Finances : les médias créent des « star-systèmes »

5 août 2010 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Red carpet to the stairs lined with gold stanchions on a white background

Les médias influencent l’évolution de l’économie et des marchés financiers, écrit William André Nadeau, gestionnaire de portefeuille et fondateur du cabinet Orientation Finance.

Investir n’est pas qu’une activité économique. Elle a aussi ses dimensions sociales et culturelles. Placer son argent à la Bourse ne se réduit pas à l’acte d’acheter et de vendre des actions, ou à l’étude des rapports annuels et des graphiques. Nous gérons notre portefeuille et nous prenons nos décisions de placement grâce au contact avec les autres, et dans un contexte d’interaction sociale qui s’est passablement modifié depuis 10 ans.

La pénétration de l’Internet et d’émissions de télévision consacrées au placement ne sont que quelques exemples des changements auxquels les investisseurs ont assisté ces dernières années.

Une des manifestations les plus visibles de ces mutations réside dans ce que j’appelle le « star-système ». Des investisseurs professionnels comme Warren Buffett, Nouriel Roubini et Robert Pretcher sont devenus, grâce aux médias, des vedettes et des modèles de référence. Nous buvons leurs paroles comme le font les adolescents devant les vedettes du spectacle ou du cinéma.

La plus grande erreur serait de penser que les médias électroniques ne sont qu’une simple courroie de transmission de l’information corporative vers les investisseurs, ou le fidèle miroir de ce qui se passe sur les marchés financiers. Les médias et leurs journalistes façonnent beaucoup plus la réalité financière qu’il ne la reflète. La concurrence féroce qu’ils se livrent pour s’accaparer les parts de l’auditoire n’aide en rien leur travail d’analyse et de compte rendu objectif de la réalité.

C’est la raison pour laquelle les avis des analystes financiers sont autant sollicités par les journalistes. Ils sont là pour aider le lecteur à se faire une idée sur la valeur de la compagnie en termes de placement.

Dans ce nouveau contexte, la presse sportive ou artistique n’a pas plus le monopole du sensationnalisme. Il faut relire les nouvelles économiques de 2008 ou revoir les bulletins télévisés de la même période pour se rendre compte jusqu’à quel point les médias ont participé, sans s’en rendre compte, à la panique entourant les entreprises financières. En 2010, les médias ressortent toutes information concernant la possibilité d’une reprise économique en forme de W, à un point où les consommateurs sont incités à la grande prudence. Mais ce qui est vrai en période de marché baissier l’est tout autant en période d’euphorie boursière .

Autant les médias peuvent gonfler artificiellement le cours des actions de certaines compagnies, autant ils peuvent contribuer à en accélérer la chute sans raison valable. On tire d’abord, et on pose des questions ensuite. Évidemment, l’investisseur qui comprend bien cette logique médiatique peut profiter d’excellentes aubaines sur le marché. C’est toujours ça de pris.

Comment interprétez-vous le rôle des médias dans l’économie et les marchés financiers ?

Le contenu de cette chronique a été gracieusement fourni par le cabinet Orientation Finance.