Budget Québec 2019 : des satisfaits, des insatisfaits

Par La rédaction | 22 mars 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Un pouce en l'air et un pouce en bas.
Photo : Andriy Popov / 123RF

Le milieu des affaires semble plutôt satisfait du budget déposé jeudi par le ministre des Finances Éric Girard. Les échos sont cependant plus mitigés chez les économistes et les fiscalistes, ainsi que dans le secteur immobilier.

La Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) estime que le budget « est le reflet d’une approche équilibrée entre les investissements en développement économique, l’allègement du fardeau fiscal des particuliers et des entreprises et la saine gestion des finances publiques ».

La Fédération se réjouit particulièrement des mesures visant à encourager les travailleurs d’expérience à demeurer plus longtemps sur le marché du travail. « Le budget contient d’excellentes mesures qui vont sans doute aider les PME à faire face au défi de pénurie de main-d’œuvre qu’elles vivent actuellement », affirme Martine Hébert, vice-présidente principale et porte-parole nationale de la FCEI.

Mme Hébert accueille aussi favorablement la volonté du gouvernement de « maintenir le cap sur la saine gestion des finances publiques » et d’investir dans les infrastructures et le déploiement de l’internet haute vitesse en région. La FCEI aurait toutefois souhaité une accélération des baisses d’impôt et de taxes sur la masse salariale.

Le Conseil du patronat (CPQ) a de son côté donné « une très bonne note » au budget Girard. « Les énoncés contenus dans le budget 2019-2020 sont conformes aux attentes générales du CPQ et font la démonstration d’une saine gestion des finances publiques et d’une préoccupation pour le développement économique », souligne Yves-Thomas Dorval, président-directeur général du CPQ.

L’organisme déplore toutefois que la réduction des charges sur la masse salariale pour les employeurs concernant les employés de 60 ans et plus se limite aux PME. « Sachant que près de 80 % des postes à pourvoir au cours des 10 prochaines années résulteront de départs à la retraite, le CPQ estime qu’on ne devrait pas créer deux classes d’employeurs », constate Yves-Thomas Dorval.

La Chambre de commerce du Montréal métropolitain a pour sa part accueilli chaleureusement les mesures introduites par le budget visant à protéger les sièges sociaux du Québec, ainsi que l’octroi d’un milliard de dollars additionnels au capital d’Investissement Québec.

DU BON… ET DU MOINS BON

Dans son bulletin fiscal, Raymond Chabot Grant Thornton souligne les allègements fiscaux pour les travailleurs âgés, mais estime qu’ils seront insuffisants pour parer à la pénurie de main-d’œuvre à court terme.

« Nous nous serions attendus à plus pour accroître la compétitivité de nos entreprises, particulièrement sur le plan fiscal, et pour accélérer l’intégration en emploi des talents étrangers », soutient Luc Lacombe, associé en fiscalité chez RCGT.

La firme d’audit insiste sur le fait que d’autres baisses d’impôt seront nécessaires pour les entreprises québécoises si elles veulent retrouver leur avantage concurrentiel par rapport aux États-Unis. « Avec un taux d’imposition à 4 % pour toutes les PME du Québec d’ici 2021, elles ne pourront non plus se distinguer face aux autres provinces », écrit la firme.

RCGT continue de revendiquer l’abolition de l’impôt sur la première tranche de 500 000 $ de revenus imposables des PME, ainsi qu’un assouplissement à la Loi sur les impôts pour rendre plus équitables les transferts d’entreprises intergénérationnels.

Pour l’Association des économistes québécois, les investissements supplémentaires de 2,4 G$ en éducation au cours des cinq prochaines années favoriseront le développement socioéconomique de la société québécoise. Par contre, l’organisme s’inquiète du fait que le gouvernement reste toujours muet sur les pertes de revenus de placement découlant de sa stratégie de remboursement de 10 G$ de la dette avec les sommes accumulées au Fonds des générations. L’utilisation encore timide de l’écofiscalité pour s’attaquer aux changements climatiques déçoit également.

En ce qui concerne la transparence de l’information financière, l’Ordre des comptables professionnels agréés (CPA) salue l’instauration de rapports trimestriels contenant des informations sur le solde budgétaire anticipé ainsi que le renforcement des mécanismes de divulgation obligatoire et l’amélioration des règles relatives aux prête-noms. L’ordre professionnel est toutefois déçu qu’aucune mesure visant la simplification de la fiscalité n’ait été annoncée.

MESURES INSUFFISANTES POUR FAVORISER L’ACCÈS À LA PROPRIÉTÉ

Après le dépôt du budget fédéral, qui a introduit différentes mesures pour aider les jeunes travailleurs à faire l’achat d’une première propriété, la Fédération des chambres immobilières du Québec (FCIQ) se dit déçue par le budget provincial. Elle espérait que le crédit d’impôt non remboursable de 750 $ destiné aux premiers acheteurs mis en place par l’ancien gouvernement libéral soit bonifié.

« Pour un jeune ménage, accéder à la propriété constitue le meilleur outil qui soit pour bâtir un patrimoine financier, soutient Yanick Desnoyers, directeur de l’analyse du marché à la FCIQ. Nous avions demandé au gouvernement du Québec de bonifier son crédit d’impôt pour l’achat d’une première propriété et de réduire la portée des droits de mutation immobilière, mieux connus sous le nom de « taxe de bienvenue » », ajoute M. Desnoyers.

La FCIQ se désole par ailleurs que Québec abandonne le programme RénoVert, « qui était fort populaire auprès des propriétaires et qui avait permis de générer des millions de dollars en travaux de rénovation ».

La rédaction