Bourses : 2016 ne sera pas de tout repos

Par Pierre-Luc Trudel | 1 février 2016 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Entre la chute des marchés boursiers et une économie canadienne plombée par l’effondrement du prix du pétrole, les investisseurs doivent s’attendre à une année 2016 des plus mouvementées.

C’est du moins ce qu’ont laissé entendre Stéfane Marion, économiste et stratège en chef à la Banque Nationale, François Dupuis, vice-président et économiste en chef au Mouvement Desjardins, et Vincent Delisle, directeur principal, stratégie de portefeuille à la Banque Scotia lors d’une conférence organisée mercredi par CFA Montréal.

Du côté des marchés boursiers canadiens, les trois experts ont des avis assez divergents. Alors que Stéfane Marion prévoit que le TSX atteindra les 15 000 points en fin d’année, soit une hausse d’environ 20 %, François Dupuis est beaucoup plus pessimiste et estime que l’indice phare de la Bourse de Toronto continuera de sous-performer en 2016, avec une croissance de seulement 1 %. Vincent Delisle se range entre les deux et entrevoit le TSX à 13 500 d’ici un an, ce qui représente une hausse d’un peu plus de 8 %.

Les écarts sont moins marqués pour le marché boursier américain. À la fin de 2016, le S&P 500 va atteindre 2150 points (13 %) selon Vincent Delisle, 2 100 points (11 %) selon Stéfane Marion et environ 2 000 points (5 %) selon François Dupuis.

Les trois experts s’entendent également sur une légère hausse du dollar canadien dans une fourchette de 0,71 à 0,77 $US.

LES ÉTATS-UNIS SE PORTENT BIEN

« Il est faux de dire que l’économie américaine va bientôt vivre un ralentissement. À 27 mois, le cycle est encore jeune », soutient Stéfane Marion, qui se montre très optimiste.

Plusieurs facteurs permettent effectivement d’être confiants : hausse de l’emploi, bas taux de chômage, reprise de la formation de ménages et inflation faible, entre autres. L’économiste estime que le PIB américain connaîtra une hausse de 2 % cette année, face à une croissance mondiale d’environ 3 %.

Vincent Delisle note toutefois que cette embellie de l’économie américaine ne s’applique pas au secteur manufacturier, qui demeure dans une situation précaire.

LE CANADA VIT DES JOURS DIFFICILES

Au Canada, le cours actuel du pétrole rendra difficile une accélération de la croissance, croit François Dupuis. La plupart des analystes ont d’ailleurs revu à la baisse leurs prévisions de croissance pour 2016.

« Ce n’est pas évident de passer à une économie diversifiée, cela pourrait prendre de 2 à 5 ans », prévient-il.

L’économiste constate également que les entreprises sont moins confiantes et se montrent frileuses à l’idée d’investir. En revanche, il entrevoit des opportunités dans le secteur des exportations hors énergie. Même si en 10 ans, le Canada a perdu 5 % de sa part de marché dans les exportations aux États-Unis, la demande étrangère continuera de soutenir le marché de l’exportation, croit-il.

Du côté de la politique monétaire, François Dupuis estime que des taux négatifs ne sont « pas impossibles » si le prix du pétrole continue de se maintenir à un niveau aussi faible.

L’économie québécoise, pour sa part, ne pourra pas croître de plus de 2 % dans les prochaines années en raison du choc démographique. Desjardins prévoit une croissance du PIB de la province de 1,3 % en 2016 et de 1,6 % en 2017.

Dans une telle conjoncture, comment favoriser la prospérité? En rehaussant la productivité, encourageant l’entrepreneuriat et misant sur la formation de la main-d’œuvre et des immigrants, affirme François Dupuis.

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Pierre-Luc Trudel