Europe : le jeu en vaut-il la chandelle?

Par Anaïs Chabot | 27 mai 2014 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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On parle souvent des bonnes occasions qu’on peut retrouver sur les marchés émergents. Mais qu’en est-il de l’Europe? La crise, qui y a frappé très fort, est-elle vraiment chose du passé?

Selon les experts de la firme suisse Unigestion, qui ont rencontré les médias la semaine dernière à Montréal, on trouve des possibilités fort intéressantes de l’autre côté de l’Atlantique, qui permettraient aux investisseurs nord-américains de se diversifier. Mais que faut-il favoriser?

Le marché des actions européennes est tributaire des décisions que prendra la Banque centrale européenne (BCE), selon Alexei Jourovski, directeur général et responsable Actions à Unigestion. « Que fera la BCE? Si elle introduit un stimulus agressif, il y aura un léger redressement du marché des actions et certains produits seront favorisés. Mais si le marché est déçu par la BCE, les conséquences seront négatives. » Une seule chose est certaine selon lui : la volatilité, qui est actuellement faible sur les marchés européens, augmentera au cours des prochains mois.

De bonnes occasions du côté des placements privés

Pour les investisseurs nord-américains, placer ses billes en Europe permet de se diversifier, notamment grâce à l’exposition à différentes monnaies (livre, euro, couronne suédoise, etc.), croit Christophe de Dardel, directeur exécutif et responsable Mandats d’investissements à Unigestion. Et pourquoi investir en Europe? Pour le rendement, selon lui, et pour l’apport de valeur au portefeuille. « Il y a des possibilités de jouer la reprise, de jouer des choses qui sont impossibles en Amérique du Nord. »

Les experts d’Unigestion proposent cet exemple de portefeuille de placements privés :

Source : Unigestion

Ils suggèrent donc cette répartition d’actifs :

Nombre de fonds par pays:
Paneuropéens 5
Royaume Uni 3
Scandinavie 4
Europe centrale et de l’est 1
France 1
Espagne 1
Benelux 1
Allemagne / Autriche / Suisse 1
Total 17
Nombre de fonds par type d’investissement:
Primaires 12
Secondaires 5
Total 17


Viser le sud…

Selon M. de Dardel, les marchés du nord de l’Europe sont saturés, mais mûrs et solides. En Suède, par exemple, l’économie est forte et les occasions y sont de qualité, mais il y a beaucoup de joueurs et le marché est cher. L’occasion la plus intéressante actuellement? L’Europe du Sud, et surtout l’Espagne, puisque la reprise y est rapide. Ce marché a été déserté, il est peu cher et la croissance est de retour. « S’il y a reprise, ça peut avoir un effet important sur les rendements », ajoute sa collègue Fiona Frick, PDG d’Unigestion.

L’industrie du textile est l’une des plus intéressantes en Espagne et au Portugal. À cause de la crise, qui a durement frappé ces deux pays, et compte tenu des taux de chômage élevés qui y ont été enregistrés, les salaires y sont désormais compétitifs pour ces entreprises. Plusieurs compagnies de textile, dont l’espagnole Zara, ont donc décidé d’y produire leurs vêtements plutôt que d’ouvrir de nouvelles usines en Asie, ont expliqué les experts d’Unigestion.

… et l’est

L’est de l’Europe regorge également de possibilités, selon l’expert. « Mais plus on va à l’est, plus on prend des risques. Les rendements ne justifient pas les risques, mais de bonnes affaires attendent celui qui reste sélectif », nuance-t-il. Les marchés à surveiller? Ceux de la République tchèque, de la Slovaquie et la Pologne.

Par exemple, le constructeur automobile tchèque Škoda, appartenant depuis le début des années 1990 au groupe Volkswagen, est l’une des occasions intéressantes en Europe de l’Est, selon les experts d’Unigestion. Ses voitures, calquées sur celle de son propriétaire, sont moins coûteuses, et la compagnie fait de meilleurs profits, année après année.

Anaïs Chabot