Court, moyen, long terme : quelle différence?

Par Jean Dupriez | 19 septembre 2016 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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La durée prévue ou envisagée pour faire un investissement est une notion capitale car c’est elle qui va dicter nos choix principaux, c’est-à-dire nos choix logiques dans la répartition de nos actifs, entre actions et obligations, en fonction des risques de fluctuations et de rendements, compativement à nos objectifs, parmi lesquels se trouvent nos besoins de liquidité pour en vivre ou pour tout autre usage précis.

Cette durée peut s’exprimer soit selon les acronymes ci-dessus, soit en nombre d’années (parfois de mois).

Précisons que c’est une notion à clarifier d’abord dans notre cerveau d’investisseur. Mais il est tout aussi important que cette notion soit clarifiée entre investisseur et conseiller financier.

Définition : un « terme », c’est l’expiration d’un délai, une échéance, une limite fixée dans le temps. Par exemple : 12 octobre 2030.

Mais en pratique que signifient donc ces « termes » : court, moyen, long?

Cherchons leur signification dans le glossaire des termes financiers du site de l’Autorité des marchés financiers… aucune mention!

Dans le Financial Handbook, rien trouvé!

Dans les dictionnaires : presque rien trouvé.

Sur le site www.edubourse.com, quelques indications nuancées…

Bref, c’est la brume totale comme pour le Titanic. Nous savons tous où ça l’a mené de foncer dans la brume. Il est donc absolument nécessaire de comprendre et clarifier ces termes entre les conseillers financiers et les clients, pour éviter de finir en Titanic.

Clarifier ces notions veut aussi dire ici harmoniser leur compréhension pour une bonne entente entre conseillers financiers, clients, et documents descriptifs des produits financiers disponibles sur les marchés. Pour certaines personnes, trois années, c’est du long terme! Mais pour ceux-là, qu’est-ce que vingt années? Une éternité, sans doute! Voyons cela.

Lorsqu’on dit que l’investissement en Bourse est le plus rentable à long terme, on utilise souvent une période de 5 à 7 ans. À notre avis, c’est trop peu. Une période minimale de 8 à 10 ans est plus prudente et plus réaliste en fonction des cycles boursiers. En immobilier, on parle facilement de décennies… Bref, le débat est ouvert!

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Chaque source d’information définit ces termes en un nombre d’années plutôt variable. Aucune autorité, s’il en existe, n’a défini ces termes. Nous suggérons ici d’utiliser la définition que nous avons utilisée depuis plus de vingt ans avec nos clients et qui figure sur l’image ci-dessus :

Le CT s’échelonne d’aujourd’hui jusqu’à 3 ans. Le LT commence à 8 ans et s’étend jusqu’à 30 ans et plus. Le MT se situe évidemment entre les deux, soit de 3 à 8 ans.

En adoptant cette règle, le risque d’erreur d’évaluation dans le choix d’un placement ou dans une mauvaise communication avec notre conseiller financier se trouve sérieusement réduit.

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Sur la seconde image, figurée différemment, nous ajoutons le très court terme et le très long terme.

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Revenons un instant à la différence entre spéculer et investir : voyons le bas de l’image; le dessin parle par lui-même. Plus la durée du placement ou de l’investissement s’allonge, moins nous spéculons, plus nous investissons.

Spéculons si nous voulons, c’est notre liberté. Mais, de grâce, ne nous qualifions pas du titre d’investisseur si nous nous comportons en spéculateur!

NOTE : DURÉE DE NOTRE RETRAITE

Nous avons souvent entendu dire : à la retraite, il vaut mieux tout (ou presque tout) placer en obligations. C’était peut-être vrai en 1900 un temps où les gens vivaient rarement plus de 5 années de retraite. Est-ce encore le cas?

Imaginons un instant que nous ayons 60 ans et que nous investissions pour une retraite à 65 ans (à notre époque où l’on vit trop longtemps, c’est un peu jeune pour la retraite, mais enfin…). Nous aurons besoin de retirer de l’argent dans 5 ans.

Mais, aurons-nous besoin de retirer TOUT notre argent dans 5 ans? Bien sûr que non. Nos retraits s’échelonneront sur une trentaine d’années. Alors, faut-il tout placer en obligations? NON, ce serait une erreur monumentale.


Jean_Dupriez_NB_150Jean Dupriez, LL.L., DAE., est planificateur financier et membre de l’Association des MBA du Québec. Auteur de deux ouvrages, Le classement des documents personnels (2002) et Savoir choisir son conseiller financier (2010), il s’exprime régulièrement sur les enjeux de la profession dans son blogue sur Conseiller.ca.

Cinq main qui placent des roues crantées les unes contre les autres sur un fonds bleu clair.

Jean Dupriez

Jean Dupriez, LL.L., DAE., Pl.fin. (ex Adm.A., ex PFA., ex GPP., ex détenteur de permis en épargne collective, en assurance de personne et en assurance collective), mais heureusement toujours marié avec Françoise depuis 57 années!) possède une formation internationale en Droit (UdeM) ainsi qu’en Financement et Administration d’entreprises (London School of Economics + Louvain). Il est planificateur financier et membre de l’association des MBA du Québec. Après 20 années dans le commerce international au sein de grandes compagnies, son goût pour l’indépendance l’a incité, en 1984, à se lancer dans une seconde carrière, plus sédentaire, dans les services financiers personnels, dont 20 ans associé au Groupe Peak. En juin 2002, il publie «Le classement des documents personnels» et en 2010 «Savoir choisir son conseiller financier». Depuis 2013, dans une semi-retraite active, il se consacre à la création de diverses formations. Vers 2015, il met en ligne sa 3e œuvre : «Comprendre l’investissement», une formation illustrée à la fois technique et comportementale destinée au grand public et aux conseillers financiers. Actuellement, il offre aux conseillers et planificateurs financiers 2 formations en ligne, dûment accréditées de plusieurs UFC (CSF et IQPF) sur le site de Campus finance. Voici le lien pour les atteindre.