Des FNB qui en fument du bon

Par La rédaction | 1 mars 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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La culture légale de la marijuana à des fins thérapeutiques ou récréatives est devenue une véritable manne, au point où plusieurs fonds négociés en Bourse (FNB) s’y intéressent désormais, rapporte La Presse.

« Depuis que le Colorado et Washington ont légalisé en premier le pot à des fins récréatives en 2012, le nombre d’entreprises connexes a augmenté et, avec cela, l’intérêt côté investissement pour cette industrie », explique dans le quotidien montréalais Daniel Strauss, spécialiste des FNB à la Banque Nationale.

Celui-ci ajoute qu’il existe « au moins une douzaine » de fonds privés axés sur le cannabis aux États-Unis et un au Canada.

« FAIBLE LIQUIDITÉ ET GRANDE VOLATILITÉ »

La firme Horizon, qui représente environ 5 % du marché canadien des FNB, a en effet déposé un prospectus préliminaire afin de mettre en marché le fonds Marijuana médicale sciences de la vie et de l’inscrire à la cote à la Bourse de Toronto, précise La Presse.

Ce fonds « calque l’indice Solactive centré sur les actions et certificats d’entreprises canadiennes et américaines ayant des activités importantes dans l’industrie de la marie-jeanne. Il n’y a pas de couverture pour le risque de change, chaque placement est plafonné à 10 % du portefeuille et les frais de gestion sont établis à 0,75 % », détaille le quotidien, qui précise que l’indice inclut aujourd’hui 13 compagnies canadiennes et cinq américaines.

Daniel Strauss anticipe néanmoins « une faible liquidité et une grande volatilité pour l’indice du pot et le fonds qui lui est associé », car la plupart des sociétés de ce secteur sont encore de petite taille, voire à un stade de développement précoce.

UN MARCHÉ ESTIMÉ À 10 G$ AU CANADA

Les quatre principaux producteurs et commerçants de marijuana sur le marché boursier canadien sont Canopy Growth, Aurora Cannabis, Aphria et OrganiGram Holdings, indique La Presse, qui souligne que la valeur de l’action de Canopy « a plus que triplé dans les six derniers mois ».

« L’entreprise, qui cultive notamment des plants dans une ancienne usine de chocolat Hershey […], pèse maintenant près de deux milliards de dollars à la cote. C’est davantage que tout le Groupe Jean Coutu, et cela, avec des revenus annuels de seulement 30 M$ et sans le moindre cent de bénéfice au compteur », s’étonne le journal.

Le marché de la marijuana au pays est estimé à plus de 10 milliards de dollars, mais le gouvernement fédéral ne semble toujours pas décidé à adopter une position claire dans ce domaine. Une bonne raison d’y voir à deux fois avant d’investir dans un FNB lié à cette drogue, estime Will Ashworth, cité par La Presse. Si l’on en croit ce chroniqueur du site de vulgarisation financière Motley Fools Canada, Ottawa pourrait en effet ne pas légaliser le cannabis récréatif avant 2018 ou 2019, tandis que le nouveau pouvoir en place à Washington, lui, risque fort de ne jamais le faire.

CERTAINES BANQUES RESTENT MÉFIANTES

Signe que la méfiance envers la marijuana demeure forte au pays, deux institutions financières ont récemment annoncé qu’elles renonçaient à fournir des comptes à des sociétés liées à ce secteur, obligeant certains entrepreneurs à trouver une solution de rechange.

En août dernier, un porte-parole de la Banque Scota, Rick Roth, expliquait ainsi dans un courriel que celle-ci entendait « gérer les risques judicieusement tout en prenant des décisions d’affaires prudentes », ce qui justifiait sa décision de fermer les comptes existants de certaines compagnies et de « proscrire l’ouverture de nouveaux comptes pour des clients classés comme des “entreprises liées à la marijuana” ».

À la même époque, la Banque Royale avait elle aussi indiqué qu’elle n’offrirait plus de services bancaires à des sociétés « impliquées dans la production et la distribution de cannabis ». « Nous confirmons que cela fait partie de nos pratiques d’affaires. La banque revérifie périodiquement les relations avec ses clients en fonction de plusieurs facteurs afin de mesurer les bénéfices et les risques associés à ces services bancaires », avait alors déclaré l’un de ses porte-parole.

MISES EN GARDE DES ACVM

De leur côté, les Autorités canadiennes en valeurs mobilières (ACVM) invitent depuis longtemps à la prudence les particuliers désirant investir dans les actions de sociétés produisant de la marijuana à des fins médicales. En juin 2014, elles notaient par exemple que, dans la foulée de la nouvelle réglementation entrée en vigueur quelques semaines auparavant, un « nombre important » d’émetteurs assujettis avaient annoncé leur intention de se lancer dans la culture et la vente de cannabis.

Relevant que « dans bon nombre des cas, le seul fait d’annoncer une intention de se consacrer à ce genre d’activité » s’était traduit « par une hausse immédiate du cours de l’action de la société », les ACVM mettaient en garde les investisseurs contre le risque qu’ils subissent un préjudice financier en achetant de telles actions à un prix gonflé avant que l’entreprise ne soit viable économiquement.

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