Certaines banques deviennent plus vertes

Par La rédaction | 10 octobre 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Faire affaires ou pas avec l’industrie du cannabis récréatif? Cette question taraude les banques canadiennes, dans un contexte de légalisation de la vente de ce produit.

Présentement, la BMO et la TD répondent oui à cette question, alors que RBC et Scotia répondent non, rapporte le Globe and Mail. Jusqu’à maintenant, une douzaine de compagnies de l’industrie du cannabis récréatif ont ouvert des comptes d’entreprises auprès de BMO, dont Aphria Inc., CannTrust Holdings Inc. et Invictus MD Strategies Corp., ainsi que les firmes d’investissement Cannabis Wheaton Income Corp. et CannaRoyalty Corp.

Le porte-parole de BMO, Paul Gammal, soutient que la banque torontoise offre des comptes de dépôt et des services reliés dans cette industrie au cas par cas. « Nous continuerons de surveiller l’industrie et pensons offrir davantage de services au fur et à mesure qu’elle deviendra plus mature. »

Même stratégie pour TD, qui offre des services à au moins neuf producteurs de cannabis, dont MedReleaf Corp., Cronos Group Inc., TerrAscend et Beleave Inc.

DES BANQUES FRILEUSES

Par contre, la RBC et Scotia continuent de bouder cette industrie naissante, tout en la gardant à l’œil. Les deux ont confié au Globe and Mail que leur position pourrait changer en fonction de l’évolution des lois et du marché.

Bin Huang, PDG d’Emerald Health Therapeutics Inc., croit qu’une partie des hésitations des banques repose sur la confusion et l’incompréhension qui existent quant à ce qui est présentement légal ou pas dans cette industrie. « Nous sommes légaux, nous sommes licenciés mais elles continuent de croire que lorsque vous êtes dans l’industrie du cannabis, c’est une zone grise – c’est une mauvaise perception et il faut du temps pour éduquer. »

D’autres croient que c’est plutôt l’immaturité du secteur qui fait reculer les banques. Les trois quarts des 73 entreprises cotées en Bourse de ce secteur ont une valeur au marché de moins de 100 millions de dollars et à peine quelques-unes font des profits, selon Bloomberg. « Au fur et à mesure que les plus grosses commenceront à faire plus d’argent – ou à faire de l’argent tout court – je crois que certaines banques se montreront plus intéressées », croit Neil Closner, PDG de MedReleaf.

PREMIERS RENDUS, PREMIERS SERVIS

Mais arriveront-elles trop tard? « Il pourrait y avoir un net avantage pour les institutions financières qui auront été les premières à s’engager dans l’industrie du cannabis légal », soutient Basem Hanna, PDG de TerrAscend Corp.

Les coopératives financières canadiennes semblent l’avoir compris et elles font fi de la modération. Alterna, par exemple, offre des services à environ la moitié des producteurs licenciés du pays, dont Canopy Growth Corp. et Aurora Cannabis Inc., les deux plus gros producteurs.

Ottawa entend légaliser officiellement la vente de cannabis récréatif dès le 1er juillet 2018. Chaque province travaille à développer son modèle d’encadrement, qui affectera grandement le modèle d’affaires des producteurs. Présentement, l’Ontario prévoit que la LCBO, l’équivalent ontarien de la SAQ, ait le monopole de la distribution de ce produit dans la province. Il sera donc le seul acheteur pour les produits des producteurs. Un modèle semblable semble être favorisé au Québec, même si le privé, notamment Couche-Tard, souhaite toujours pouvoir vendre du cannabis.

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