FERR : des changements s’imposent

Par Ronald McKenzie | 29 janvier 2010 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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« Débarrassez-vous donc des retraits minimums exigés au titre des FERR et laissez les gens retirer leur argent au gré de leurs besoins, quel que soit leur âge. » Voilà l’un des trois conseils qu’adresse le chroniqueur Steven Kelman, de Morningstar Canada, au ministre canadien des Finances, Jim Flaherty.

En effet, Steven Kelman tient à dénoncer les « iniquités » des REER et des FERR par rapport aux régimes de retraite. Selon lui, les détenteurs de REER et de FERR sont pénalisés à plusieurs points de vue, notamment en ce qui a trait à la protection des actifs.

Il donne l’exemple d’une personne qui participe à un régime de retraite, qui perd son emploi et qui ne peut pas payer ses factures de cartes de crédit. Même si le tribunal se prononce en faveur de l’un de ses créanciers, celui-ci ne peut pas s’en prendre aux actifs de retraite de cette personne. Par contre, si celle-ci avait des fonds communs ou des dépôts à terme dans son REER, le créancier pourrait les saisir, sauf en cas de faillite.

Steven Kelman s’en prend aussi au mécanisme du retrait obligatoire d’un FEER. Un épargnant qui transforme son REER en FERR lorsqu’il atteint l’âge limite de 71 ans doit retirer 7,38 % de la valeur du compte avant la fin de l’année suivante. Ce revenu est imposable. Le pourcentage augmente chaque année, jusqu’à ce que les retraits atteignent 20 % à partir de l’âge de 94 ans. « Sans l’ombre d’un doute, les gens dont la famille a une tradition de longévité devraient s’inquiéter de l’épuisement de leurs fonds », dit-il.

Certes, le détenteur d’un FERR peut utiliser l’âge de son conjoint, si celui-ci est plus jeune, pour réduire le pourcentage du retrait obligatoire. Mais l’exercice est fastidieux et inutilement alambiqué. L’État devrait plutôt abandonner de cette formule et « laisser les gens prendre l’argent quand ils en ont besoin », lance Steven Kelman. Le gouvernement finira bien par imposer cet argent, que ce soit lors d’un retrait ou au décès du dernier conjoint. « Le manque à gagner pour le gouvernement ne devrait donc pas être massif. De plus, la plupart des gens continueront à retirer de l’argent de leur FERR parce qu’ils en ont besoin », indique le chroniqueur.

Le deuxième conseil de Steven Kelman : abolir la limite d’âge de 71 ans pour cotiser à un REER. Cela tient du gros bon sens, tout simplement. En effet, si quelqu’un travaille encore après 71 ans et économise de l’argent, « il relève de l’intérêt public qu’il laisse s’accumuler son épargne-retraite en bénéficiant pour cela d’une aide fiscale ». On aidera cette personne à devenir autosuffisante.

En troisième lieu, Ottawa et les provinces devraient travailler «en coopération» afin d’aider les chômeurs qui arrivent au bout de leur assurance-emploi et qui doivent demander des prestations d’aide sociale. Selon les règles actuelles, ces personnes en difficulté sont tenues de liquider leur REER, leur maison, leur voiture et leur compte bancaire avant d’être admissibles l’aide sociale. Voilà une exigence qui a pour effet de torpiller la retraite de milliers d’individus.

« En apportant aux gens une aide financière tout en leur permettant de conserver leurs économies de retraite, le gouvernement n’aura pas à s’occuper d’un nombre énorme de personnes âgées au-dessous du seuil de la pauvreté », conclut Steven Kelman.

Ronald McKenzie