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Dans une récente édition du Globe and Mail, le chroniqueur financier Rob Carrick souligne que l’on culpabilise souvent les Canadiens quant au mauvais état de leurs finances et leur manque de préparation à la retraite. Et si le réel coupable était la stagnation des salaires?

Le chroniqueur a observé la croissance du revenu médian des foyers au pays de 2005 à 2015, selon Statistique Canada. Il note que la moyenne canadienne de 10,8 %, déjà pas énorme sur une décennie, est trompeuse. En effet, elle est dopée par la forte croissance cumulative des revenus en Alberta, à Terre-Neuve-et-Labrador et en Saskatchewan (trois provinces riches en pétrole et en gaz). Dans ces provinces, cette croissance sur dix ans a varié entre 24 et 36,5 %. Mais au Québec, elle se situait à 8,9 %, alors que l’Ontario n’a enregistré qu’une maigre croissance de 3,8 %.

Selon la Banque du Canada, le coût d’un panier de bien et services a augmenté de 18,99 % entre 2005 et 2015. C’est donc dire qu’au Québec et en Ontario, le revenu médian des foyers n’a pas suivi l’inflation.

CONTEXTE DÉFAVORABLE

En plus de cet appauvrissement, Rob Carrick note que dans plusieurs marchés, le prix de l’immobilier a atteint des sommets. De plus, les emplois stables, permanents, assortis d’un régime de retraite avec cotisation de l’employeur se raréfient. C’est donc dire que pour toute une génération, l’accès à la propriété et la perspective d’une retraite confortable deviennent beaucoup moins évidents.

Dans un tel contexte, comment s’étonner que l’argent devienne un sujet de stress pour de nombreux Canadiens et Canadiennes? Dans un récent sondage de Seymour Management Consulting réalisé en 2017, près de la moitié des participants soutenaient que les finances étaient une cause de stress émotif extrême et quatre sur dix avouaient qu’ils n’en dormaient plus.

PAS JUSTE UNE MAUVAISE GESTION

Bien sûr, une partie de ce stress provient d’une mauvaise gestion des finances, notamment des dépenses trop importantes et un trop grand recours à l’endettement. Cependant, on oublie trop souvent que le contexte économique génère une bonne part des difficultés financières dans de nombreux foyers. L’endettement, notamment, est souvent lié à des difficultés du côté du revenu.

Ironiquement, la bonne santé de notre économie dépend largement des dépenses des ménages, mais ne fournit pas à ces derniers les moyens de dépenser sans s’endetter.

On peut bien dire que les gens vivent au-dessus de leurs moyens, mais à un certain moment, il faut jeter un œil sur ces moyens, souligne Rob Carrick. Ce dernier s’encourage en notant que le salaire horaire a augmenté de 3,6 % en juin 2018 par rapport au même mois en 2017. C’est plus que l’inflation, qui a pourtant été assez forte, à 2,5 %. Mais cela ne permet pas de rattraper le retard accumulé en une décennie. On peut même se demander s’il sera possible de le faire avant la prochaine récession.

Les foyers doivent continuer de surveiller leurs dépenses, mais il faut aussi se demander ce qu’il est possible de faire pour augmenter ses revenus, dans une économie qui ne permet pas facilement d’y arriver. Avez-vous des conseils pour les épargnants dont les revenus stagnent depuis plusieurs années? Sont-il condamnés à s’appauvrir?