Construire un portefeuille comme un pro

Par Anaïs Chabot | 8 janvier 2013 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Gary Lisenbee, président de la firme californienne Metropolitan West Capital, affirme qu’il y a un lien, à long terme, entre les actions et les gains des sociétés. Sa firme croit fortement que ce sont même ces gains qui influencent les prix des actions sur une longue période de temps.

L’expert convient cependant que les événements macroéconomiques, à court terme, ont une influence sur le cours des actions, comme ce qui s’est récemment produit en Grèce, en Europe ou en Chine. Mais, pour réellement déterminer s’il vaut la peine d’acheter une action ou non, il faut analyser son rendement pendant les trois dernières années. Il conseille de faire cette analyse en adoptant une stratégie ascendante (bottum-up), ce qui permet un examen approfondi du rendement de l’entreprise au cours de cette période de temps et d’estimer la valeur de l’action.

« Cela a toujours été notre stratégie de mettre l’accent sur la société et de faire en sorte que notre portefeuille soit composé des actions d’environ 42 des meilleures sociétés qui engrangeront d’importants rendements. »

Des exemples concrets, à court et long terme Un bon exemple d’une telle société, selon M. Lisenbee, est UPS. Il s’agit d’ailleurs d’un ajout récent au portefeuille de Metropolitan West Capital. La firme californienne a analysé la croissance de la compagnie sur une décennie ainsi que sur le marché des devises. « Le monde devient de plus en plus petit. UPS est en bonne position pour obtenir une belle croissance au cours des cinq prochaines années. Leur marque de fabrique est excellente et ils ont déjà des infrastructures un peu partout dans le monde. De plus, ils ont investi dans leurs ressources et ont fait une importante dépense en capital afin d’injecter des fonds dans une flotte d’avion plus jeune que celle de leurs concurrents. »

M. Lisenbee explique que, lorsque son équipe analyse une société telle qu’UPS, elle examine d’abord le bénéfice normalisé et fait ensuite une projection de ce qu’elle croit qu’une telle entreprise pourrait dégager comme profit dans un environnement normal. « Dans le cas d’UPS, nous avons évalué le prix de l’action à 7 $, ce qui nous semble une moyenne raisonnable. Les chiffres que nous possédons nous poussent à cibler un prix plus élevé que le prix auquel nous avons acheté l’action. »

La firme de Gary Lisenbee détient aussi le titre d’Apple depuis plus de dix ans. « Quand nous avons acheté l’action, en 2001, elle se vendait environ 9 $. Nous croyions à l’époque que la société allait se transformer en une entreprise plus axée sur la production de médias électroniques. Nous avons passé beaucoup de temps à rencontrer l’équipe de gestion et à analyser toutes ses activités. Nous avons vu juste, même si à ce moment-là, nous ignorions qu’Apple inventerait le iPod, bien que nous étions convaincus qu’elle lancerait quelque chose du genre. » La firme ne s’est jamais défait de l’action, même si la progression a été lente. Ce qui fait dire à Gary Lisenbee qu’Apple est un bon exemple d’action détenue depuis longtemps, qui a été identifiée très tôt et à laquelle sa firme a fait confiance.

Que faire dans l’environnement actuel? Les rendements des actions ont évidemment diminué dans l’environnement actuel, rappelle Gary Lisenbee. « Clairement, nous sommes à une période où l’inflation est très basse, certains iront même jusqu’à dire que nous sommes presque dans un environnement déflationniste. »

Selon lui, certains paniers de titres boursiers battent le S&P 500 et enregistrent de forts rendements. Cependant, il appelle à la circonspection. « Je pense qu’il faut être prudent. Nous faisons des projections pour les cinq prochaines années. Si les gains annuels moyens provenant du taux de rendement des actions sont de 5 % en moyenne, je pense que c’est raisonnable. Mais notre portefeuille devrait être en mesure de battre cela. Les actions sont quand même de bons placements, en ce moment », conclut-il.

Cet article s’appuie sur une entrevue réalisée par Francis Plourde.

Anaïs Chabot