Donald Trump ne voudrait plus démanteler les grandes banques

Par La rédaction | 23 mai 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Donald Trump a-t-il changé d’idée sur le démantèlement des grandes banques? On peut le croire après les récents propos de son secrétaire au Trésor devant le Sénat.

Au début du mois, le président américain disait réfléchir à l’idée de démanteler les grandes banques. Plusieurs analystes croyaient qu’il souhaitait rétablir des dispositions de la loi Glass-Steagall, une promesse répétée mainte fois en campagne électorale.

En vigueur au États-Unis de 1933 à 1999, cette loi prévoyait une séparation entre les activités des banques de dépôt, d’investissement et de spéculation. Pour beaucoup, l’abolition de cette séparation par l’administration Clinton a été l’une des causes importantes de la crise de 2008, contribuant notamment à la chute de Lehman Brothers. C’est notamment ce que soutient le journaliste néérlandais Joris Luyendijk dans son livre Plongée en eau trouble – Enquête explosive chez les banquiers.

Mais ce n’est pas ce que pense le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin. Devant une commission du Sénat américain, il a soutenu jeudi que la fusion des banques de détail et des banques d’affaires n’est pas à l’origine de la crise financière de 2008 et que revenir à une stricte séparation serait une grave erreur. Selon cet ancien banquier de Goldman Sachs, un tel geste aurait un impact négatif important sur les liquidités et l’activité de prêts. Du même souffle, il lance que l’administration pourrait tout de même remettre en vigueur certaines dispositions de Glass-Steagall, sans préciser lesquelles.

VIDER LA LOI DE SON SENS?

Les affirmations du secrétaire au Trésor voulant que l’administration Trump puisse rétablir certaines dispositions de la loi Glass-Steagall sans séparer les activités des banques ont fait sursauter la sénatrice démocrate Elizabeth Warren. Pour elle, cette distinction entre banques de détail et banques d’affaires constituait l’essence de cette législation.

« Que pensez-vous que Glass-Steagall était, si ce n’est une séparation des banques de dépôt et d’investissement », lui a-t-elle demandé, laissant aussi entendre que l’administration américaine se pliait aux pressions du lobby des grandes banques.

Ce n’est pas la première fois qu’elle décrie cette proximité entre Goldman Sachs et l’administration américaine. En février dernier, elle cosignait une lettre adressée au PDG de la banque d’affaires pour lui demander de s’expliquer sur l’implication de sa banque dans l’élaboration des politiques de l’administration Trump, notamment le démantèlement de la loi Dodd-Frank.

UN LOBBY TRÈS ACTIF

Selon une analyse de Public Citizen, 20 % des dirigeants d’entreprise qui ont rencontré un membre de l’administration Trump dans les 100 premiers jours de son mandat représentaient le secteur bancaire ou financier.

Les banquiers sont d’ailleurs bien présents dans l’entourage même du président. En plus de Steven Mnuchin, le stratège en chef Stephen Bannon et le directeur du conseil économique national Gary Cohn sont tous des anciens de Goldman Sachs. Lors de la campagne, Donald Trump a pourtant dénoncé sans cesse le fait que Hillary Clinton avait prononcé des allocutions rémunérées devant des banquiers de Goldman Sachs. Apparemment, le nouveau président préfère, lui, les payer.

Le secrétaire au commerce, Wilbur Ross, est pour sa part un ancien de la banque Rothschild. Il est surnommé le « roi de la faillite » en raison de ses nombreux rachats d’entreprises en difficulté, qu’il revendait après les avoir restructurées.

C’est donc sans surprise que l’administration Trump a pris la direction d’une dérégulation accrue des activités des banques depuis son arrivée au pouvoir.

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