Chimériques « valeurs refuges »

Par Ronald McKenzie | 31 juillet 2013 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Les épargnants qui cherchent à protéger leurs actifs en investissant dans des « valeurs refuges » comme l’or et les fonds de couverture se forgent des chimères, affirme Michael Nairne.

La seule façon de bien protéger un portefeuille consiste à diversifier ses placements dans toutes les catégories d’actifs et d’éviter de se ruer sur des instruments censés offrir une panacée aux humeurs délicates des marchés. Autrement, les frustrations risquent d’être au rendez-vous.

Le chroniqueur au quotidien The Financial Post, également président de la firme Tacita Capital, explique que les obligations gouvernementales, supposées valeurs refuges par excellence, ont perdu plus de 2 % de leur valeur au cours du 1er trimestre de 2013. Et rien n’indique que le reste de l’année compensera ce manque à gagner.

« Ces titres sont exposés au risque des taux d’intérêt. Quand ceux-ci montent, le prix des obligations baisse. Hypnotisés par les rendements ronflants des obligations gouvernementales durant la crise de 2008, de nombreux investisseurs ont ignoré cette loi d’airain propre aux obligations », dit Michael Nairne. Et ils en souffrent aujourd’hui.

Les investisseurs attirés présentement par les obligations devraient faire preuve d’une grande prudence, car les pertes sur ce marché peuvent être cruelles. En 1994, lorsque les taux d’intérêt ont explosé, les obligations du gouvernement du Canada ont essuyé des reculs de 11 % en cinq mois seulement. Si l’inflation se met de la partie, la situation peut être pire. De 1973 à 1981, période noire de l’inflation au Canada, « la valeur des titres de gouvernement du Canada a fondu de 48 % », rappelle le chroniqueur.

Pour ce qui est de l’or, il note que le cours du précieux métal ne s’apprécie que dans des contextes particuliers, lorsque les Bourses s’effondrent, par exemple. L’ennui avec l’or, c’est qu’il a tendance à sous-performer durant de longues périodes. Pendant les deux décennies 1980 et 1990, le métal jaune a vu sa valeur dégringoler de 62 %. Comme l’or ne génère aucun revenu de dividende ou d’intérêt, les pertes subies sont sèches, ce qui ajoute à la douleur des investisseurs déjà éprouvés.

Et les fonds de couverture? Leur performance n’impressionne guère Michael Nairne. « La promesse de ‘rendements absolus’ en dit plus sur la qualité de leurs stratégies de marketing que sur leurs caractéristiques fondamentales », tranche-t-il. Durant la crise financière de 2008, les fonds de couverture au Canada ont, dans l’ensemble, fondu de 27 %. Seule une poignée de produits spécialisés dans la gestion de contrats à terme ont su tirer leur épingle du jeu. Les autres n’ont pas pu résister à l’écrasement des marchés.

Quant au CPG et aux autres produits bancaires à capital garanti, ils offrent une « illusion de stabilité ». En effet, seule leur valeur comptable est inscrite sur les relevés de compte. Si c’était leur valeur marchande qui était affichée, beaucoup d’épargnants déchanteraient. Et, à l’instar des obligations gouvernementales à courte échéance, les CPG présentent un risque de taux d’intérêt assez élevé.

Alors, que peuvent faire les épargnants? Eh bien, ils doivent cesser de croire aux solutions magiques et, comme on l’a vu, s’assurer que leur portefeuille est diversifié dans toutes les catégories d’actifs en fonction de leur tolérance au risque et de leur horizon de placement. C’est une mince consolation, mais, au moins, elle repose sur du concret, pas du vent.

Ronald McKenzie