Écoblanchiment : l’épine dans le pied des fonds ESG

Par Aaron White | 23 juin 2021 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Un pinceau avec des poils en herbe.
bodo23 / iStock

Les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) ne sont pas encore suffisamment réglementés, estime Aaron White, vice-président des investissements dans le développement durable à Gestion d’actifs CIBC.

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« Au Canada, la réglementation et les normes industrielles concernant les critères ESG n’en sont qu’à un stade précoce de développement, et l’écoblanchiment (greenwashing) est le plus grand défi auquel nous faisons face », précise-t-il.

Selon l’expert, la popularité croissante des produits financiers portant l’étiquette ESG pousse certaines entreprises à élargir librement leur définition du développement durable. Faute de règles claires, les investisseurs ont du mal à distinguer le bon grain de l’ivraie. Mais des plans sont en cours pour apporter de la clarté dans le marché.

« Le Bureau du superintendant des institutions financières et la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario commencent à s’intéresser à la manière dont nous divulguons nos procédés aux investisseurs en matière de critères ESG. Des organismes comme les associations de CFA travaillent au développement d’un langage et d’une classification que les professionnels de la finance pourront adopter. Le gouvernement fédéral a mis sur pied en mai le Conseil d’action en matière de finance durable, qui doit plancher sur les fondations structurelles requises pour développer le marché de la finance durable au pays », énumère Aaron White.

Il cite aussi le cas de l’Europe, dont la réglementation peut inspirer celle du Canada.

« Elle comprend un cadre de définition des objectifs et un système d’imputabilité pour les gestionnaires et les détenteurs d’actifs. Leur modèle de divulgation en finance durable comprend des règles rigoureuses pour assurer la transparence du marché, et c’est un outil efficace pour prévenir l’écoblanchiment. »

Le système de classification européen inclut un étiquetage selon le degré de durabilité des stratégies d’investissement. Celles étiquetées 6 n’intègrent aucune démarche durable dans leurs procédés, tandis que les 8 s’attardent aux caractéristiques ESG des entreprises, avec pour but par exemple de minimiser l’empreinte carbone des portefeuilles de placements. L’étiquette 9, quant à elle, revient aux stratégies qui ciblent exclusivement des placements durables, par exemple en se basant sur les objectifs de développement durable des Nations-Unies, pour lutter contre le changement climatique, ou encore pour favoriser l’égalité des sexes. Ce système de classification est facilement accessible aux investisseurs et aux conseillers européens, ce qui simplifie le processus de diligence raisonnable quand on cherche à réaliser des investissements durables.

« Je crois que la réglementation européenne va inévitablement servir de guide aux régulateurs du monde entier qui souhaitent améliorer la transparence et l’imputabilité dans leurs marchés, et on peut s’attendre à voir un système de classification similaire s’imposer au Canada », avance Aaron White.

D’ici là, pour déjouer l’écoblanchiment, les gestionnaires de portefeuille n’ont d’autre choix que d’être aussi transparents que possible concernant leurs critères de sélection de placements, croit-il.

« L’une des difficultés auxquelles nous faisons face est l’accès aux données. Il n’existe aucune méthode de divulgation normalisée, et quand on regarde les méthodologies employées par les agences de notation comme Sustainalytics, MSCI ou S&P, qui sont les chefs de file en la matière, aucune ne ressemble à l’autre », déplore Aaron White.

« L’un des principaux défis de notre industrie est de bien comprendre ce que les entreprises devraient divulguer, et comment on peut évaluer ces informations et les intégrer à nos processus d’investissement. Pour le moment, les gestionnaires de portefeuille développent chacun leur approche plutôt que se fier à des normes établies. »

Ce texte fait partie du programme Gestionnaires en direct, de la CIBC. Il a été rédigé sans apport du commanditaire.

Aaron White

Vice-président et gestionnaire de portefeuille de clients Placements durables Aaron White fait partie de l’équipe Gestion d’actifs institutionnels. Il se concentre sur les placements durables et l’amélioration des capacités ESG de l’entreprise, y compris l’élaboration et la mise en œuvre de politiques et la communication avec les clients. Il gère et crée également des solutions de placement durables et efficaces pour les clients actuels et potentiels ainsi que les conseillers. Avant d’occuper son poste actuel, M. White a occupé les postes de gestionnaire de portefeuilles de clients et de directeur en chef, Ventes régionales au sein de Gestion d’actifs CIBC. De concert avec des conseillers financiers, il a amélioré la répartition de l’actif des investisseurs et optimisé la constitution des portefeuilles. Il a commencé sa carrière à titre de spécialiste des solutions gérées et du soutien aux ventes, à Placements CI. M. White est titulaire d’un baccalauréat en éducation de l’Université McGill et détient le titre de gestionnaire de placements agréé.