte La Presse.

Il n’est pas possible pour l’instant de savoir si des Chinois font partie des investisseurs intéressés. Toutefois, en janvier dernier, Montréal International rappelait que les entreprises intéressées à installer des mines de bitcoin au Québec sont souvent asiatiques, notamment chinoises. Il faut dire que la Chine serre la vis aux mineurs de cryptomonnaies, notamment en restreignant la quantité d’énergie que ces entreprises utilisent et en augmentant leurs tarifs d’électricité.

LA TERRE PROMISE

À l’inverse, le Québec apparaît donc comme la terre promise grâce à l’abondance et au faible coût de son électricité. Hydro-Québec a un surplus d’environ 100 terawattheures sur dix ans. Le tarif d’électricité au Québec peut descendre aussi bas que 2,45 cents américains (3,10 cents canadiens) le kilowattheure, pour les entreprises obtenant le tarif L, réservé aux industries les plus énergivores. Un avantage important pour les installations de minage de bitcoins, dont les plus grosses peuvent consommer jusqu’à 300 mégawattheures d’électricité.

De plus, le réseau de télécommunications est moderne au Québec et le cadre juridique avantageux. Même le froid jouerait en notre faveur, puisqu’il permet aux mineurs de pousser leurs équipements informatiques au maximum, sans craindre une usure prématurée.

Hydro-Québec aurait reçu des centaines de demandes pour de tels projets, donc certains, effectivement, pourraient consommer entre 200 et 300 mégawattheures, soit 40 à 60 fois plus que le Centre Bell.

« Si ces projets se concrétisent, ce sera parmi les 20 plus grands clients au Québec », soutient Marc-Antoine Pouliot, porte-parole d’Hydro-Québec, en entrevue avec La Presse.

MAXIMISER LES RETOMBÉES

Reste que pour l’instant, seulement cinq cryptomines existent au Québec. Hydro-Québec avance donc très prudemment. La société d’État admet que son délai de réponse est plus long que d’habitude. Elle songerait même à hausser les tarifs d’électricité pour ces mines, en raison du volume de demande et pour maximiser les retombées pour le Québec.

Cette perspective inquiète le maire de Matane, déjà ébranlé par la décision d’Hydro-Québec de sabrer dans la filière éolienne en raison de surplus d’électricité.

Selon lui, il est difficile de comprendre qu’Hydro sabre dans la filière éolien en arguant de surplus d’électricité, et mette sur pied de vastes projets d’exportation d’électricité, tout en laissant quand même entendre que nous pourrions manquer d’électricité pour alimenter les mineurs de bitcoins.

Du côté d’Hydro-Québec, on rappelle que l’utilisation d’électricité par ces mines est permanente, ce qui empêche l’énergie éolienne de répondre à la demande, puisque cette dernière est intermittente.

D’autres villes du Québec, comme Baie-Comeau (Bitfarms) ou la banlieue de Montréal (Technologies D-Central), ont ou auront bientôt leur propre mine de bitcoins.

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