Être une femme dans l’industrie financière

Par Alizée Calza | 6 juin 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Christine Bouthillier, Christiane VanBolhuis, Monette Malewski et Chantal Denault.
Photo : James Wagner

Si l’on voit de plus en plus de femmes dans le milieu financier, celles-ci ont encore bien du chemin à faire pour être considérées de la même façon que leurs collègues masculins. Trois femmes de différentes générations ont partagé les défis auxquels elles font face dans cette industrie majoritairement masculine lors d’un panel donné dans le cadre de la conférence Femmes dans l’industrie financière présentée à Montréal, le 5 juin dernier.

Bien que des années les séparent, Chantal Denault, conseillère en sécurité financière et représentante en épargne collective à Services Financiers Chantal Denault, Monette Malewski, présidente et directrice générale du Groupe M Bacal, et Christiane VanBolhuis, conseillère en sécurité financière, en assurance et rentes collectives et planificatrice financière à Solutions financières Wallace & VanBolhuis, Financière Sun Life, ont embrassé leur carrière avec passion et un certain culot.

APPRENDRE À ACCEPTER NOTRE DIFFÉRENCE

« À l’époque, quand j’entrais dans les salles, il y avait très peu de femmes et tout le monde était habillé en gris, blanc ou noir. Moi, j’étais toujours en couleurs. Dans ce milieu, il faut oser et assumer qui nous sommes », affirme Monette Malewski, la plus âgée du panel.

Chantal Denault, qui a aussi travaillé dans les domaines juridique et agricole, connaît bien le fait d’être une femme évoluant dans des milieux masculins et rejoint Mme Malewski sur ce point. Elle-même avoue toujours devoir sortir de sa zone de confort pour faire ce qu’elle veut.

Pour Christiane VanBolhuis, ce n’est pas tant le fait d’être une femme que d’être jeune qui a été plus difficile à faire accepter à ses clients. « Quand j’ai commencé, je détonnais du profil typique du conseiller ou du planificateur financier », se souvient-elle.

Pourtant les trois femmes ont réussi à passer outre les préjugés en faisant preuve de professionnalisme et en montrant leur expertise dans leur domaine. « Si on monte une bonne pratique, qu’on apprend à travailler en équipe et qu’on fait un bon travail, c’est sûr que les gens vont finir par reconnaître notre valeur », déclare Monette Malewski.

« Être une femme n’est pas une maladie, plaisante Chantal Denault, il faut qu’on prenne notre place. »

DE NOMBREUX PRÉJUGÉS

Mais être différente n’est pas toujours évident, il faut savoir faire face aux préjugés ou à certaines remarques désobligeantes. Monette Malewski siège au conseil d’administration d’Investissement Québec. Si elle avoue avoir obtenu son premier mandat parce qu’un bon ami – l’ex-ministre Raymond Bachand – y travaillait, elle a toutefois obtenu les deux mandats suivants car elle a su faire ses preuves et montrer qu’elle avait sa place au CA. Pourtant, elle entend encore certaines personnes affirmer qu’elle y a siégé seulement grâce à ses relations.

« Ce n’est pas une remarque que l’on aurait faite à un homme, souligne-t-elle. Les gens semblent surpris quand une femme fait un bon coup, comme si elle en était incapable. »

Christiane VanBolhuis avoue également avoir noté certaines remarques désobligeantes. Elle se rappelle ainsi avoir entendu des hommes prétendre, lors d’un événement prestigieux, qu’une femme n’était là que parce qu’elle était belle.

Elle-même déplore ce type de commentaires que l’on ne ferait jamais à un collègue masculin. Selon elle, ces remarques nuisent à l’industrie et aux femmes surtout qu’elles sont nombreuses à souffrir du syndrome de l’imposteur et doutent qu’elles soient à la hauteur du poste qu’elles occupent.

DIFFICILE CONCILIATION TRAVAIL-FAMILLE

Être conseillère indépendante permet des horaires plus flexibles, mais il faut également être prêt à prendre des risques. Les trois femmes ont pourtant choisi cette voie. Christiane VanBolhuis avoue que cela n’a pas toujours été facile, particulièrement lors de son congé maternité. « Le sentiment de culpabilité m’habitait parce que je ne pouvais pas être autant avec mon enfant que je le voulais, explique-t-elle. Mais en même temps quand il y a une activité spéciale à la garderie, je suis là parce que j’en ai la possibilité. »

Monette Malewski met en avant le fait que dans la vie, il y a des hauts et des bas. Une femme doit être gestionnaire dans sa carrière, mais aussi dans sa vie personnelle. Selon elle, il faut pouvoir déterminer quel est le meilleur moment pour réaliser chaque tâche et savoir faire preuve de patience. « On ne peut pas tout faire en même temps. Aujourd’hui, j’ai beaucoup de temps pour faire des choses que je ne pouvais pas faire étant jeune », affirme-t-elle.

De son côté, Chantal Denault a décidé de ne pas assister à trop de 5 à 7. Pour faire du réseautage, elle-même préfère s’impliquer dans sa communauté. Cela lui permet de suivre ses quatre enfants dans leurs activités tout en rencontrant de nouvelles personnes et donc des clients potentiels.

« L’équilibre parfait n’existe pas, car la vie n’est pas statique. Il faut apprivoiser le concept de It’s good enough et savoir bien s’entourer », conclut Christiane VanBolhuis.

Alizée Calza Alizee Calza

Alizée Calza

Alizée Calza est rédactrice en chef adjointe pour Conseiller.ca et pour Finance et Investissement.