Cryptomonnaies: la Régie de l’énergie dit oui

Par La Presse Canadienne | 19 juin 2018 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : Wit Olszewski / 123RF

Estimant qu’il y a lieu d’agir de « manière urgente », la Régie de l’énergie vient de donner un feu vert provisoire à une demande d’Hydro-Québec visant à décréter les conditions de services pour les joueurs du secteur de la chaîne de blocs et des cryptomonnaies.

Dans une décision de 14 pages rendue dimanche, le tribunal réglementaire fixe ces modalités – qui comprennent un « tarif dissuasif » de 15 cents le kilowattheure (KWh) – jusqu’au 28 juin.

Elle accepte ainsi la création d’une catégorie de consommateurs « d’électricité pour un usage cryptographique appliqué aux chaînes de blocs » pour les nouveaux branchements. Les utilisateurs actuels bénéficiant du tarif préférentiel LG ne subiront pas de hausse de prix jusqu’à la fin du processus en cours.

« La Régie juge que les tarifs et conditions de service provisoires proposés permettront d’assurer la sécurité des approvisionnements en électricité dans le contexte particulier de demandes massives, soudaines, inattendues et simultanées relatives à l’utilisation de la technologie des chaînes de blocs, y compris du minage de cryptomonnaies », fait-elle valoir dans sa décision.

Toutefois, étant donné que la preuve soumise par la société d’État « soulève certaines questions », le tribunal réglementaire tiendra des audiences mardi prochain pour entendre Hydro-Québec et les autres parties intéressées sur la question.

Les principales interrogations portent sur des conditions entourant l’application du tarif par Hydro-Québec à des réseaux municipaux.

« (La Régie) désire entendre le distributeur relativement à sa compétence de fixer les tarifs et conditions applicables aux réseaux municipaux en fonction de l’usage de l’électricité par la clientèle », fait valoir la décision.

Dans sa demande déposée la semaine dernière, la société d’État demandait au tribunal réglementaire d’approuver rapidement un « tarif dissuasif » destiné à ces nouveaux acteurs qui ont un appétit apparemment insatiable pour de l’énergie.

Hydro-Québec dit avoir reçu plus de 300 demandes d’entreprises voulant établir des chaînes de blocs au Québec en raison de l’énergie qui y est disponible, de la fiabilité de cet approvisionnement et du climat froid, un avantage pour des entreprises utilisant des équipements informatiques qui produisent beaucoup de chaleur.

Ce qui pourrait être vu comme un heureux problème est au contraire un scénario insoutenable; les projets représentent une demande totalisant quelque 15 000 mégawatts (MW), soit 40 pour cent du total de la capacité de la société d’État.

En citant des « circonstances exceptionnelles » évoquées par la société d’État, le tribunal réglementaire estime qu’il est justifié d’agir rapidement afin que cette dernière puisse s’assurer de répondre à la demande de sa clientèle.

« La Régie va entendre l’ensemble de notre demande, a expliqué un porte-parole d’Hydro-Québec, Jonathan Côté. Il est normal d’aller s’expliquer, mais en attendant, nos demandes ont été approuvées de façon provisoire. »

Déjà, l’Association des redistributeurs d’électricité du Québec (AREQ) et l’Union des consommateurs ont fait part de leur intention de participer aux audiences prévues mardi prochain.

Selon l’AREQ, les demandes d’Hydro-Québec entourant les réseaux municipaux pourraient causer des « préjudices sérieux » à ses membres, leurs clients ainsi qu’à l’économie locale. Toutefois, dans sa lettre visant à confirmer sa participation, cette association ne s’avance pas sur ses arguments.

Jusqu’ici, les entreprises qui se sont établies au Québec utilisent 120 MW et Québec prévoit accorder un bloc additionnel de 500 MW pour les nouveaux joueurs.

La Presse Canadienne