Commissions intégrées : du « chantage », dit le MÉDAC

Par La rédaction | 6 avril 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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La récente sortie de la firme ontarienne The Edge Benefits, qui mettait en garde les consommateurs contre l’éventuelle interdiction des commissions versées aux conseillers, a suscité la colère du Mouvement d’éducation et de défense des actionnaires.

Sous le titre « Chantage et menaces de répercussions sur la population », le MÉDAC dénonce sur son site web le fait que « certaines parties prenantes » de l’industrie, en l’occurrence dans le secteur des assurances, aient recours « à la bonne vieille manipulation émotive ».

« Selon The Edge Benefits, si on empêche les fournisseurs de produits d’assurance de verser des commissions à des conseillers en assurance et si on empêche les fournisseurs de véhicules de placement de verser des commissions à des conseillers financiers, ces derniers refileront des factures d’honoraires de 100 à 300 dollars à ceux de leurs clients qui veulent obtenir des conseils en assurance ou en placement », écrit notamment le MÉDAC.

« L’INDUSTRIE VEUT MAINTENIR SON PRIVILÈGE »

Déplorant cette attitude, le MÉDAC estime que « ce refrain connu rappelle celui des entreprises de télécommunications qui menacent de refiler aux consommateurs la facture de toute réglementation ou contrainte envisagée, ou encore celui de regroupements de médecins ou de minières qui menacent de partir si jamais leurs désirs ne sont pas comblés ». Et il relève que « les petits salariés et les moins bien nantis bénéficient déjà de conseils gratuits des employés des caisses ou banques avec qui ils font affaire ».

Le MÉDAC juge en outre que « cette campagne de lobbyisme en cours est un cri d’alarme concerté qui vient des conseillers qui reçoivent en commission beaucoup plus que ce qu’ils n’accordent en service ». « En se prétendant du côté des petits détenteurs de portefeuille, des petits épargnants et de l’éthique, une industrie à but lucratif veut maintenir son privilège de soutirer des revenus sans égard au rendement des placements qu’elle conseille », soutient son président, Daniel Thouin.

Ce dernier fait par ailleurs remarquer que « ce discours de l’industrie financière ne mentionne pas le nombre de petits épargnants et investisseurs qui seraient supposément affectés ou dissuadés de rechercher des conseils financiers », et que « malheureusement, les petits salariés n’ont souvent pas la marge de manœuvre nécessaire pour placer des montants substantiels qui requièrent des conseils financiers plus avancés ».

« UN MANQUE DE VISION », SELON THE EDGE BENEFITS

« Résolument du côté de l’abolition des commissions de suivi », le MÉDAC rappelle qu’il trouve « inadmissible » que « des conseils reçus et des résultats de placements de petits épargnants puissent varier, ainsi qu’être biaisés et être en apparence de conflits d’intérêts, en fonction des formes de rémunération de leurs conseillers par les fournisseurs de produits financiers ».

Interrogée par Conseiller, The Edge Benefits indique « n’être évidemment pas d’accord avec cette position ». « Il s’agit d’un manque de vision, qui ne tient pas compte des implications à plus long terme [qu’une éventuelle suppression des commissions] aurait sur la disponibilité réduite au pays des conseils de qualité fournis par les professionnels », estime Neil A. Paton, président et chef de la direction de la société ontarienne.

« L’abolition des commissions aurait pour conséquence de diminuer le nombre de conseillers en services financiers et de réduire l’accès de la population aux conseils », ajoute le dirigeant, tout en précisant qu’il « ne serait pas opposé à ce que l’industrie améliore sa façon de fonctionner », par exemple en offrant aux consommateurs « une transparence accrue » et en introduisant « une plus grande variété de modèles de conseils ». « Le degré de littératie financière des Canadiens en matière d’assurance vie et d’assurance santé, en particulier parmi les travailleurs autonomes, qui doivent protéger leur revenu, est loin d’être optimal. Et dans ce contexte, introduire de nouvelles limitations n’est, à mon avis, pas dans l’intérêt de la majorité des consommateurs », conclut Neil A. Paton.

La rédaction