Demandes de crédit : bientôt la fin de la fraude?

Par Caroline Ethier | 24 novembre 2020 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : Brian Jackson / 123RF

Equifax Canada lance une nouvelle plateforme de prévention contre la fraude alors que celle-ci, notamment celle liée au crédit, est en forte augmentation.

La pandémie profite aux fraudeurs qui multiplient les stratagèmes d’hameçonnage. Le taux de fraude lié aux demandes de crédit a augmenté de 43 % cette année, atteignant un sommet en avril, rapporte Equifax Canada.

Dans un effort pour juguler ce type de fraude, l’agence d’évaluation de crédit lance Luminate, une plateforme basée sur l’infonuagique qui utilise l’apprentissage automatique pour anticiper la fraude et détecter les renseignements fallacieux.

Ce type de plateforme est utilisé depuis une dizaine d’années au Canada, mais ce qui distingue Luminate de la concurrence est principalement sa banque de données.

« La banque de données derrière cette plateforme est tout à fait unique, lance Francisco Leonelli, consultant en prévention de la fraude chez Equifax Canada, en entrevue avec Conseiller. C’est la plus grande banque de données de fraude au pays. Plus d’une trentaine de membres, soit des institutions financières, des assureurs, des prêteurs hypothécaires et automobiles et des fournisseurs de télécommunication y contribuent et la maintiennent. »

DES DONNÉES POUR PRÉVENIR LA FRAUDE

Lorsqu’une personne effectue une demande de crédit, des données la concernant sont automatiquement recueillies : le nom, le prénom, la date de naissance, mais aussi le numéro de cellulaire, l’adresse de courriel ou le numéro de téléphone au travail, bref, des données qui dessinent les contours de son identité.

« À travers ces éléments d’information, il y a une identité, et la gestion de l’identité passe par la gestion de ces éléments d’information », précise M. Leonelli. Luminate permet donc de créer des règles en fonction de ces informations et de les corroborer dans une banque de données établie.

Ce travail s’effectue au tout début du processus. La plateforme utilise l’apprentissage automatique pour déceler les tendances émergentes et contrer la fraude avant même qu’elle ne survienne.

« Ça nous permet non seulement de détecter la fraude projetée, mais aussi de gérer les faux positifs, pointe l’expert. On détecte la fraude, mais ça se fait au prix de la gestion de hauts taux de faux positifs. » Les faux positifs étant les cas où des demandeurs seraient identifiés par le système comme fraudeurs alors qu’ils ne le sont pas.

Un exemple de faux positif serait celui d’une personne qui a été victime d’un vol d’identité et qui aurait pris soin d’aviser son institution financière et l’agence de crédit. Une note au bureau de crédit indiquerait alors de traiter les demandes de crédit de cette personne d’une certaine façon puisqu’il y a eu vol d’identité dans le passé.

« On ne veut pas que cette demande soit traitée automatiquement comme toutes les autres », note l’expert. Or, si cette personne décide un jour de faire une demande de crédit, cela déclencherait une alerte à la fraude. Une situation peu souhaitable que la plateforme Luminate permettrait d’éviter.

PLUS D’UN MILLIARD DE PERTES POTENTIELLES ÉVITÉES En 2019, Equifax dit avoir contribué à stopper 1,5 milliard de dollars (G$) de pertes potentielles dues à la fraude. C’était avant Luminate. Si l’agence de crédit n’a pas encore estimé les pertes évitées pour 2020, il y a fort à parier qu’elles seront encore plus importantes.

« Je n’ai aucun doute que ce chiffre-là va augmenter parce que la fraude devient malheureusement de plus en plus présente, surtout la fraude reliée à l’identité », prévient M. Leonelli.

UNE LUTTE COLLECTIVE

La lutte contre la fraude doit être un objectif collectif, insiste l’expert. « La meilleure façon de lutter est que chacun fasse sa part. Plus on fait notre part, plus il sera difficile pour les fraudeurs d’avoir les renseignements nécessaires. Malheureusement, en faire plus ne compense pas pour ceux qui ne font rien », déplore Francisco Leonelli.

Il ajoute qu’en minimisant la fraude, le résultat concret pour une entreprise est de non seulement contribuer à cet objectif collectif, mais de réduire les pertes et d’augmenter les profits. « Je pense que c’est plus important que jamais. Surtout maintenant », conclut-il.

Caroline Ethier