Cannabis : une institution financière canadienne fait le saut

Par La rédaction | 14 mars 2018 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : Adrian Black / 123RF

La banque ATB Financial est la première au pays à créer des liens avec l’industrie du cannabis.

Après une entente avec Sundial Growers le mois dernier, cette banque albertaine vient d’en conclure une autre d’un montant de 6,25 M$ avec une entreprise de la province, Atlas Growers, rapporte Radio-Canada.

Soulignant qu’il s’agit là d’une première au Canada, la chaîne publique d’information cite un expert selon lequel ce type d’accord pourrait devenir de plus en plus courant.

« Nous verrons de plus en plus de banques faire le saut dans l’industrie », affirme Brad Poulos, professeur en stratégie entrepreneuriale à l’Université Ryerson, à Toronto. Celui-ci juge d’ailleurs que les ententes signées par ATB Financial équivalent à une approbation du commerce de cannabis par le gouvernement provincial.

L’INDUSTRIE DU POT A LE VENT EN POUPE AU PAYS

D’autres institutions financières canadiennes sont pour leur part nettement plus réticentes à s’engager dans cette voie. Le mois dernier, la Caisse de dépôt et placement du Québec a par exemple rappelé qu’elle n’avait aucunement l’intention d’investir dans le cannabis. « Nous avons besoin de 100 % de nos capacités. Pour l’instant, ce n’est pas une occasion pour nous », a insisté son patron, Michael Sabia. Même son de cloche du côté de Desjardins, qui a récemment annoncé n’avoir « absolument pas » l’intention de s’intéresser à ce marché. Au Québec, seules la Banque TD et BMO ont pour l’instant accepté que des compagnies du secteur ouvrent des comptes chez elles.

Brad Poulos justifie cette prudence par le flou qui prévaut actuellement aux États-Unis, où les lois fédérales prohibent l’usage du pot même si, dans certains États, comme le Colorado et la Californie, sa production et sa vente sont autorisées. En effet, explique-t-il, les banques canadiennes ayant des activités au sud de la frontière refusent de prendre le risque d’enfreindre les lois américaines en encourageant des entreprises de cannabis. L’expert croit cependant que les deux accords conclus entre ATB Financial et l’industrie pourraient les conduire à réévaluer leur position.

Depuis qu’Ottawa a annoncé la prochaine légalisation de la vente et de la consommation de cannabis récréatif, ses producteurs « légaux » aujourd’hui en activité au pays ont le vent en poupe. Selon une récente enquête de La Presse, ils auraient ainsi reçu « au minimum » 293 millions de dollars provenant des seuls paradis fiscaux établis dans les Bermudes. Et cela « sans compter les sommes versées à des producteurs en attente de permis et celles provenant d’États européens et asiatiques fortement avantageux, comme Monaco, la Suisse, les Émirats arabes unis et Singapour ».

La rédaction