Conseiller un couple : tout un art!

Par La rédaction | 7 Décembre 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Concevoir un « bon budget » permet d’atténuer beaucoup de problèmes financiers, et même davantage, au sein d’un couple, estime le Pl. Fin Frantz D. Pierre-Louis. Mais comment faire?

Planificateur financier autonome depuis plusieurs années, celui-ci estime dans une récente chronique qu’« un bon budget de couple permet de connaître notre capacité à dépenser judicieusement, sans tomber dans l’endettement, pour les choses qui font vraiment plaisir ». Et une bonne manière de s’approcher le plus possible de l’harmonie budgétaire consiste à adopter une approche de type « à nous, à toi et à moi », ajoute-t-il.

D’emblée, le Pl. Fin. prévient cependant que la notion de plaisir est « totalement personnelle » et que puisque « les sources de plaisir changent aussi selon que l’on est un jeune couple ou un couple de retraités », il est important de les réévaluer aux étapes clés de la vie.

« L’IMPORTANT EST DE SE METTRE D’ACCORD »

« Vous avez eu des frères et des sœurs! Donc, vous savez combien le partage peut être parfois difficile », écrit Frantz D. Pierre-Louis, qui note que certains couples revivent cette situation quand ils tentent de s’entendre sur un budget familial. Et les choses sont encore plus délicates dans le cas d’une famille reconstituée lorsque des enfants sont issus de l’union actuelle ou des unions précédentes, souligne-t-il.

Le problème? « Les conjoints ont des habitudes de consommation différentes et valorisent des choses différentes dans la vie. C’est tout à fait normal. Ne pas en tenir compte peut facilement amener à de longues discussions, de la frustration de l’amertume et malheureusement à la séparation en bout de piste. »

Or le Pl. Fin. soutient que le fait d’établir un « bon budget » est un outil qui permet d’atténuer « la plupart » de ces problèmes. Pour y parvenir, les conjoints doivent néanmoins se questionner sur les montants qu’ils entendent consacrer aux grandes catégories de dépenses qui leur sont communes, comme le logement, l’alimentation, les transports ou encore certains loisirs, ainsi que sur les éléments qui les constituent. En fin de compte, affirme-t-il, quelle que soit leur réponse, l’important est qu’ils soient d’accord.

À CHACUN SON BUDGET PERSONNEL

En plus de bien évaluer les revenus et les dépenses du ménage, « la partie cruciale de la conception d’un bon budget de couple est d’aménager pour chacun des conjoints un jardin financier personnel aussi petit soit-il, où il peut s’épanouir », croit aussi Frantz D. Pierre-Louis. Sa recette? « Pour les dépenses au bénéfice des deux, c’est simple. Nous dépensons tout en ayant l’œil sur le total prévu. Et s’il s’agit d’un montant important, nous en parlons au préalable. »

Toutefois, ajoute-t-il, il faut également prendre en compte certaines catégories de dépenses « foncièrement personnelles ou valorisées plus par l’autre conjoint ». D’après lui, le mieux dans ce cas est d’établir des budgets séparés, sur le modèle de « Ton et mon budget ». Même s’il n’y a pas de règle absolue sur ce qui rentre dans ces deux budgets distincts, le Pl. Fin. recommande d’en parler « pour que chacun soit à l’aise avec la décision prise ».

Interrogé par Conseiller sur les principaux conseils qu’il prodiguerait à un couple venu le consulter, il insiste sur le fait que « chacun doit avoir droit à sa marge discrétionnaire sans se sentir coupable » et que « fusion amoureuse ne signifie pas finances fusionnelles ». « Il ne s‘agit pas d’une relation duelle du genre « tu dis oui donc je gagne, tu dis non donc je perds » », observe-t-il aussi. De même, il suggère l’établissement par le ménage d’une liste exhaustive de ses différents postes budgétaires afin de l’aider à déterminer ce qu’il est prêt à partager ou pas.

PERSONNE NE DOIT SE SENTIR FRUSTRÉ

Enfin, Frantz D. Pierre-Louis suggère de prendre son temps et de se laisser l’opportunité de revoir certains équilibres financiers au sein du couple, en particulier au moment de la retraite. Son dernier conseil : « On ne critique pas ce que l’autre cultive dans son jardin personnel, et ce, même si on paie pour! »

« Établir un budget reflète la façon dont vous voulez vivre votre vie. Dans un couple, par définition, presque tout est partagé. Il est donc logique que la plupart des grandes catégories de dépenses soient partagées. Mais certaines fois, cela profite vraiment plus à un seul. Adopter une approche de type « Ton et mon budget » procure à chacun des partenaires la liberté de dépenser pour ce qu’il apprécie vraiment sans que l’autre se sente frustré », conclut le Pl. Fin.

Conseils aux planificateurs financiers

Voici quelques suggestions que Frantz D. Pierre-Louis fait aux Pl. Fin. en se basant sur son expérience :

  • Prévoyez du temps, car cela peut prendre plus d’un an avant que les deux conjoints puissent discuter sagement et ouvertement de leurs attentes.
  • Respectez le rythme de chacun. Généralement, c’est l’un des conjoints qui aborde le sujet alors que l’autre n’est pas toujours (voire jamais!) au même stade de réflexion.
  • Soyez à l’écoute des deux conjoints, et pas de l’un plus que de l’autre.
  • Attention aux petits détails qui peuvent faire dérailler le meilleur des plans. Il faut mettre toutes les dépenses du ménage sur le tapis, y compris des choses comme les articles de beauté personnelle ou les achats d’épicerie.
  • Prenez le temps d’expliquer, par exemple, que les déclarations fiscales de couple ne signifient pas qu’il y a fusion financière entre les conjoints.
  • Fournissez-leur des coefficients budgétaires cibles comme point de départ ainsi que des outils et des moyens concrets pour atteindre leurs objectifs.
  • Planifiez des rencontres de suivi à des dates précises.
  • Sachez prendre conscience du moment où la situation risque de vous échapper parce qu’elle devient hors de votre champ de compétence. Vous n’êtes pas psychologue!
  • Règle d’or : le planificateur respecte les volontés des conjoints MAIS s’assure qu’à court, moyen et long terme l’édifice financier est intègre et fiable, selon les norme de pratique de l’Institut québécois de planification financière.

La rédaction