Estrie : la croissance minée par la pénurie de main-d’œuvre

Par La rédaction | 18 Décembre 2015 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Desjardins a publié mercredi un profil économique de l’Estrie mi-figue, mi-raisin. Si partout au Québec, les perspectives sont relativement meilleures pour 2016 qu’elles ne l’étaient pour 2015, la pénurie de main-d’œuvre qualifiée demeure un défi non négligeable pour la région.

À l’instar du Québec, la croissance économique de l’Estrie devrait être moins rapide en 2015 qu’en 2014, alors qu’une accélération est attendue en 2016. La progression du PIB de la région demeurera cependant moins vigoureuse que celle de la moyenne provinciale.

Le secteur manufacturier devrait bénéficier de l’accélération de l’économie américaine et de la baisse du huard. Les services profiteront quant à eux de la hausse du revenu personnel disponible. Le secteur forestier sera soutenu par l’amélioration du marché résidentiel américain.

Les filières des produits du caoutchouc et des produits métalliques ainsi que l’industrie du tourisme resteront vigoureuses. L’agrotourisme se développe continûment, les Cantons-de-l’Est mettant notamment l’emphase sur le développement du vélo gourmand.

PÉNURIE DE MAIN-D’ŒUVRE

La population de l’Estrie devrait augmenter de 3,4 %, ce qui sera moins rapide que lors des cinq années précédentes, alors que la cadence s’était élevée à 4,2 %. C’est l’apport de la migration qui continuera le plus à soutenir l’accroissement démographique de la région, l’immigration internationale prenant largement le dessus sur l’interrégionale. Sherbrooke se distingue avec l’augmentation la plus importante. En 2014, près de 51 % de la population estrienne était concentrée sur le territoire de la ville.

Quant au revenu personnel disponible, c’est la MRC du Haut-Saint-François qui a enregistré la plus forte progression, alors que la MRC de Coaticook a affiché la hausse la plus importante en ce qui a trait au taux de travailleurs.

Avec une population qui poursuit sa croissance, mais qui vieillit aussi plus rapidement, et une baisse accrue du nombre de personnes en âge de travailler, le défi d’attirer et de retenir la main-d’œuvre en sera un de premier plan pour la région. Les employeurs devront donc rivaliser d’ingéniosité pour soutenir l’expansion des entreprises et combler les départs à la retraite. Selon un inventaire effectué par Sherbrooke Innopole en 2014, 31 % des entreprises manufacturières et de la fabrication de pointe ont éprouvé de la difficulté à recruter des travailleurs.

DES INVESTISSEMENTS STABLES

Les investissements se maintiendront vraisemblablement en 2016 à des niveaux avoisinant la moyenne des cinq dernières années, soit aux alentours de 2,2 G$. Les investissements du secteur privé atteindraient 1,7 G$, soit près de 74 % du total, ce qui témoigne de la présence d’une communauté d’affaires active.

Plusieurs développements sont en cours, ce qui fortifie les économies locales. Depuis avril 2014, 13 projets d’entreprises ont été annoncés, pour un total de 8,3 M$, ce qui a permis l’ajout de 65 emplois et la consolidation de 100 autres.

La présence du fonds de diversification économique de la MRC des Sources permettra également la concrétisation de projets comme l’implantation d’une usine pharmaceutique à Asbestos. Le fonds d’aide à l’économie de Lac-Mégantic ainsi que diverses mesures mises en place pour stimuler l’entreprenariat soutiendront également l’économie locale.

UNE STRUCTURE ÉCONOMIQUE EN ÉVOLUTION

Les industries primaire et secondaire demeurent prépondérantes en Estrie et occupent en moyenne plus de travailleurs que dans l’ensemble du Québec. La structure économique de la région a cependant évolué depuis 1988, les secteurs primaires et tertiaires reculant au profit du secondaire.

Des investissements sont notamment en cours dans le secteur des pâtes et papiers ainsi que dans les produits du bois, dont Cascades, qui injectera 4 M$ à Kingsey Falls pour modifier les chaînes de production. Bestar accroîtra aussi sa productivité et son volume de production dans la filière des meubles prêts à assembler, ce qui créera 13 emplois. L’entreprise Supermétal produira 75 % des poutres d’acier de l’échangeur Turcot, ce qui consolidera 135 emplois sur une période de deux ans et demi et permettra la création de 15 emplois pour les soudeurs assembleurs.

Dans ce paysage, Sherbrooke fait cependant figure d’exception. La ville s’est en effet classée parmi les 21 métropoles les plus intelligentes à travers le monde en 2015, selon le classement d’Intelligent Community Forum. Dans les technologies de l’information, un plan d’action visant à concentrer les entreprises de cette industrie au centre-ville a été adopté en vue d’en faire une plaque tournante. Ce champ d’expertise regroupe déjà 1 600 travailleurs et une centaine d’entreprises.

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