Moins de dépenses publiques pour attirer le privé

Par La rédaction | 13 février 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Un homme d'affaire devant un tableau qui dessine une baisse.
Jrg Stber / 123rf

L’Institut économique de Montréal (IEDM) estime que la condition essentielle pour réaliser le souhait du premier ministre du Québec d’attirer les investissements privés dans la province est de hausser la productivité de cette dernière. Pour ce faire, il faudrait réduire les dépenses publiques.

Connu pour alimenter le débat sur les politiques publiques en proposant des réformes fondées sur les principes de l’économie de marché et de l’entrepreneuriat, l’IEDM affirme qu’en l’état des choses, le Québec ne serait pas intéressant pour les investisseurs privés.

« Le Québec a enregistré l’un des plus faibles taux de croissance du niveau de vie parmi les pays développés depuis les années 1980 et se classe en queue de peloton quand on compare son niveau de vie avec celui d’autres pays et provinces. Nous pouvons sortir de ce marasme, notamment en haussant notre productivité », explique Germain Belzile, chercheur associé senior à l’IEDM et coauteur de la publication dans un communiqué.

Pour hausser la productivité de la province et ainsi augmenter le niveau de vie des Québécois, l’IEDM affirme que le Québec devrait réduire ses dépenses publiques, surtout que la Belle Province dépense plus que l’Ontario, moyenne des autres provinces à l’appui.

« Les études, notamment celles de l’OCDE, montrent que les économies où les gouvernements interviennent et dépensent le plus sont également les moins dynamiques, c’est-à-dire celles qui enregistrent les taux de croissance les plus faibles », souligne Maher Gordah, économiste à l’IEDM et coauteur de la publication.

Dans l’ensemble du pays, le poids de l’État représenterait environ 41 % du produit intérieur brut (PIB), et au Québec ce ratio grimperait à 52 %. Le gouvernement prend donc plus de place dans l’économie de la province, à hauteur de 27 % en comparaison avec la moyenne canadienne. Selon l’IEDM, un tel niveau de dépenses et d’interventions dans l’économie serait néfaste aux potentiels gains de productivité, qui a une incidence essentielle sur la hausse du niveau de vie.

« Cela nous rappelle une fois de plus que faire le choix d’un État dépensier revient à diminuer le niveau de vie des Québécois. Réduire la dépense publique pourrait freiner cette tendance et enrichir les Québécois. La tendance des trente-cinq dernières années et la comparaison avec des économies semblables sont sans appel : si le gouvernement veut vraiment encourager l’investissement privé – et il n’y a aucune raison d’en douter –, il doit prioriser une réduction de ses dépenses et, plus généralement, intervenir moins dans l’économie. C’est de cette seule façon que le potentiel de prospérité des Québécois sera pleinement réalisé », dit Germain Belzile.

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Ce n’est pas la première fois que l’IEDM présente une idée de la sorte et tout le monde n’est pas forcément d’accord. Ainsi, en novembre 2018, Pierre Langlois, chroniqueur au Huffington Post, détruisait la théorie de Germain Belzile. S’il rejoignait le chercheur associé à l’IEDM en affirmant qu’il était possible de mesurer la place que prend l’État dans l’économie grâce à sa part du PIB, il disait également qu’il n’y avait pas de lien entre cette participation plus ou moins grande de l’État avec la prospérité de ses habitants, et donc leur PIB.

Ainsi, en se basant sur les chiffres du FMI de 2013, il montre que les dépenses du gouvernement mexicain correspondaient à 26 % de son PIB, alors que celles du Canada atteignaient 41 %. Le Mexique intervient donc peu dans l’économie de son pays, ce qui devrait améliorer la prospérité de ses habitants. Pour autant, le PIB par habitant des Mexicains (19 480 dollars américains) était bien plus bas que le nôtre (48 141 $ US).

Selon lui, ces résultats démontrent qu’il n’y a pas de lien entre la taille d’un État et la richesse du pays.

Et vous, que pensez-vous de la théorie de l’IEDM ? Si l’État priorisait une réduction de ses dépenses et intervenait moins dans l’économie, est-ce que cela attirerait davantage d’investisseurs individuels?

La rédaction