BMO : une campagne qui fait tiquer

Par Christine Bouthillier | 25 février 2020 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Homme d'affaires qui doute.
Photo : bowie15 / 123RF

Une campagne marketing faisant actuellement la promotion d’un certificat de placement garanti (CPG) de BMO soulève des interrogations. Plusieurs intervenants y voient un risque que les clients soient induits en erreur.

C’est le CPG au nom évocateur de « Multiplicateur de profit de BMO » qui suscite certains commentaires. Il s’agit d’un billet de dépôt à terme variable assorti d’un versement d’intérêt annuel garanti de 0,5 %. Son rendement est lié à celui de l’indice S&P/TSX banques, soit l’indice pistant les institutions financières canadiennes.

Le hic? BMO soutient dans sa campagne que le placement « pourrait doubler votre argent en aussi peu que cinq ans ».

CONFUSION EN VUE?

Même si la formulation sous-entend qu’un tel rendement est une possibilité et non pas une certitude[1], certains joueurs de l’industrie en déplorent l’utilisation, jugeant qu’elle pourrait donner de faux espoirs aux épargnants.

« La publicité est sûrement légale, mais un peu moins éthique. […] J’ai l’impression que les clients ordinaires vont croire à une certaine promesse… », soutient le formateur en déontologie financière Michel Mailloux, interrogé par Conseiller.

Même son de cloche du côté de l’Autorité des marchés financiers (AMF), à laquelle nous avons soumis le cas sans spécifier de quel produit ni de quelle institution financière il est question.

« Il n’y a rien d’illégal comme tel d’indiquer qu’un produit pourrait permettre d’atteindre jusqu’à deux fois le montant investi. Cela est possible comme cela peut s’avérer non concluant. Du côté de l’Autorité, nous mettons toujours en garde les consommateurs devant ces approches tape-à-l’œil », indique Sylvain Théberge, porte-parole de l’AMF.

Il invite plutôt les consommateurs à se poser les vraies questions : ce produit correspond-il à mon profil d’investisseur? Est-il conforme à mes objectifs, à mon plan? Quelle tolérance au risque ce produit m’impose-t-il?

PIERRE-YVES MCSWEEN SCEPTIQUE

Le comptable professionnel agréé Pierre-Yves McSween s’est également penché sur cette campagne lors d’une chronique au 98.5 FM. Lui aussi sourcille devant les arguments de la BMO.

« Le placement pourrait doubler? Je suis un peu sceptique. C’est comme si je te disais « achète un billet de loterie, tu pourrais gagner le gros lot ». Est-ce que ma phrase est vraie? Oui. Mais si je te dis « achète un billet de loterie, y a de bonnes chances que tu perdes », c’est plus réaliste. […] Mais ce ne serait pas vendeur. »

La BMO a décliné notre invitation à répondre à ces commentaires, les personnes responsables du dossier n’étant pas disponibles dans le délai prescrit.


[1] À noter qu’une note de bas de page sur le site web de la BMO précise que « le potentiel de doubler vos placements sous le billet de dépôt est incertain et est basé sur le rendement des cours de l’indice de référence ».

Christine Bouthillier

Titulaire d’un baccalauréat en science politique et d’une maîtrise en communication de l’Université du Québec à Montréal, Christine Bouthillier est journaliste depuis 2007. Elle a débuté sa carrière dans différents hebdomadaires de la Montérégie comme journaliste, puis comme rédactrice en chef. Elle a ensuite fait le saut du côté des quotidiens. Elle a ainsi été journaliste au Journal de Montréal et directrice adjointe à l’information du journal 24 Heures. Elle travaille à Conseiller depuis 2014. Elle y est entrée comme rédactrice en chef adjointe au web, puis est devenue directrice principale de contenu de la marque (web et papier) en 2017, poste qu’elle occupe encore aujourd’hui.