De plus en plus d’argent canadien dans les paradis fiscaux

Par Rémi Maillard | 6 mai 2014 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Les Canadiens se tournent de plus en plus vers les paradis fiscaux à des fins légales et illégales, affirme une nouvelle étude publiée par Canadiens pour une fiscalité équitable (CFE).

Selon l’organisme de surveillance, les sommes déposées dans une dizaine d’abris fiscaux à l’étranger par les entreprises et particuliers canadiens ont atteint le montant record de 170 milliards de dollars l’an dernier, soit une hausse de 15 milliards par rapport à 2012.

Le chiffre de 170 milliards de dollars est d’ailleurs « presque certainement » en deçà de la réalité, assure Dennis Howlett, directeur administratif de CFE. En effet, les données publiées ne reflètent que les sommes déclarées et ne tiennent pas compte des activités illégales.

Finances et assurances

Le CFE estime que les gouvernements fédéral et provinciaux perdent ainsi chaque année près de huit milliards en revenus. Et encore, cette somme ne correspond-elle qu’au seul recours légal aux abris fiscaux. En réalité, le quart des investissements canadiens à l’étranger aboutirait dans des paradis fiscaux.

Les données disponibles montrent qu’une proportion d’environ 40 % de tous les placements directs canadiens à l’étranger sont faits dans les secteurs des finances et des assurances. L’argent se retrouve essentiellement dans trois pays, qui « abritent » à eux seuls quelque 124 milliards.

Avec 63 milliards, la Barbade se taille la part du lion, suivie par les îles Caïmans (30,9 milliards) et par le Luxembourg (30,2 milliards).

« Manque de volonté politique »

Comme les autres pays du G8, le Canada s’est engagé à réduire l’évasion fiscale. Toutefois, CFE juge que le gouvernement fédéral n’a jusqu’à présent montré aucun signe qu’il était réellement disposé à lutter contre ce fléau.

L’Agence du revenu du Canada (ARC), par exemple, a perdu un grand nombre de ses employés au cours des dernières années à la suite des mesures d’austérité mises en place par Ottawa dans la fonction publique.

« Nous pourrions recueillir davantage d’argent si plus de ressources étaient consacrées à l’évasion fiscale. Les compressions ne seraient pas nécessaires si le gouvernement allait chercher tous ses revenus », estime Dennis Howlett.

« L’ARC a besoin de ressources et de volonté politique pour s’attaquer au problème des paradis fiscaux », conclut-il.

Rémi Maillard

Journaliste multimédia. Santé, environnement, société, finances personnelles. Également intéressé par les affaires publiques, les relations internationales, la culture… Passionné de cyclisme.