Générer un rendement de 3 % pourrait être un défi

Par La rédaction | 26 juin 2018 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Cette année, les investisseurs devront composer avec une remontée graduelle des taux d’intérêt et une baisse de la valeur des obligations en portefeuille et, dans ces conditions, générer un rendement total de 3 % pourrait être un défi, selon Desjardins Gestion de patrimoine.

Dans le dernier numéro de la revue du Mouvement Le Trimestriel, Michel Doucet, vice-président et gestionnaire de portefeuille et Jean-René Ouellet, gestionnaire de portefeuille, soulignent en effet que « la stratégie d’investissement est confrontée à des forces opposées ».

Concrètement, ils estiment que la principale force de convergence est « la perspective que l’économie mondiale soit entraînée par le dynamisme économique mondial et l’expansionnisme budgétaire américain et s’accélère au rythme de 3,9 % en 2018-2019 ». De leur côté, les grandes forces de divergence sont « l’ajustement du degré de détente monétaire pour garder l’économie à son potentiel et l’inflation alignée autour de 2 % et le potentiel d’instabilité commercial causé par des politiques de repli sur soi ».

LES PRÉVISIONS POUR UN PORTEFEUILLE ÉQUILIBRÉ

Tous ces aléas « obligent les investisseurs à envisager la fin du cycle et à composer avec la volatilité » et incitent les deux analystes à leur conseiller de concentrer leur énergie sur le suivi du cycle économique et l’analyse des indicateurs avancés, qui peuvent influencer les perspectives à court et moyen terme.

Sur un horizon de trois à six mois, Michel Doucet et Jean-René Ouellet jugent que la répartition tactique pour un portefeuille au profil équilibré (encaisse 5 %, revenu fixe 35 %, actions 50 % et placements non traditionnels 10 %), avec une tolérance au risque de l’investisseur moyenne, se décompose ainsi : 5 % d’encaisse, 25 % d’obligations, 60 % d’actions et 10 % de placements non traditionnels.

Sur une période de 12 à 18 mois, ils estiment que la répartition stratégique pour un portefeuille équilibré est la suivante : 10 % d’encaisse, 30 % d’obligations, 50 % d’actions et 10 % de placements non traditionnels. Toutefois, nuancent-ils, « lorsque les indicateurs avancés commenceront à clignoter au rouge, il faudra commencer à sous-pondérer les actions et les obligations de sociétés, dont celles à haut rendement, et à surpondérer l’encaisse, dont les obligations à taux flottants émises par des gouvernements, les obligations gouvernementales et la durée en portefeuille ».

DES OCCASIONS À SAISIR… ET BEAUCOUP D’INCERTITUDES

Leur diagnostic? « Générer un rendement total de 3 % pourrait être un défi en 2018 », car il faudra composer avec une remontée graduelle des taux d’intérêt et une baisse de la valeur des obligations en portefeuille. Globalement, si le contexte économique et financier est propice à une appréciation d’environ 5 à 6 % des principales Bourses, rien n’est certain pour le marché obligataire qui pourrait terminer l’année dans le rouge, ajoutent les deux analystes. Outre les catégories d’actif, il sera nécessaire d’optimiser la répartition entre les pays, les secteurs et les styles, mais aussi la stratégie de change, soulignent-ils.

Michel Doucet et Jean-René Ouellet préviennent également que « la volatilité fera partie intégrante du cycle d’ici sa fin ». Résultat : la seconde moitié de l’année s’annonce « riche en occasions à saisir et en possibilités d’investissement, mais aussi en incertitudes et poussées d’angoisse ». Seule chose certaine, d’après eux, « l’inertie n’est pas une option viable pour l’investisseur cherchant à atteindre sa cible de rendement à long terme, surtout avec des politiques monétaires et des marchés obligataires empruntant le chemin de la normalisation ».

Sur un horizon de trois à six mois, les deux analystes suggèrent que la répartition tactique pour un portefeuille au profil équilibré (toujours avec un niveau moyen de tolérance au risque de l’investisseur) pourrait être de 5 % d’encaisse, 25 % d’obligations, 60 % d’actions et 10 % de placements non traditionnels. Enfin, sur une période de 12 à 18 mois, la répartition stratégique pour un tel portefeuille pourrait être de 10 % d’encaisse, 30 % d’obligations, 50 % d’actions et 10 % de placements non traditionnels.

SOUS-PONDÉRATION DU MARCHÉ CANADIEN

En ce qui concerne les États-Unis, Desjardins rappelle que, globalement, « la toile de fond cyclique est favorable aux actions et aux dollars et défavorable aux obligations ». Notant que le Dow Jones pourrait s’approcher du seuil de 30 000 points, les analystes du Mouvement prévoient que cela favorisera une surpondération des technologies et des titres sensibles aux taux d’intérêt, ainsi qu’une sous-pondération des titres de ressources et de consommation. Leur recommandation? Dans un portefeuille adéquatement diversifié, il conviendrait de surpondérer les actions américaines à la hauteur de 43 % (cible 37 %).

Du côté du Canada, la situation économique semble a priori favorable aux actions et au dollar, mais défavorable aux obligations, avec néanmoins en toile de fond la possibilité d’une guerre commerciale avec les États-Unis, ce qui pourrait bouleverser la donne. Ainsi, « un résultat négatif découlant de l’ALENA pourrait ramener le TSX à près de 14 000 » et, pour tenir compte d’un tel scénario, qui a 30 % de chances de se produire, selon les analystes, ces derniers conseillent une sous-pondération du marché canadien. Leur recommandation? Surpondérer les industriels, les technologies et les titres sensibles aux taux d’intérêt et sous-pondérer la consommation et les ressources. Dans un portefeuille adéquatement diversifié, ajoutent-ils, il conviendrait de sous-pondérer les actions canadiennes à la hauteur de 35 % (cible : 37 %).

Enfin, pour ce qui est du Vieux Continent, Desjardins juge que l’économie de la zone euro se trouve « à trois ou quatre ans derrière celle des États- Unis dans ce cycle » et que l’Allemagne restera « la principale locomotive de croissance dans la zone, appuyée par les pays en périphérie dont les perspectives s’améliorent ». Dans ce contexte, notent les analystes, « les perspectives à court terme sont défavorables aux actions, aux obligations et aux devises », tandis qu’« à moyen terme, elles sont favorables aux actions et aux devises, mais défavorables aux obligations ». Leur recommandation? Dans un portefeuille adéquatement diversifié, il convient d’opter pour une sous-pondération tactique des actions européennes à la hauteur de 8 % (cible 10 %).

RENDEMENTS DES ACTIONS ET DES OBLIGATIONS

Selon MRB Partners, cité dans l’étude de Desjardins, les investisseurs peuvent s’attendre à un rendement annuel réel de 3,6 % (5,5 % nominal) pour un portefeuille d’actions mondiales sur un horizon de 10 ans. Plus spécifiquement, les pays industrialisés devraient dégager un rendement réel total anticipé de 3,3 % (Canada : 4,8 %) et de 5,1 % pour les marchés émergents. De même, les investisseurs peuvent espérer un rendement annuel réel de 0,9 % d’un portefeuille d’obligations canadiennes (toujours sur un horizon de 10 ans) et de 1,5 % pour un portefeuille d’obligations américaines. Au Canada, le taux des obligations fédérales de 10 ans se situera à 4,28 % en 2028, tandis qu’aux États-Unis, les Treasuries de 10 ans se hisseront jusqu’à 4 %.

Enfin, toujours d’après les prévisions de MRB Partners, un investisseur canadien au profil équilibré est en droit d’escompter un rendement nominal de 4,5 % (2,5 % réels) sur une décennie. Le rendement nominal anticipé pour un profil conservateur est de 4,4 % (2,2 % réels) et de 5,2 % (3,2 %) pour un profil croissance. « En fonction de son profil d’investissement, l’espérance de rendement pour un investisseur canadien va de 4,4 % à 5,2 % » sur cette période, conclut la firme.

La rédaction