Dossier Archibald : Desjardins Assurances revient sur sa décision

Par La rédaction | 26 février 2018 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Desjardins Assurances a finalement révisé le dossier de Samuel Archibald et décidé de lui accorder des prestations d’assurance maladie, et ce, de manière rétroactive, a annoncé l’écrivain et professeur à l’UQÀM.

Dans une entrevue accordée jeudi à l’animateur Paul Arcand sur 98,5 FM Montréal (podcast audio), l’auteur de la lettre ouverte qui avait suscité un vaste débat sur le traitement réservé aux dossiers de santé mentale par les compagnies d’assurance est revenu sur ses déboires. Il a estimé que, dans son cas, « la procédure a suivi son cours normal » mais « sans doute pas à la vitesse normale », grâce à la médiatisation de sa lettre qui a mis de la pression sur Desjardins. « Je ne sais pas si les choses auraient pu se régler de cette façon-là et à cette vitesse-là autrement », a-t-il reconnu.

Samuel Archibald a notamment expliqué qu’il avait été contacté par « le vice-président de chez Desjardins, qui a été extrêmement courtois », avec lequel il a eu « un suivi régulier » depuis une semaine. « Donc, finalement j’ai eu ce que je rêvais d’avoir depuis le début, c’est-à-dire de la transparence, et c’est ce qu’on devrait peut-être avoir pour tous les assurés. Tout à coup, on n’a pas hésité à m’appeler, on m’a informé de l’étape où en était mon dossier », s’est-il félicité.

« BEAUCOUP DE GENS SUBISSENT LE MÊME GENRE DE PRESSIONS »

L’écrivain et enseignant québécois souhaite néanmoins aller au-delà de son cas personnel. « La question que beaucoup de gens m’ont posée, c’est : « Moi qui vis des difficultés très semblables, quels sont mes recours si je ne peux pas publier de lettre dans le journal? ». Alors après avoir poussé un grand soupir de soulagement en apprenant que mon dossier était réglé, je me suis dit : j’espère que ce n’est pas la fin [des problèmes] juste pour moi. Souvent, soit en assurance collective soit pour les assurances vendues sur Internet, les témoignages que j’ai reçus montre qu’il y a un côté nébuleux. Tant que tout va bien, il y a une certaine clarté, mais quand tout à coup ça se met à dérailler, on ne sait plus à qui il faut parler ni comment marche le processus de révision, ce n’est pas clair », a-t-il déploré.

À la suite des nombreux commentaires et témoignages qu’il a reçus après la publication de sa lettre ouverte dans La Presse+, Samuel Archibald dit s’être « rendu compte qu’il y a beaucoup de gens qui souffrent de problèmes physiques et qui subissent le même genre de pressions et de problèmes » que dans le cas de la maladie mentale. Il a par ailleurs expliqué avoir également pris conscience du fait que « non seulement beaucoup de gens ont du mal à avoir des prestations, mais que même quand ils les obtiennent c’est parfois un problème aussi, parce que la maladie mentale est souvent incomprise ».

« Dans ce cas, a-t-il poursuivi, même lorsque ces personnes reçoivent les prestations auxquelles elles ont droit, elles subissent des pressions pour retourner au travail, notamment à travers le suivi de leur dossier. Tout ça est tellement pressurisant et non compréhensif que ça te rend malade ou que ça ne t’aide pas à guérir. (…) Il y a une obsession de la part des assureurs de toujours vouloir qu’il y ait une date de retour au travail. »

« J’ESPÈRE QUE MON CAS SERVIRA À AMÉLIORER LES CHOSES »

Samuel Archibald a ensuite abordé la question du projet de loi 141 sur l’amélioration de l’encadrement du secteur financier. « C’est un projet de loi libéral, donc par « amélioration de l’encadrement », je pense qu’il faut lire plutôt « amoindrissement de l’encadrement », et dans le cas des dossiers d’assurance, on risque de relâcher le rôle du conseiller. Donc on n’aura même plus cette soupape de sécurité qu’était le courtier, qui doit faire l’intermédiaire entre l’assuré et l’assureur. Il y a aussi toute la question des plaintes; si le projet de loi est adopté, (…) les assureurs deviendront à la fois juges et jury jusqu’au bout des dossiers, ce qui me semble potentiellement assez problématique. »

Finalement, l’écrivain a souligné que, maintenant que son dossier était réglé sur le plan administratif, il allait « enfin pouvoir [se] soigner ». « Parce que ces derniers mois, ce n’est pas ce que j’étais en train de faire, j’étais juste en train d’essayer d’empêcher le bateau de couler financièrement. Mais le fait de combattre et de mener cette bataille m’a beaucoup aidé. Je pense que les médias sociaux vont servir à ça, il y a beaucoup de gens qui en ont parlé. (…) Si mon cas peut donner une impulsion pour améliorer les choses, ce sera pour moi un vrai soulagement. » Rappelant que le Syndicat canadien de la fonction publique avait récemment demandé qu’il y ait un organisme de révision des décisions indépendant en cas de litige, il a jugé que « ce serait là une idée brillante ».

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