Et si les marchés revenaient dix ans en arrière?

Par La rédaction | 15 mai 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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business man facing a wall

La valeur des actions ne cesse de monter. Bonne nouvelle, n’est-ce pas? Pas si simple, soutient Conor Sen, chroniqueur de Bloomberg.

Cette hausse risque d’avoir des effets sur certaines des décisions stratégiques des entreprises cotées en Bourse. L’économie s’en trouvera affectée et, bien sûr, les marchés.

LA FIN DES RACHATS D’ACTIONS?

Depuis quelques années, les entreprises utilisent les profits et l’endettement pour racheter leurs propres actions, ce qui contribue à la hausse du prix des actions sur les marchés financiers. Mais les valeurs records des actions atteintes récemment et le peu de volatilité rendent cette stratégie moins intéressante. Ces sociétés pourraient bien décider de plutôt consacrer leurs fonds à embaucher des travailleurs et investir dans leurs équipements.

Une prédiction qui rejoint celle, plus prudente, émise dans Les Echos en janvier dernier. Le quotidien économique français soutenait d’abord que les programmes de rachats d’actions devraient encore contribuer à la hausse des marchés en 2017, après quelques signes d’essoufflement en 2016. Ils avaient diminué de 28 % au troisième trimestre de 2016, selon FactSet.

Mais après la victoire de Donald Trump, le S&P Buyback, indice retraçant les 100 entreprises du S&P les plus portées sur le rachat d’actions, revenait à des niveaux records. En 2016, Apple en a racheté pour 31,1 milliards de dollars américains (42,6 G $CAN), GE pour 21,1 G $US (28,9 G $CAN) et Microsoft pour 14,4 G $US (19,7 G $CAN). Au-delà de 2017, toutefois, cette tendance pourrait s’étioler. Comme Conor Sen, la Bank of America-Merrill Lynch soutient que si les conditions de crédit et de profit des entreprises changent, ces dernières pourraient relancer leur politique d’investissement au détriment des rachats d’actions.

Or, en situation de quasi plein emploi, une telle approche risque d’accélérer la croissance économique, la montée des salaires et l’inflation. Tout cela pousserait les banques centrales à accélérer la remontée des taux d’intérêt. Combinées, l’augmentation plus rapide des salaires et la remontée des taux d’intérêt entameraient la marge de profit des entreprises.

VOYAGE VERS LE… PASSÉ

Bien sûr, les investisseurs qui ont acheté des actions apprécieraient la relance économique, mais le reste du scénario jouerait contre le prix des actions, croit Conor Sen. La diminution du rachat d’actions par les entreprises priverait les marchés de l’un de ses moteurs des dernières années. La hausse des salaires et les coûts plus élevés du service de la dette rogneraient les profits des entreprises.

Tout dépendant du niveau des taux d’intérêt et de la valeur des actions, les entreprises pourraient même préférer émettre des actions pour diminuer leur endettement, diluant d’autant la propriété des actions. Par ailleurs, si investir dans les salaires et l’équipement peut générer des ventes et des profits, cela augmente aussi le risque d’erreurs coûteuses, dont peuvent découler des pertes.

Bref, le portrait pourrait bien ressembler à celui d’avant la crise, avec de fortes croissances de l’économie, des salaires et de l’inflation. Plutôt que d’entrer dans une nouvelle ère, le marché des actions donnerait plutôt un sentiment de déjà vu, conclut le chroniqueur.

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