De l’optimisme pour les obligations de sociétés

Par Nicolas Ritoux | 11 août 2020 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Fortes d’une bonne performance durant la pandémie, elles pourraient encore profiter d’une reprise dans les 12 prochains mois, croit Patrick O’Toole, vice-président, titres à revenus fixes mondiaux à Gestion d’actifs CIBC.

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« En avril, nous avions recommandé aux investisseurs d’accroître leur exposition aux obligations de sociétés, tant dans la catégorie investissement que haut rendement. Leur performance a été encore meilleure que nous le pensions », dit Patrick O’Toole.

Selon l’expert, l’intérêt soutenu des investisseurs pour ces titres provient des programmes d’achats massifs annoncés aux États-Unis par la Fed, et chez nous par la Banque du Canada. À la fin du second semestre 2020, les obligations de sociétés canadiennes de catégorie investissement affichaient un rendement de 8,1 %, et les américaines à haut rendement atteignaient 9,5 %. « Des chiffres fantastiques », selon Patrick O’Toole.

« Les meilleures occasions sont clairement dernière nous. Cependant, les écarts de crédit demeurent plus larges qu’en début d’année, alors il leur reste de la place pour diminuer si l’économie s’améliore », analyse-t-il.

Patrick O’Toole se dit plus optimiste que le consensus envers la croissance du PIB canadien dans les douze prochains mois. Une attitude plutôt rare, car de son propre aveu, il s’est trouvé plutôt en-deçà du consensus dans les dix dernières années.

Pourquoi être optimiste maintenant ? Il cite quatre raisons : la réaction rapide et décisive de la Banque du Canada, qui a donné un coussin à l’économie, la forte capitalisation des banques canadiennes, qui seront capables de continuer de prêter et ainsi de « graisser » l’économie, les liquidités importantes que possèdent encore les sociétés non financières, et le soutien indéfectible des gouvernements canadien et américain.

« Dans ce contexte, nous pensons que les obligations de sociétés vont gagner du terrain dans les 12 prochains mois à mesure que l’économie se portera mieux, tandis que les obligations gouvernementales vont traîner de la patte. On devrait assister à une légère hausse des rendements des obligations gouvernementales à long terme, et leurs écarts de rendement avec les obligations de sociétés devraient se réduire tant pour la catégorie investissement que haut rendement », entrevoit Patrick O’Toole.

Cependant, il recommande de conserver des obligations souveraines ne serait-ce que pour se protéger contre les risques, qui sont encore nombreux.

« Il y a encore beaucoup d’incertitude autour de la pandémie. Si elle s’aggrave nettement, les rendements pourraient chuter davantage. Mais les gouvernements pourraient recourir à un contrôle de la courbe des rendements, comme on l’a vu au Japon ou en Australie, et qui consiste à interdire aux rendements de tomber sous un certain niveau. Il faut aussi se souvenir que les rendements des titres souverains sont négatifs dans la plupart des pays développés, alors qu’ils sont encore positifs en Amérique du Nord et vont certainement le rester. Enfin, les investisseurs devraient se diversifier, avec par exemple des obligations mondiales dans d’autres devises que le dollar américain, des fonds d’emprunts privés ou d’autres catégories d’actifs qui élargissent les possibilités et réduisent la volatilité. »

Ce texte fait partie du programme Gestionnaires en direct, de la CIBC. Il a été rédigé sans apport du commanditaire.

Nicholas Ritoux

Nicolas Ritoux

Nicolas Ritoux est journaliste indépendant. Il collabore à Conseiller.ca depuis 2009.