Brexit : les banques pourraient bénéficier de certains privilèges

Par La rédaction | 23 mars 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Rendering of a waving flag of the United Kingdom with accurate colors and design.

Les régulateurs européens pourraient épargner de longues procédures aux banques basées à Londres qui décideront de transférer leurs activités dans la zone euro après le Brexit, qui sera officiellement lancé le 29 mars, rapporte Reuters.

Citant « deux responsables au fait du dossier », l’agence de presse indique que la Banque centrale européenne a reçu plusieurs demandes de la part d’institutions financières désireuses de se placer sous sa supervision et lui demandant de pouvoir bénéficier de procédures accélérées.

La BCE se dit prête à « renoncer à un examen de certains modèles financiers que les grandes banques de détail et d’investissement utilisent notamment pour évaluer le risque de défaut sur des prêts hypothécaires ou sur des produits dérivés, tant que ces établissements répondent déjà aux normes fixées par les régulateurs britanniques », précise Reuters.

RÉDUIRE LES RISQUES DE PERTURBATIONS

Selon les responsables interrogés par l’agence, une telle décision, si elle se concrétise, obéirait davantage à des considérations pratiques plutôt que politiques. En effet, un allégement de la procédure permettrait de réduire les risques de perturbations dans le secteur financier après que le Royaume-Uni aura quitté l’Union européenne (UE).

« Les ressources sont limitées. Nous trouverons une façon de mettre en œuvre ces procédures rapidement. Le système financier européen veut continuer à fonctionner », a expliqué l’un des responsables. Reuters estime que la dispense accordée par la BCE permettra d’accélérer les transferts d’activités des banques et « contribuera à redessiner une Europe financière au profit de Francfort, Paris, Luxembourg et Dublin ».

Richard Gnodde, directeur général pour l’Europe de Goldman Sachs, a par ailleurs annoncé hier que la firme allait prochainement commencer à transférer « des centaines de collaborateurs » hors de Londres, et ce, avant même la conclusion d’un accord entre le Royaume-Uni et l’UE sur le Brexit. « Nous allons commencer à mettre en exécution nos plans de secours. Pour cette première période (…), on parle de quelques centaines de personnes tout au plus », a-t-il a déclaré à la chaîne d’informations CNBC.

OÙ GOLDMAN SACHS DÉMÉNAGERA-T-ELLE?

Selon Reuters, John Gnodde a expliqué à CNBC que la principale inconnue, aujourd’hui, était la manière dont s’organiserait la période de transition de deux ans qui va s’ouvrir à la fin du mois et durant laquelle se dérouleront les tractations entre Londres et l’UE. « Comme on ne peut pas compter [sur des arrangements transitoires], il nous faut avoir nos plans de secours, et c’est ce qu’on commence à mettre en œuvre », a-t-il affirmé.

Dans un premier temps, le groupe recrutera de nouveaux employés sur le continent, puis il transférera certains de ses collaborateurs hors de la City, le tout en investissant dans ses infrastructures et technologies pour préparer la période post-transition, a ajouté Richard Gnodde. Le dirigeant a néanmoins refusé de dire quel pays européen profitera de ces changements : « Le résultat final dépendra de l’issue des négociations et de ce que nous serons obligés de faire à cause de la tournure qu’elles auront prise. Mais quel que soit le scénario, quelle qu’en soit l’issue, Londres restera pour nous un centre régional très important et un centre mondial tout aussi important. »

Les autres grandes banques internationales présentes au Royaume-Uni, dont HSBC, UBS et JP Morgan, envisagent elles aussi de délocaliser certaines de leurs activités sur le Vieux Continent, explique de son côté La Tribune. Le quotidien économique souligne que la sortie du pays du marché unique européen devrait notamment se traduire par la perte du « passeport financier », qui permettait jusqu’alors à tout établissement bancaire établi en Grande-Bretagne de proposer ses services dans l’ensemble de l’UE.

L’immobilier britannique a moins la cote

Depuis le vote en faveur du Brexit en juin dernier, le marché immobilier d’entreprise londonien est moins actif qu’auparavant, rapporte Le Figaro.

« En 2016, le volume d’investissements a baissé de 25 % à 30 % au Royaume-Uni. Le Brexit a eu notamment pour effet de ralentir les velléités d’opérations spéculatives. Aujourd’hui, les promoteurs et les développeurs sont plus prudents », explique dans le quotidien français la responsable à Londres des activités de financement immobilier pour la banque Crédit agricole.

Autrement dit, « tant que les acteurs du secteur n’en savent pas plus sur le scénario de sortie adopté, beaucoup adoptent la stratégie du wait and see », résume le journal. Celui-ci souligne néanmoins que Londres « continue d’afficher de solides bases », puisque ses valeurs locatives demeurent stables et que le taux de vacance du parc immobilier dans son centre est au plus bas (4,3 %).

La rédaction