Diversification du portefeuille obligataire

Par Alexandre Daudelin | 2 juin 2010 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Le 27 mai dernier, l’International Foundation présentait sa 11e conférence sur la gestion des caisses de retraite après la crise, à l’École des Hautes Études Commerciales de Montréal. Voici donc le premier d’une série de quatre articles sur cette conférence, qui seront diffusés au cours des deux prochaines semaines.

La récente crise financière a ébranlé plusieurs convictions en mettant en évidence de nouveaux risques. Pensons simplement au risque de liquidité et à la corrélation des marchés dans les situations extrêmes.

La crise financière a aussi démontré que la gestion active dégageait beaucoup de corrélation entre les vecteurs. Certains vont même jusqu’à se demander si la valeur ajoutée des gestionnaires serait dépendante des marchés d’actions.

Pierre Bélanger, vice-président à la gestion du portefeuille placements, Fonds de solidarité FTQ, a ouvert la conférence en demandant aux quelque 300 personnes s’il était préférable de diversifier les actifs par le portefeuille obligataire ou diversifier le portefeuille obligataire?

Pour lui, la diversification des actifs s’effectue par le portefeuille obligataire. « Cela permet de définir le portefeuille de référence, l’allocation du budget de risque ainsi que le choix des risques gérés et la gestion active retenue », a-t-il dit.

Il a ensuite étudié les différentes obligations par type d’émetteur, avant de s’attaquer aux sources de valeur ajoutée. La gestion de la durée est sans doute la plus connue, mais il y a aussi la gestion de la courbe – qui est souvent dépendante de la gestion de la durée. «La gestion des crédits qui détermine l’allocation entre les obligations par type d’émetteur ainsi que la gestion périphérique, qui surveille notamment le risque de devise et analyse l’utilisation de produits dérivés, sont aussi des sources de valeur ajoutée à considérer », a indiqué M. Bélanger.

7 mythes à démystifier M. Bélanger a ensuite démystifié 7 mythes concernant le rôle de diversification des portefeuilles obligataires :

1. Les actifs obligataires ne sont pas risqués : la récente crise de 2008-2009 a montré le contraire.

2. Les obligations gouvernementales ne sont pas risquées : depuis 1983, on note 13 défauts de pays cotés par Moody’s, sans compter ceux non couverts. Il y a certaines inquiétudes reliées à la capacité de rembourser la dette.

3. La corrélation entre les actions et les obligations est faible : en analysant les données du S&P et du CDS HY des quatre dernières années, on constate que la corrélation est indéniable.

4. Les obligations sont une classe d’actif très liquide : il faut y penser deux fois puisque transiger des obligations dans des marchés peu liquides peut coûter très cher.

5. On ne peut pas tout perdre quand on détient une obligation : Teleglobe est un excellent exemple du contraire et certains souffrent encore, plusieurs années plus tard.

6. Les banques canadiennes sont trop grosses et trop concentrées; la diversification internationale hors de l’indice de référence diminue les risques… : Quelques institutions bancaires mondiales ont connu d’importantes difficultés dans les dernières années prouvant que cette affirmation est fausse.

7. Les courtiers qui amènent les obligations au marché vont supporter leurs émissions : les exemples sont nombreux démontrant le contraire (obligations Maples, les structures de titrisation, les papiers commerciaux adossés à des actifs). Il faut maintenant être prudent avec les obligations à haut rendement qui, avec la remontée des marchés, semblent être la nouvelle tendance à explorer.

En conclusion, M. Bélanger insiste pour dire que chaque caisse de retraite doit choisir une structure de portefeuille en fonction de ses objectifs et ses contraintes. « Il ne faut jamais oublier que la notion de risque est variable selon le profil de la caisse. Du risque, il y en a partout à différent dosage. Il s’agit de le reconnaître le mieux possible pour ensuite tenter de le baliser.»

Alexandre Daudelin