Gare aux « capitaux en péril »

Par Nicolas Ritoux | 29 juin 2020 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : alphaspirit / 123RF

Les entreprises qui s’appuient sur les marchés pour traverser la crise présentent trop de risque pour les investisseurs, croit John P. Goetz, cochef des placements de Pzena Investment Management. 

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« L’incertitude actuelle tourne autour du degré de récession dans lequel l’économie s’est engagée : va-t-on perdre 10 % ou 4 % du PIB? C’est une situation que l’on n’a pas vécue depuis des décennies. La volatilité, en d’autres termes la peur, atteint des niveaux jamais vus depuis la Grande Dépression. Et avec raison, car on n’a pas observé un tel choc pour l’économie mondiale depuis cette époque », observe John P. Goetz.

Qui dit crise dit occasion, mais selon l’expert, il est important de distinguer la volatilité du prix d’un titre et le risque de voir l’entreprise perdre de la valeur après avoir mis ses « capitaux en péril » (capital impairment).

« Les entreprises des secteurs liés aux voyages ont été durement touchées et plusieurs sont allées dans les marchés d’actions et d’obligations pour obtenir de nouveaux capitaux. Mais ces capitaux sont mis en péril de façon permanente, pendant que de nouveaux joueurs se préparent à les remplacer. Nous faisons très attention à ce que les entreprises que nous choisissons aient les capacités et les liquidités nécessaires pour survivre à un choc économique majeur », dit John P. Goetz.

Il faut aussi présumer que la crise pourrait encore durer longtemps, ajoute-t-il.

« Plusieurs économies sont en processus de réouverture, mais nous ne faisons aucune prévision quant à la durée des mesures de distanciation sociale. Nous basons simplement notre analyse de chaque entreprise sur la façon dont elle pourrait se comporter face au pire scénario, qu’il s’agisse d’un prolongement du confinement ou d’une seconde vague d’infections. C’est maintenant un élément essentiel de la gestion du risque dans nos portefeuilles de par le monde », explique John P. Goetz.

ENTREPRISES DE PRÉDILECTION

L’expert cite des compagnies qui, selon lui, ont les reins assez solides pour faire face au pire et en ressortir gagnantes. La première : la géante pétrochimique allemande BASF, très active entre autres dans la fabrication de pièces automobiles.

« BASF a été durement touchée par la baisse de la demande dès la fin 2019, lorsque l’industrie automobile chinoise a connu un ralentissement. Ses activités étaient donc déjà au ralenti quand le coronavirus est arrivé et celui-ci lui a porté un coup supplémentaire. Mais sa position de chef de file, sa stratégie de prix bas et ses états financiers très solides nous laissent penser qu’elle va gagner des parts de marché au sortir de la crise », dit John P. Goetz.

Son autre favorite est aussi allemande : Volkswagen, qui a elle aussi l’envergure et les états financiers nécessaires pour traverser la crise, explique-t-il.

« On a vu plusieurs constructeurs automobiles réclamer l’aide des gouvernements. En tant qu’investisseurs, il faut s’assurer de ne pas se retrouver avec un actionnariat majoritairement détenu par les autorités publiques. Volkswagen, pour sa part, est extrêmement bien positionnée avec ses avancées dans le domaine électrique, qui représente l’avenir de la demande. Nous pensons qu’elle est l’exemple typique d’une entreprise sous-évaluée en position de chef de file. »

Ce texte fait partie du programme Gestionnaires en direct, présenté par CIBC. Il a été écrit sans l’intervention du commanditaire.

Nicholas Ritoux

Nicolas Ritoux

Nicolas Ritoux est journaliste indépendant. Il collabore à Conseiller.ca depuis 2009.