Encore sous enquête…

Par La rédaction | 26 mai 2022 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Jean-François Amyot s’adonne-t-il à de nouvelles manipulations boursières? C’est ce que veulent déterminer la Gendarmerie royale du Canada, la Sûreté du Québec et l’Autorité des marchés financiers. L’homme qui a déjà écopé de 6,9 millions de dollars américains d’amende aux États-Unis et de 11,2 millions de dollars (M$) au Québec et de trois mois de prison pour s’être livré à du pump and dump est de nouveau sous enquête, rapporte La Presse.

Les autorités enquêtent sur lui depuis 2017. Cinq ans après, l’enquête est encore loin de toucher à sa fin, car les enquêteurs peinent à accéder à une partie de la preuve saisie. Ainsi, 252 courriels découverts à l’époque n’ont pas pu être consultés. Ces derniers proviennent d’un compte de messagerie appartenant Bruce Taub, ancien avocat de Jean-François Amyot.

Comme les communications entre un suspect et son représentant légal ne doivent pas être accessibles à la police au Canada, les enquêteurs n’ont pas encore pu lire le contenu desdits courriels. Toutefois, les autorités se doutent que le contenu pourrait être compromettant, d’autant plus que le même avocat aurait servi à Jean-François Amyot, selon les Pandora Papers, à enregistrer des sociétés aux îles Vierges britanniques et à Hong Kong.

Le nom de l’avocat apparaît également dans l’enquête sur les nouvelles manipulations boursières présumées. Le suspect réfère ainsi à des courriels dans lesquels il utiliserait une adresse reliée à Me Bruce Taub, selon les procureures Han-Catherine Morin et Isabelle Bouvier, dans une requête en Cour supérieure déposée le 13 avril.

Les procureures estiment que le suspect utilise cette adresse pour cacher ses méfaits derrière le privilège avocat-client, idée que Jean-François Amyot dément.

Les procureures ont demandé à la cour de permettre la consultation par les enquêteurs des 252 éléments, requête qui a été acceptée, puisque le 20 mai, un juge a entériné un protocole spécial pour les examiner.

UNE ENTREPRISE ÉTRANGE

La Gendarmerie royale du Canada, quant à elle, s’intéresse à l’entreprise Inolife, qui a été inscrite sur le marché des « Pink Sheets », les actions qui se transigent souvent pour moins de 1 $ US. La société a été rachetée en 2016 par un groupe d’hommes d’affaires québécois contrôle par Jean-François Amyot, selon les autorités.

La société aurait alors été au centre d’un système criminel selon l’enquêtrice de la police fédérale Isabelle Pinard en juin 2020, lors d’une audition pour conserver la preuve perquisitionnée.

En 2018, Inolife est devenue Bitcoin Generation, une société qui se consacre au minage et à l’échange de monnaies numériques. La société disait alors posséder des millions de « Bitcoin Generation tokens » et de « bitachons », des cryptomonnaies difficiles à évaluer puisqu’elles ne sont échangeables sur aucune plateforme.

La Securities and Exchange Commission (SEC) a finalement réglé la question, puisqu’elle a suspendu les opérations sur le titre, car elle était préoccupée par « les activités promotionnelles » de l’entreprise.

Jean-François Amyot de son côté nie les faits. S’il admet avoir été « consultant » pour le PDG d’Inolife jusqu’en 2017, il affirme que les hypothèses des enquêteurs sont fausses. Michael Wright, ledit PDG, s’aligne sur les dires du suspect.

Ce dernier reconnaît également avoir travaillé pour Bitcoin Generation, mais affirme encore n’avoir rien à se reprocher. Selon lui, la SEC a suspendu les échanges du titre de l’entreprise à la demande de l’AMF, qui enquêtait déjà sur lui et la société.

Il assure que depuis sa peine en 2017, il essaie de rebâtir sa vie professionnelle et rappelle qu’il va devoir payer une dette pour le reste de sa vie. Il assure toutefois ne plus rien avoir à se reprocher.