Certains se croient plus riches qu’ils ne le sont

Par La rédaction | 17 juillet 2018 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : bowie15 / 123rf

Certaines personnes ont parfois l’impression d’être plus riches qu’elles ne le sont en réalité, ce qui peut les conduire à dépenser ou à s’endetter au-delà de leurs moyens, selon une étude menée en Italie.

Dans un récent article traduit de l’anglais et publié par le quotidien économique français La Tribune, Alberto Cardaci, chercheur au Complexity Lab in Economics de l’Université catholique de Milan (Italie), se penche sur cet aspect encore mal connu de l’économie comportementale.

Après avoir rappelé que le simple fait d’aller au restaurant, d’acheter un vêtement, un appareil électroménager ou de louer une voiture ou une maison sont des choix qui ont une incidence sur l’épargne d’un particulier, il note que certains de ses choix, par exemple acheter une auto à crédit, accroissent également son endettement.

« INCOHÉRENCES COMPORTEMENTALES »

« En agissant ainsi, pesons-nous toujours le pour et le contre, sommes-nous bien informés et respectons-nous les objectifs que nous nous sommes fixé à long terme? » demande le chercheur, qui répond par la négative. La preuve, explique-t-il, c’est que beaucoup d’Américains, par exemple, admettent qu’ils auraient intérêt à économiser davantage pour financer leur retraite mais qu’ils n’en font rien et ne cessent de creuser leurs dettes.

L’origine de cet écart entre les intentions d’une personne et son comportement réel tient souvent à des « biais cognitifs » qui affectent ses décisions et ses jugements, soutient Alberto Cardaci. Des biais qui, selon lui, « expliquent pourquoi nos décisions économiques semblent souvent parasitées par des problèmes de maîtrise de soi, de vision à court terme, de changements de préférences et d’autres incohérences comportementales ».

Le problème, ajoute-t-il, est que ce phénomène « conduit souvent à sous-estimer le coût réel d’une dette et donc à emprunter davantage que ce que l’on peut se permettre ». La raison? Des études menées par des spécialistes en économie comportementale démontrent que « le prix subjectif d’un article est perçu par le consommateur comme inférieur à son tarif réel quand ce dernier le rapporte à des ressources financières supérieures, plutôt qu’inférieures ».

« DES IMPLICATIONS CONSIDÉRABLES »

Pour étayer cette théorie, le chercheur italien a récemment lancé une étude portant sur les thèmes des biais cognitifs, de la perception de la richesse et de l’instabilité macroéconomique dans le cadre du laboratoire de l’Université catholique de Milan, où il travaille. Son objectif vise à tester « l’hypothèse selon laquelle certaines personnes ont tendance à dépenser plus qu’elles ne le devraient parce qu’elles ont une perception erronée de leur richesse ».

Et les premiers résultats de ses expériences semblent lui donner raison puisqu’ils révèlent que plus des trois quarts (78 %) des participants ont effectivement une perception erronée de leur richesse. Partant du principe que cette mauvaise information pourrait jouer « un rôle important » pour mieux comprendre les ressorts de la consommation individuelle, et notamment de certaines décisions d’emprunt qui semblent a priori irrationnelles, Alberto Cardaci souligne qu’un tel biais cognitif a « des implications potentielles considérables ».

En effet, insiste-t-il, « quelqu’un dont la perception de la richesse est déformée peut se croire plus riche qu’il ne l’est, consommer plus, emprunter plus et surestimer sa capacité à rembourser sa dette ». Sa conclusion : « Ce comportement a des conséquences non seulement pour l’emprunteur, mais aussi pour le prêteur, car l’incapacité de l’emprunteur à honorer ses dettes entraîne une accumulation de créances non performantes dans le bilan des institutions financières sur le marché du crédit. »

La rédaction