Des centaines d’investisseurs québécois probablement floués

Par La rédaction | 30 octobre 2015 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Les promoteurs d’un projet d’investissement douteux, qui promettent des rendements de 900 % à des investisseurs québécois ayant déjà déboursé plus de 8 millions de dollars, usent de tous les moyens pour légitimer leur projet, notamment en utilisant à tort le nom du réalisateur vedette Steven Spielberg.

Depuis cinq ans, Mark-Érik Fortin et Karine Lamarre ont ainsi amassé plusieurs millions pour le compte de Jean-François et Geneviève Gagnon, un couple de réalisateurs et producteurs installés en Californie, qui tente prétendument de vendre un projet à un studio hollywoodien et qui affirme avoir pour ami nul autre que Steven Spielberg. Le projet en question, nommé Lovaganza, consisterait en une série de neuf films tournés sur tous les continents et racontant l’histoire de héros qui sauvent l’univers.

Un projet qui, lorsqu’il sera signé, générera selon les producteurs des revenus de 90 milliards de dollars par année. C’est une estimation des plus ambitieuse, car à titre d’exemple, le film qui a connu le plus de succès au box-office cette année, Le Monde Jurassique (incidemment réalisé par Spielberg), a amassé jusqu’à maintenant un peu plus de 650 millions de dollars…

Mark-Érik Fortin et Karine Lamarre viennent d’ailleurs d’être sommés par les avocats de Steven Spielberg de cesser toute utilisation de son nom, rapporte le journal La Presse. Le chanteur de U2, Bono, ou encore le photographe Julian Lennon, fils de l’ex-Beatles, ont eux aussi démenti soutenir l’aventure.

Avec cet énième rebondissement, les petits épargnants – il y en aurait jusqu’à 650 – voient la probabilité qu’ils fassent un jour fructifier leur mise s’envoler un peu plus encore.

« Les promoteurs de Lovaganza leur promettaient de leur rembourser jusqu’à 10 fois la somme prêtée, à la signature d’un contrat avec un grand studio de production, soit un rendement de 900 %. Vous prêtez 1 000 $, on vous remet 10 000 $, explique La Presse.

L’AMF LES A À L’OEIL

Plusieurs investisseurs déplorent aujourd’hui que, après tout ce temps et avec les sommes considérables recueillies, il n’y ait toujours pas de films ni de projets humanitaires ni évidemment de rendement pour les investisseurs, tel que promis. Les millions amassés auraient plutôt servi à soutenir le train de vie du couple Gagnon, à Hollywood et en voyage partout dans le monde, où ils ont soi-disant fait du repérage et tourné des bouts d’essai pour leurs films.

De son côté, l’Autorité des marchés financiers (AMF) enquête depuis plusieurs mois sur Lovaganza.

Le gendarme a déjà fait bloquer les comptes bancaires de trois organisations et huit personnes liées à ce projet depuis juin 2014, alléguant que l’argent investi serait envoyé à l’étranger ou dilapidé.

Des ordonnances de blocage, d’interdiction d’opération sur valeurs et d’interdiction d’agir à titre de conseiller en valeurs ont également été déposées dans cette affaire par le Bureau de décision et de révision l’année dernière.

Manifestement, celles-ci n’ont pas empêché les promoteurs de poursuivre leur manège, puisque les sommes récoltées auprès d’investisseurs québécois sont passées de 1,75 million à 8,5 millions de dollars entre mai 2014 et aujourd’hui.

Pendant ce temps-là, Jean-François Gagnon continue à publier des égoportraits le montrant devant les pyramides en Égypte, le Taj Mahal, le Colisée à Rome, l’Opéra à Sydney, en Australie, en safari au Kenya, au Grand Prix de Monaco et ailleurs dans le monde, souligne La Presse.

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Gare aux investissements dans le projet Lovaganza!

La rédaction