Crise de 2008 : il fallait punir les responsables

Par La rédaction | 13 octobre 2015 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Businessman in handcuffs

Certains dirigeants de Wall Street auraient dû être poursuivis et emprisonnés pour avoir contribué au déclenchement de la crise financière de 2008 par des prêts irresponsables et des opérations sur titres douteuses qui ont fait éclater la bulle immobilière, juge Ben Bernanke.

Dans un entretien accordé au quotidien USA Today à l’occasion de la publication de ses mémoires (The Courage to Act: A Memoir of a Crisis and Its Aftermath), l’ancien président de la Réserve fédérale affirme qu’en plus des banques et des firmes de courtage, plusieurs personnalités de la finance auraient également dû être tenues responsables de la «Grande Dépression ».

LA FAUTE DES INDIVIDUS, PAS DES ENTREPRISES

Or, à l’époque, rappelle-t-il, le Département de la Justice et d’autres agences judiciaires américaines avaient plutôt préféré concentrer leurs enquêtes et leurs poursuites sur les entreprises financières. Avec à la clé une série d’amendes de plusieurs milliards de dollars imposées aux grandes banques et aux firmes de courtage.

Ben Bernanke assure qu’il aurait préféré que ces instances enquêtent davantage sur les actions individuelles, confie-t-il au journal américain. Parce que, souligne-t-il, « à l’évidence, tout ce qui a mal tourné ou était illégal a été fait par des individus, et non par des entreprises dans l’abstrait ».

Interrogé quant au fait de savoir si les coupables auraient dû ou non aller en prison, il répond par l’affirmative, sans toutefois nommer personne.

AIDE IMPOPULAIRE MAIS « INDISPENSABLE »

Selon l’agence Associated Press, qui a obtenu en avant-première un exemplaire de son livre, l’ex-patron de la Fed y écrit que les centaines de milliards de dollars d’aide aux banques et aux firmes de Wall Street, payés par les contribuables, étaient certes très impopulaires, mais indispensables pour éviter le chaos économique.

« Je n’étais certainement pas heureux de renflouer Wall Street et je n’avais aucune raison de vouloir le faire, déclare d’ailleurs Ben Bernanke à USA Today. Mais nous l’avons fait parce que si le système financier s’effondrait, l’économie aurait immédiatement suivi. »

Toutefois, rapporte Reuters, l’ancien dirigeant estime aussi qu’il ne lui revient pas de décider de poursuites contre tel ou tel individu, puisque « la Fed n’est pas un organisme chargé de l’application de la loi ».

ÉVITER UN « RISQUE DE BASCULEMENT »

« Le Département de la Justice et d’autres sont chargés de cela et une grande partie de leurs efforts ont consisté à inculper ou à menacer d’inculper des entreprises financières, observe-t-il. Maintenant, une entreprise financière est évidemment une fiction juridique, ce n’est pas une personne. On ne peut pas emprisonner une entreprise financière. »

Ben Bernanke, qui a quitté la direction de la banque centrale américaine en janvier 2014 après un règne de huit ans, soutient par ailleurs que « sans stabilisation du système financier, il y aurait eu un assez grand risque de basculement dans une dépression du type de celle des années 30 ».

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