Contribuer au succès des entrepreneures en technos

Par Sylvie Lemieux | 25 avril 2022 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Christine Beaubien est la lauréate 2022 du Prix Inspiration-Andrée-Corriveau décerné par l’Association des femmes en finance du Québec (AFFQ). Cette reconnaissance, qui souligne le parcours de professionnelles de la finance engagées dans l’avancement de la place des femmes au Québec, ne pouvait pas mieux tomber.

Elle reçoit ce prix alors qu’elle est au début d’une nouvelle aventure professionnelle avec la création d’Accelia Capital, un nouveau fonds de capital de risque destiné majoritairement à soutenir des entreprises technologiques dirigées ou détenues par des femmes.

« Je travaille sur ce projet depuis quelques années. Il s’est finalement concrétisé en décembre dernier », raconte Christine Beaubien, cofondatrice et associée directrice chez Accelia Capital.

Elle n’est pas seule dans cette aventure. Elle peut ainsi compter sur l’aide d’Annick Charbonneau, qui a été entrepreneure en technologie dans une autre vie.

« Je suis une femme d’équipe, c’est pourquoi j’ai voulu avoir une associée. Je cherchais une femme dynamique et fonceuse. Quand j’ai rencontré Annick, on a tout de suite cliqué. »

TRACER LA VOIE

Christine Beaubien a eu un parcours qu’elle qualifie elle-même d’atypique. « J’ai effectué quelques pivots au cours de ma carrière, relate-t-elle. J’ai débuté comme informaticienne pour ensuite me diriger vers la grande entreprise, Bombardier en l’occurrence, pour faire du développement des affaires. Par la suite, j’ai fondé ma propre entreprise dans le domaine informatique que j’ai vendu au bout de quelques années. Puis, j’ai travaillé en capital de risque notamment au Fonds de solidarité FTQ. »

C’est là qu’elle se rend compte que peu de femmes entrepreneures obtiennent du financement. Germe alors l’idée de lancer un fonds pour investir principalement dans des entreprises à propriété féminine. « J’y pense depuis 15 ans, confie-t-elle. Je sens que j’ai beaucoup semé ces dernières années. La somme de mes expériences me permet aujourd’hui de développer un tel projet. »

Même si la situation s’améliore, il reste encore beaucoup à faire pour que les femmes récoltent une plus large part du financement, selon Christine Beaubien.

Les chiffres lui donnent raison. Selon des données publiées à la fin de 2021 par PitchBook, le service de données et d’analyse du capital de risque aux États-Unis, seulement 15 % des entreprises qui ont reçu du financement ont été fondées par des femmes.

Le Québec fait mieux si l’on se fie à Capital Femmes, le premier indicateur de la représentation féminine dans les fonds d’investissements québécois lancé par Investissement Québec l’automne dernier, avec 32 % des investissements en capital de risque ou en capital de développement, entre 2016 et 2020.

CRÉER UN IMPACT

Rédiger un plan d’affaires, développer un modèle d’affaires qui répond à un besoin… Lancer un fonds d’investissement ressemble beaucoup à créer une nouvelle entreprise, affirme Christine Beaubien.

Elle et son associée ont eu toutefois à cœur de faire les choses autrement. En plus de cogner à la porte de partenaires institutionnels comme Investissement Québec, la Caisse de dépôt et placement du Québec et Fondaction, entre autres, elles ont sollicité des entreprises privées, dont Beneva, Stingray et Cossette.

Elles ne se sont pas arrêtées là. Elles ont aussi réussi à mobiliser 20 femmes d’affaires québécoises qui ont accepté de contribuer au fonds en plus d’offrir du mentorat aux entrepreneures qui seront financées par Accelia Capital.

« On veut ainsi créer un réel impact auprès des femmes entrepreneures. Ces 20 femmes que nous avons sollicitées et qui ont toutes dit oui sont des modèles inspirants qui pourront aider d’autres entrepreneures à sortir de l’invisibilité et à prospérer », assure Christine Beaubien.

À ce jour, Accelia Capital a accumulé un fonds d’investissement de plus de 54 millions de dollars (M$), dépassant ainsi l’objectif initial fixé à 50 M$.

« Pour nous, c’est un signal fort que nos partenaires veulent aider au déploiement de nouvelles technologies issues d’entreprises dirigées ou détenues par des femmes », soutient Christine Beaubien.

Son conseil aux femmes, qu’elles soient entrepreneures, cadres ou gestionnaires ? « Il ne faut pas avoir peur de changer d’orientation pour explorer de nouveaux domaines, lance-t-elle. On peut prendre des risques pourvu qu’on ait un bon plan B ou C. La diversité d’expériences devrait être davantage mise en valeur selon moi. »

Deux des clés de la réussite pour elle : être constamment en apprentissage — « je suis curieuse de nature » — et avoir une approche d’innovation. « Cela permet d’ouvrir ses horizons », conclut-elle.