Des titres professionnels incompris du public

Par La rédaction | 3 avril 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Décrié depuis longtemps dans l’industrie, le manque de clarté des titres professionnels en services financiers commence à avoir des échos dans le grand public.

En entrevue à CBC, Mike Black explique s’être senti « complètement trahi » par des employés aux « titres impressionnants » de RBC Dominion valeurs mobilières. L’homme qui a confié près d’un million de dollars à l’institution financière affirme avoir obtenu, sur une période de six ans, des rendements bien en-deçà de la moyenne du marché.

Pendant les trois premières années, c’est un « conseiller » qui a géré le portefeuille de M. Black. En raison des mauvais rendements obtenus, son compte a ensuite été transféré à un « vice-président ». Mais les choses ne se sont pas améliorées.

« Mon portefeuille, c’est ma retraite. Tout ce qu’ils font, c’est de vendre ce que la banque veut qu’ils vendent », affirme Mike Black.

Le vice-président en question est en fait inscrit comme dealing representative (représentant de courtier). Selon la Small Investor Protection Association (SIPA), il ne s’agit ni plus ni moins que d’un titre de vendeur.

GAGNER LA CONFIANCE DU CLIENT

Des 121 000 personnes inscrites comme professionnels en services financiers au Canada, seulement 4000 sont soumis à un devoir fiduciaire, c’est-à-dire qu’ils ont l’obligation légale d’agir dans le meilleur intérêt du client. Tous les autres sont essentiellement des vendeurs, déplore l’association.

« Le nerf de la guerre aujourd’hui, c’est de gagner la confiance du client », explique à CBC Larry Elford, ancien gestionnaire de placements certifié à RBC et maintenant chercheur principal à la SIPA. « On n’explique jamais au client que le conseiller devant lui est en fait un vendeur qui reçoit des commissions. »

Les ACVM ont d’ailleurs confirmé à CBC que la plupart des titres qu’utilisent les employés dans l’industrie financière ne sont pas réglementés.

De nombreux employés de banques ont également contacté le diffuseur public en expliquant agir avant tout comme des vendeurs en raison de la pression qu’ils subissent pour atteindre des objectifs de vente. Un représentant en services financiers de TD a par exemple confié, sous le couvert de l’anonymat, « passer 90% de ses journées à tenter d’atteindre des cibles ».

« Dans le jargon des banques, le titre de conseiller en services financiers désigne des vendeurs », indique pour sa part un employé de CIBC.

Un directeur de succursale de RBC en Colombie-Britannique a même confié que les caissiers portent désormais le titre de « conseiller à la clientèle » (client advisors).

RESSERER LA VIS

Stan Buell, fondateur de la Small Investor Protection Association, réclame une réglementation plus stricte. Pour commencer, il souhaite que les banques fassent preuve de transparence et appellent leurs employés des vendeurs, et non des conseillers « ou toute autre désignation laissant entendre qu’ils travaillent dans l’intérêt du client ».

« L’autoréglementation ne fonctionne pas très bien dit-il. Il faudrait mettre en place une agence externe qui ne serait pas composée de représentants de l’industrie. »

La rédaction