Crise : le risque de rechute présent

Par La rédaction | 15 août 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Dix ans après le début de la crise des subprimes, les gouvernements et le secteur de la finance semblent avoir tiré les leçons de cette tempête qui a durablement affecté l’économie mondiale. Pourtant, le risque de rechute existe bel et bien, rapporte Le Figaro.

En effet, souligne le quotidien français, même si les grandes banques ont été contraintes par les autorités réglementaires de revoir leur mode de fonctionnement, notamment en augmentant leurs fonds propres en vertu des accords de Bâle III, certains experts demeurent circonspects.

« On aurait presque l’impression que nous commençons à oublier cette crise, c’est vrai. Mais nous sommes marqués au fer rouge par cet épisode. Il y a eu des excès dramatiques à ce moment-là, on ne peut pas le nier », estime ainsi Samy Chaar, économiste à la banque privée suisse Lombard Odier.

« ON A TENDANCE À SURVEILLER LÀ OÙ IL Y A EU UN PROBLÈME »

Interrogé par le journal, l’expert précise que si les contrôles et les régulations de la part des États et des gouvernements sont aujourd’hui plus nombreux dans le secteur financier, « le monde n’est pas pour autant à l’abri d’une nouvelle crise ». Toutefois, il croit que celle-ci pourrait prendre sa source dans des secteurs où on ne l’attend pas forcément.

« Les leçons des excès et abus des subprimes ont été globalement tirées. Je ne suis pas sûr que le Portugal et l’Espagne soient aujourd’hui désireux de reproduire les mêmes excès que par le passé sur le marché du crédit. (…) Aux États-Unis, il y a aujourd’hui des petits excès portant par exemple sur des crédits étudiants ou automobiles. Cependant, ces produits pèsent bien peu sur le marché comparativement aux crédits hypothécaires qui ont largement contribué à la crise financière. Il y a donc peu de risques que ce facteur soit le point de départ d’une nouvelle crise », explique Samy Chaar.

Par conséquent, si un nouveau problème survient, il proviendra sans doute « plutôt d’économies ou de secteurs qui n’ont pas forcément connu par le passé les mêmes dérives », indique-t-il. Pourquoi? « On a toujours tendance à regarder et surveiller là où il y a eu des problèmes antérieurement. En l’occurrence, les yeux sont tournés vers le secteur bancaire. Mais on ne va pas forcément aller voir ce qu’il peut se passer dans d’autres secteurs. »

SURVEILLER LES NOUVELLES TECHNOLOGIES ET LE NUMÉRIQUE

« Nous risquons d’être surpris de la cause d’une prochaine crise. Des excès viendront peut-être de la Chine, notamment sur la question du crédit. Nous pouvons aussi regarder par exemple du côté des valeurs du secteur des nouvelles technologies et du numérique. Certaines ont des niveaux de valorisation particulièrement élevés. On pourrait peut-être aussi assister à un phénomène d’exagération dans ce secteur. Mais rien n’est encore défini, on ne sait pas encore d’où elle peut arriver, il faut donc rester vigilant », détaille l’économiste.

Enfin, questionné sur le fait de savoir si les gouvernements et les autorités de régulation auraient les moyens de résoudre cette crise, Samy Chaar se montre plutôt optimiste, même s’il admet que « à ce stade, on ne peut pas connaître les solutions pour résoudre d’éventuels problèmes ». Toutefois, assure-t-il, « les banques centrales comme les autorités fiscales ne laisseraient pas les systèmes économiques péricliter sans se battre. Cela s’est vu avec les différentes crises au XXe siècle. Il y a toujours eu des solutions plus ou moins efficaces, plus ou moins bonnes ou mauvaises, mais qui ont permis de préserver nos systèmes économiques ».

La rédaction